Je tiens à remercier Babelio et Presses Universitaires de de France pour cette lecture très intéressante.
Issue de la « génération Y » abordée par
Fabienne Kraemer, je me suis sentie concernée par « Solo/No Solo », et ne pense pas être la seule. Tous se penchent sur le sujet : presse, télévision, littérature, cinéma, internet… le couple 2.0 préoccupe et interpelle.
L'auteur ne se veut pas sociologue, mais en revisitant l'image du couple, non sans humour, elle nous propose un ouvrage très bien construit, argumenté et étayé d'exemples divers, toutes époques confondues. Une approche légère, mettant ainsi la sociologie à portée du néophyte.
Sans tomber dans le pathos social,
Fabienne Kraemer nous invite à revoir notre vision du couple, éculée par de nombreux facteurs, et plus particulièrement l'essor des nouvelles technologies. La démarche de l'auteur illustre d'ailleurs parfaitement ses propos, puisqu'elle a recueilli les témoignages sur lesquels elle s'appuie via Facebook. Nous sommes reliés les uns aux autres en permanence, mais nous ne nous rencontrons pas. On évoque sans cesse le marché du travail mais nous sommes désormais dans une logique du « marché de l'amour » où le couple « en CDD » fait partie de notre quotidien.
Tout se passe aujourd'hui par claviers interposés, y compris l'amour !
Et quel avenir pour cet amour ?
Plus libres, plus libérés, nos parents ont considérablement bouleversé les codes du couple, laissant à la génération Y la responsabilité d'en créer un nouveau modèle. C'en est fini du schéma traditionnel qui offraient des repères rassurants. Cellules familiales éclatées, familles monoparentales, recomposées, et l'on ne sait plus si la notion d'engagement doit rassurer ou effrayer.
Deux groupes se distinguent au sein de cette même génération. Les plus jeunes veulent croire qu'il est possible de relancer un idéal, et fondent plus rapidement leur propre foyer. Plus réticents, les trentenaires hésitent à s'investir, pèsent le pour et le contre, et façonnent leur union pas à pas. Devant l'éventualité de déménager leur vie pour la recommencer différemment, ils freinent des quatre fers. Tous semblent néanmoins s'accorder sur un point : être « solo » est une période de transition, car l'amour, le « vrai », a toujours la cote.
Optimiste,
Fabienne Kraemer dédramatise l'échec de la séparation en abordant l'épanouissement personnel revendiqué par tous. Hormis l'évolution des sentiments au sein du couple, la conjoncture actuelle induit de nombreux paramètres pouvant tout remettre en question : les aléas de la vie professionnelle, l'arrivée d'un premier enfant, la recherche et le maintien de la stabilité, la partage oui mais que, car il ne s'agit pas de s'oublier dès lors que l'on n'est plus « solo ».
Nombre d'idées paradoxales se bousculent dans cette nouvelle conception de la vie conjugale. Volonté d'indépendance, d'autonomie, multiplication des expériences… Toutes les libertés dont jouit la génération Y ne seraient-elles pas finalement des barrières ? En se donnant trop souvent le droit de choisir, certains ne passeraient-ils pas à côté de la bonne histoire ?
Après lecture de cet essai, il me semble difficile de prévoir l'évolution des relations amoureuses dans les décennies à venir. J'en retire toutefois une conclusion positive : plutôt que de se voir confier la responsabilité de redéfinir le couple, pourquoi ne pas y voir l'opportunité de le réinventer ?
« Solo/No Solo », prêts à construire pour durer ?