DEMAIN
Le vent demain lèvera mes ombres ;
le poisson arrondira ses lèvres blanches sur mon nom ;
la voix du feu secondera la mienne et le fil n’aura jamais
été plus tendu ni plus musical.
Demain.
L’eau, la première, la très noire, dans ses gestes lavera
le souffle qui ne m’appartient plus,
la bouche que je n’ouvrirai pas sinon pour entrer dans
la tendre mort — et vous aurez tenu mes mains dans les
vôtres —
Ah, demain, seulement demain ;
il faut pour l’heure s’efforcer de ne pas défaillir à tâcher
de pénétrer dans l’aiguille par sa pointe.
Oiseau violet emplumé
Une eau sur la grande main du songe, l'aboie-
ment derrière les arbres ; noire, nuit noire et la rose
déplie ses feux.
Une parole bientôt achevée ; le champ, l'odeur
des lilas, la muraille battue d'un vent contraire.
Nulle image, ombre des grands fonds, passe
de la pitié.
Je suis parti, mes os font un poids léger sur
la neige.
Je vous devine mal
sous tant de brumes
à peine vous entends-je
voix du repos
l'ombre à nous vient trop vite
et c'est bien mal
tenter de vous connaître
sous mes paupières
qu'un faible cri tressaille
je nais soudain
vous me nommez d'un nom
cent fois perdu
Les roses eurent un flamboiement secret …
Les roses eurent un flamboiement secret près des cèdres
– nous vous regardions mourir ; l’automne allait venir avec
les grands orages, les vols d’oiseaux transparents, la voix
des chiens à l’abandon, les villes au nord où longtemps avant
l’aube grondent les navires. Tu vas naître, j’entends les huées
des mouettes au-delà des maisons mouillées.