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Claude B. Levenson (Autre)
EAN : 9782080815064
373 pages
Flammarion (30/11/-1)
4.72/5   9 notes
Résumé :

De Caligari à Hitler : ce titre célèbre caractérise en un significatif raccourci la période la plus riche de l'histoire du septième art allemand. En 1919, Le Cabinet du Dr Caligari ouvrait, en effet, l'ère de l'" écran démoniaque " et en 1993 Hitler brisait net le sonore.

Entre ces deux dates l'expressionnisme témoigna des tourments de l'âme germanique tandis que le réalisme analysait une société en crise. Rarement le cinéma fut plus prof... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'ouvrage de Siegfried Kracauer est un incontournable pour qui s'intéresse aux débuts du cinéma, et en particulier au cinéma allemand des années vingt.
La période expressionniste, qui a vu le jour sous les traits du docteur Caligari, est née de la première guerre mondiale et du traité de Versailles qui a coupé du monde l'Allemagne, lui interdisant de bénéficier de la production cinématographique que les Français et l'Amérique lui offraient jusqu'alors.
Le contexte politique post conflit a également modelé les mouvements artistiques de l'époque dont le cinéma, et l'auteur nous décrit, à travers l'exemple des films produits entre 1919 et 1933, la psychologie du peuple allemand.
De la balbutiante république de Weimar à l'accession au pouvoir des nazis, on retrouve dans les films de l'époque tout ce qu'a pu ressentir la population de frustration, de peurs et d'espoir.
Les films cités sont tous reconnus aujourd'hui comme des chefs d'oeuvre et permettent de mieux comprendre une époque et de mieux cerner le mouvement expressionniste qui ne dura finalement que quelques années, de 1919 à 1924.
On retrouve, et parfois on découvre, au détour des pages de cet ouvrage des piliers de l'Histoire du cinéma et des productions qui illustrent parfaitement cette époque difficile. On y trouve des films qui, outre leur intérêt artistique, présentent un très grand intérêt documentaire, tel Berlin ou la symphonie de la grande ville qi n'offre que des images d'une ville qui s'éveille et qui vit.
On voit ensuite la production cinématographique de l'époque avec un oeil plus averti et avec un contexte bien plus complet.
A recommander aux cinéphiles
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Caligari, Mabuse, M le Maudit, Liliom, Metropolis...le cinéma expressionniste allemand , avec ses monstres dictatoriaux, ses fous psychopathes assoiffés de sang et de pouvoir annonçait déjà- même avant le coup d'état manqué de Hitler - une sorte d'attente angoissée du monstre historique qui allait mettre l'Europe à feu et à sang, faire des millions de morts, mettre en oeuvre la plus folle entreprise de génocide à grande échelle avec l'obéissance la plus zélée et aveugle qui soit.. y compris chez les peuples soumis et occupés...

L'essai de Kracauer, publié dès 1947 aux USA où ce critique cinématographique s'était exilé- et tardivement traduit en français pour L'Age d'Homme - fait flèche de tout bois -marxisme, psychanalyse, histoire, philosophie- pour expliquer à travers les images incroyablement abouties et révélatrices du cinéma expressionniste la réalité complexe de la mentalité allemande entre les deux guerres mondiales.
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Babelio ne prenant pas les photos, je vous indique à lire cette fiche sur mon forum Nota Bene, à l'adresse ci-dessous :

http://notabene.forumactif.com/le-cine-club-de-nota-bene-f87/de-caligari-a-hitler-siegfried-kracauer-t2489.htm

Merci. ;o)
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Là encore comme dans d’autres cas, l’objection se présente d’elle-méme : sans nul doute, pas plus les cinéastes que les publics allemands n’avaient conscience de ces paralléles. Néanmoins, ces parallèles existent, et le fait qu’ils soient passés inaperçus accroit davantage qu’il n’invalide leur signification. Moins un individu sait pourquoi il préfére tel sujet à tel autre, plus on est en droit d’affirmer que son choix a été déterminé par des puissantes impulsions au-delà de la dimension de la conscience. Toute tendance de cette sorte s’affirme dans les idées et les perceptions les plus reculées, de maniére à ce que celles-ci la reflètent obligatoirement, qu’il s’agisse de n’'importe quoi ou de ce qui semble étre apparemment dit. Tout en s’ occupant exclusivement d’amour et de crime dans la haute société, le film de (Curtis) Bernhardt trahit un état d’esprit favorisant les rebelles et accusant les autorités.
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En d’autres termes, la Nouvelle Objectivité marque un état de paralysie. Cynisme, résignation, désillusion : ces tendances naissent d’une mentalité peu encline à s’engager dans une quelconque direction. Le trait principal de ce nouveau réalisme est sa répugnance à poser des questions, à prendre parti. La réalité est dépeinte non pas de manière à ce que les faits livrent leurs implications, mais de facon à noyer toutes les implications dans un océan de faits, comme dans les Kulturfilme de l'Ufa. « Nous avons perdu le pouvoir de croire, confessait August Ruegg en 1926, et puisque les roues de la mécanique mondiale semblaient continuer à tourner en vertu de leur élan propre, nous nous sommes accoutumés à vivre sans croire et sans avoir de sentiment de responsabilité... On s’en tire soit avec élégance, soit avec dégoût, et que les autres fassent de même ». C’est là le langage d’un esprit paralysé.
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La deuxième tentative d’établir un schéma psychologique adéquat consistait a suggérer que toutes les souffrances découlant de la tyrannie ou du chaos devaient être endurées et surmontées dans un esprit d’amour chrétien. Cette suggestion parle d’elle-même, car elle implique qu’une métamorphose intérieure compte plus que toute transformation du monde extérieur justifiant ainsi l’aversion des classes moyennes pour tout changement politique et social. Il devient alors clair pourquoi, dans Nosferatu, seul l'amour de Nina réussit a vaincre le vampire, et pourquoi, dans Les Trois lumières, l'union de la jeune fille avec son amoureux dans l’au-delà, dépendent du sacrifice suprême de soi-même. C’était la solution de Dostoïevski. Ses œuvres éditées par Moeller van den Bruck, qui fournit aux nazis leur concept fondamental de « Troisième Reich » étaient alors si populaires dans les classes moyennes que leurs couvertures rouges ornaient chaque salon. Ce que James T. Farrel écrit a propos des Frères Karamazov s’applique également au courant émotionnel de l’Allemagne d’après-guerre : « La révolution ne produira que des catastrophes. L’homme doit souffrir. L’homme le plus noble est celui qui a souffert non seulement pour lui-même, mais pour tous ses semblables. Puisque le monde ne peut être changé, l’homme doit être changé par l’amour ».
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Dès 1920, un fragment des « Frères Karamazov » était porté à l’écran. Robert Wiene s’était concentré sur Crime et Châtiment ; son Raskolnikov, projeté en 1923, était interprété par un groupe d’acteurs du Théâtre d’Art de Moscou, qui s’étaient adaptés à des décors stylisés rappelant Caligari. Remarquables sont les scènes au cours desquelles Raskolnikov se livre a des autoaccusations fantaisistes devant le juge ; une toile d’araignée dans un coin du mur participe activement au « duel physionomique » entre le juge onctueux et le meurtrier délirant.
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Janowitz et Mayer savaient pourquoi ils étaient contre cet encadrement : il pervertissait, s’il ne renversait pas, leurs intentions intrinsèques. Alors que l'histoire originale exposait la folie inhérente à l'autorité, le Caligari de Wiene glorifiait l’autorité et convainquait son antagoniste de folie. Ainsi, un film révolutionnaire était transformé en une production conformiste selon le schéma usé jusqu'à la corde qui consiste a déclarer fou un individu normal, mais sujet à des troubles, et à l’envoyer dans un asile.
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Vidéo de Siegfried Kracauer
La notion de « flux de la vie » chez Kracauer : entre philosophie et théorie du film -
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