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Critique de EManzoni


Relecture de Koyré, du Monde clos à l'univers infini. Un livre formidable pour plonger dans ces siècles, 16ème et 17ème, où science et philosophie étaient "si étroitement entremêlées et liées ensemble, que, séparées, elles deviennent incompréhensibles." Moment de bascule de la pensée qui conduisit à une révolution spirituelle (prélude aux révolutions politiques du siècle suivant) "une révolution spirituelle très profonde, révolution qui modifia les fondements et les cadres mêmes de notre pensée, et dont la science moderne est à la fois la racine et le fruit". Lire les dialogues intérieurs de Kepler avec Giordano Bruno, la correspondance de More avec Descartes, la bataille théorique de Leibnitz avec Newton et se retrouver au coeur des "disputes" qui ont permis "la destruction du Cosmos et l'infinitisation de l'univers", "le divorce total entre le monde des valeurs et le monde des faits", et revivre ce travail de la pensée qui se déploie dans le monde et qui le déploie dans le même mouvement. Sans technologie ou très sommaire. Par la puissance de la géométrie et des mathématiques. Par la puissance de l'imagination et par cette impossibilité de "désimaginer" (c'est de toute beauté, cette idée). Comme une force indépendante, an-humaine, qui irriguerait la vie, toute vie. le livre de Koyré est écrit en 1957. La deuxième moitié du 20ème siècle réserve un autre renversement qui valide son approche épistémologique. Celui d'un retour du vitalisme, de l'immanence, de l'anti-spécisme. Un réveil pythagoricien et mystique. En réaction, à ce que laissait présager la conclusion du livre de Koyré, l'utilisation suprémaciste d'une science conduite par un rationalisme dur et débridé. "...le monde qui était décrit n'avait plus besoin de l'hypothèse Dieu. L'Univers infini de la Nouvelle Cosmologie, infini dans la Durée comme dans l'Etendue, dans lequel la matière éternelle, selon des lois éternelles et nécessaires, se meut sans fin et sans dessein dans l'espace éternel, avait hérité de tous les attributs ontologiques de la Divinité. Mais de ceux-ci seulement : quant aux autres, Dieu, en partant du Monde, les emporta avec Lui." Alexandre Koyré.
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