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EAN : 9782870278420
221 pages
Complexe (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
L’histoire des femmes s’est beaucoup développée en France ces dernières années. Mais l’histoire des rapports entre les sexes reste largement à faire. C’est sur ce nouveau chantier que ce livre se propose de travailler. Diverses et divers spécialistes d’histoire culturelle, de littérature, de théâtre et de cinéma tentent d’éclairer la façon dont la production culturelle qu’elle soit grand public ou élitiste, a contribué à construire un imaginaire collectif fortement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Déjà la couverture du livre est intéressante:
L'illustration est tirée de L'Assiette au beurre, magazine satirique illustré français paru de 1901 à 1936. On y voit un avocat posant sa main sur la poitrine d'une avocate et dire:
― Ça m'étonne que, malgré la fermeté de vos arguments, chère madame, votre client n'ait pas gagné!
Vous pensez que ce genre d'argument n'est plus en cours aujourd'hui?
Loin de là:
Il y a quelques jours, en plein conseil municipal, la Maire de Paimpol, Fanny Chappé a fait face aux propos sexistes du leader de l'opposition et ancien maire, Jean-Yves de Chaisemartin, qui n'a cessé de la rabaisser:
«J'ai le droit de parler, maîtresse?» ou encore «Je te parle comme je veux, ma cocotte!»
Cette vidéo est à voir sur @period.studio

Le but de ce livre, édité en 2001, est de montrer la dimension sexuée des productions culturelles: romans, films, pièces de théâtre… Les analyser permet de comprendre, au-delà de l'oeuvre elle-même:
* la place d'un/e auteure/e dans son époque et sa société
* les contradictions d'une société.
Jusqu'à la fin du 20ème siècle et encore très majoritairement aujourd'hui, notre société est masculine et donne encore la part belle aux hommes.
Rien de bizarre ou surnaturel là-dedans. La plupart des journalistes, des possesseurs de journaux, magazines, les producteurs d'émissions, sont des hommes. D'une part ils sont plus facilement attirés par des auteurs, d'autre part ils jugent à 80% du temps qu'un historien est plus sérieux qu'une historienne, qu'une histoire est plus "importante" quand elle vient d'un auteur que quand elle vient d'une auteure. Je m'appuie, pour vous dire ça, sur des écrits de Simone de Beauvoir, Virginia Woolf, Florence Montreynaud, ou encore Odile Krakovitch... Les lois égalitaires sont là, maintenant, ce sont les mentalités qu'il faut changer. Les femmes doivent être vigilantes, c'est à dire se poser toujours la question: qui me présente sa vision du monde, des humains, et comment?
Exemple: La Grande Librairie, émission télévisée, saison 2019-2020:
Nombre de livres présentés par les libraires: 114 dont:
21 auteures, soit 18%
et
93 auteurs, soit 82%

Les historiens (encore en TRÈS grande majorité, des hommes) racontent L Histoire. Et encore jusqu'à présent, la grande majorité des historiens n'ont pas conscience que l'histoire des hommes n'est pas universelle, puisqu'elle n'est que l'histoire de la moitié seulement des humains.

La politique, au sens large et étroit est importante puisqu'elle détermine lois et moeurs. La culture est importante puisqu'elle nous donne une vision de nous-mêmes: si toutes les histoires (romans, films, jeux vidéos...) montrent la femme faible et incapable c'est ainsi que les humains (hommes et femmes) se persuadent qu'elle est.
Il est donc important d'une part, qu'on commence à relire L Histoire et les histoires en pensant au genre: hommes et femmes. D'autre part, que les femmes prennent conscience que les histoires d'hommes imaginées écrites par des hommes ne sont pas les histoires des humains, pas les nôtres.

Dans ce livre, on apprend, au travers de l'histoire du théâtre, des romans, du cinéma, qu'au 20ème siècle en France, elle est à 95% entièrement masculine. Mais encore plus effrayant! ces histoires, cette politique, cette culture est misogyne. Mais à un point inimaginable!
Ce qui constitue en premier lieu la femme c'est le regard que posent les hommes sur elles. Et c'est le plus souvent par le regard et le discours des hommes que nous sont parvenus les documents sur lesquels travaille l'histoire des femmes.
Par exemple:
«Michelle Coquillat la relu la "grande" littérature française depuis le XVIIème siècle pour y déceler un schéma de la création construit sur l'exclusion des femmes. le créateur masculin, inspiré par Dieu puis assimilé à un démiurge (Personne qui crée quelque chose d'important comme un dieu crée le monde) depuis le romantisme, rival sur le plan intellectuel de la capacité procréatrice féminine, s'affirme supérieur à elle parce qu'autonome dans sa création et aspirant à l'immortalité, alors que les femmes-mères ne mettent au monde que des mortels. La création est ainsi devenue, dans la tradition littéraire française, une très brillante et très efficace machine de guerre contre l'égalité entre les sexes.»

Qu'apprend-on d'autre dans ce livre? Ceci:
«La culture d'élite est encore aujourd'hui, en France, l'objet privilégié des études académiques, en particulier celle qui relève d'un universel (masculin) qu'il serait indécent d'interroger en termes sexués, parce que ce serait faire peser un soupçon sur son universalité même, comme sur le caractère sacré de cette culture. Les oeuvres intronisées par la tradition comme faisant partie de notre patrimoine intellectuel et artistique sont des objets de culte qui méritent d'être disséqués à l'infini par des générations successives d'enseignants et d'étudiants, pour en apprécier les qualités esthétiques. Ce qui exclut à la fois qu'on puisse les étudier dans une perspective critique et qu'on puisse prendre pour objet d'étude les productions culturelles qui ne font pas partie du patrimoine.(…)
Car en France plus qu'ailleurs, la culture est "haute" ou n'est pas, sans doute à cause d'une tradition ancienne de connivence entre l'État et les créateurs, solidement établie dès la Renaissance et magnifiée avec le succès que l'on sait par le Roi Soleil. le siècle des Lumières et la Révolution ont certes constitué une rupture dans cette logique, mais le romantisme, en instituant la figure de l'artiste solitaire dans sa tour d'ivoire, a inventé une nouvelle forme d'élitisme proprement culturel, dont nous sommes les héritiers directs. Et avec cette nouvelle tradition s'est consolidée une représentation exclusivement masculine du créateur cependant que la femme est renvoyée à sa fonction biologique de reproductrice. D'un côté la transcendance et l'immortalité, de l'autre immanence, la contingence, la mort.»

Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La représentation des femmes dans le théâtre pendant la Grande Guerre a évolué avec le temps et le conflit.
« Tout d’abord symbole du patriotisme, du sacrifice à la nation, les femmes sont représentées courageuses et indépendantes. (…) Cette image, avec la guerre qui s’éternise et le désir des poilus de réintégrer leur foyer, avec celui des femmes de retrouver maris, fiancés, amants, va se dégrader, trop associé à la poursuite d’un conflit dont on ne voulait plus. À partir de 1816, la femme héroïque disparaît, ou pire, va être remplacée par des caricatures de femme forte et indépendante, représentée trop souvent désormais dans les rôles de traitresse ou de revendicatrice hargneuse et égoïste. Règne désormais sur les scènes la femme passive, soumise, violée dans les drames, objet sexuel dans les vaudevilles. (…)
Régression ? Oui. À première vue surprenante face à l’évolution des responsabilités des femmes dans les domaines civils et sociaux. À la réflexion, beaucoup moins, car il s’agissait pour les dramaturges et les censeurs de faire rentrer les épouses, mères, sœurs, filles à la maison. Le répertoire des dernières années de la guerre ne traite que de ce retour. "Les hommes sont faits pour combattre et conquérir, les femmes pour enfanter et materner."
Vision réactionnaire des rapports de sexes et de classes. Seules sont respectées les travailleuses qui confortent le rôle maternel et consolateur traditionnellement attribué aux femmes, telles les infirmières. Les ouvrières, en revanche, leur indispensable investissement dans l’économie, l’industrie, l’armement, l’administration et les secteurs de subsistance (…), sont l’objet des railleries les plus misogynes, les plus grossières.
La tradition bien française (depuis le XIXème siècle) de la grivoiserie (…) est systématiquement exploitée à partir de 1916 : elle favorise peut-être une certaine liberté sexuelle, mais toujours au prix de m’émancipation des femmes et de l’égalité des sexes. (…)
Les avancées sociales et culturelles conquises durant les années d’avant-guerre furent oubliées pour faire place, au nom du salut public, à une formidable réaction, évidente dans le répertoire théâtrale, qui pèsera lourd sur les années et les générations suivantes. »
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1934 : la ligue des droits de l’homme des Hautes-Pyrénées se demande si elle peut accepter des femmes parmi ses membres et prévoit de mettre prochainement la question à l’étude…
Les intellectuels, entre-deux-guerres se préoccupaient intensément de la chose politique (…) n’était-il pas urgent et nécessaire de bâtir un ordre nouveau ? Communiste, fasciste, ni l’un ni l’autre, mais nouveau, résolument nouveau. (…)
Efficace alibi, dans son évidence immédiate, que celui de l’actualité planétaire.
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Pour développer leurs conceptions politiques et surtout du politique, les intellectuels utilisent la fiction : le roman.
« Si leur représentation romanesque du politique perpétue l’exclusion des femmes dans ce champ d’activité, c’est en toute ingénuité, et par ainsi dire par contrecoup : Le souci premier de ces romanciers est celui des hommes. Du masculin ; du masculin et du politique, terrain où un individu peut affirmer sa masculinité. »
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Le répertoire théâtrale est écrit à 99% par des hommes (…) Les directeurs, régisseurs, metteurs en scène, auteurs, critiques, tous ceux qui dirigent, créent, produisent, sont des hommes. (…) La réalité sociale du théâtre ne fait pas exception : les femmes sont des exécutantes, des actrices, rarement des créatrices, des dirigeantes.
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Dans les pièces de théâtre pendant la Grande Guerre, « le meurtre de l’ennemi, quand il est exécuté par un homme, est une action d’éclat récompensée comme telle, même s’il entraîne la mort du soldat, toujours un héros. Quand il est le fait d’une femme, il reste un meurtre, courageux certes, mais un meurtre tout de même. »
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Video de Odile Krakovitch (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Odile Krakovitch
ODILE KRAKOVITCH, Les femmes bagnardes. Entretien avec Bernard Baissat le 25 mai 1990.
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