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Jean Bottéro (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080812988
316 pages
Flammarion (26/10/1993)
4.11/5   57 notes
Résumé :
Il y a plus de trente ans, l'auteur de ce livre, savant de notoriété internationale, révélait au grand public la civilisation sumérienne, née en Mésopotamie, le sud de l'actuel Irak, voici quelque 5 000 ans.
Le miracle grec avait un précédent. Dès le troisième millénaire avant Jésus-Christ, les Sumériens avaient inventé l'écriture, fondé les premières Cités-Etats, formulé les premiers codes (de lois), donné leur première expression littéraire an Mythe et à l'... >Voir plus
Que lire après L'histoire commence à SumerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le titre de ce livre nous révèle une chose : l'Histoire commence seulement avec les premières traces de l'écrit. Comment s'appelle la période qui précède l'Histoire ? Nous ne le savons pas et à la limite, cela ne semble intéresser personne. S'il existait des civilisations avant ou simultanément à celle des Sumériens –et il en existait sûrement-, leur mérite serait moindre car elles ne nous ont pas légué, des millénaires plus tard, un témoignage étayé et plaisant comme celui-ci. Etayé à force d'efforts et de synergies de la part de Noah Samuel Kramer et de ses camarades ; plaisant car les documents retrouvés nous donneraient presque une preuve de l'intelligence innée de l'homme –à peine constitué en civilisation qu'il déploie déjà les vertus humaines de l'empathie, de la prévision, du courage, de l'éthique et de la morale. Mais ce témoignage pourrait aussi constituer une nouvelle déconvenue adressée à la fierté de l'homme moderne : non, nous n'avons rien inventé, et l'histoire n'est décidément qu'un éternel recommencement.


Samuel Noah Kramer nous présente brièvement les caractéristiques de Sumer. Cette région se situait en basse Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, bordée par le désert de Syrie à l'ouest et limitée par le Golfe persique au sud. L'histoire de cette civilisation a pu nous être proposée suite à la découverte d'un ensemble de plusieurs milliers de tablettes et fragments portant des oeuvres littéraires –on les appelle « tablettes de Nippur ». le travail de reconstitution et de traduction a été colossal et s'est établi sur plusieurs décennies. On ne peut pas exclure la possibilité d'une contamination idéologique et conceptuelle moderne mais le résultat de ces recherches laisse apercevoir les fondements d'une civilisation cohérente et originale sous certains aspects. Samuel Noah Kramer propose à son lecteur de découvrir l'histoire de Sumer en une trentaine de petits chapitres thématiques qui permettent de reconstituer l'ensemble des réalisations spirituelles et culturelles dans le domaine du gouvernement, de l'éducation, de la philosophie, de la religion, de la justice, de l'agriculture ou de la médecine.


Au-delà de la surprise que suscitent les similitudes qu'il est possible d'établir entre cette civilisation ancienne et la nôtre –que plus de cinq millénaires séparent-, il est très intéressant de comparer ces fragments avec nos mythes et religions. Outre la présentation détaillée de la cosmologie sumérienne, les traductions ont permis de trouver un prédécesseur à Job qui se lamentait déjà, 1000 ans avant lui :


« Moi, le sage, pourquoi suis-je lié à de jeunes ignorants ?
Moi, l'éclairé, pourquoi suis-je compté au nombre des ignorants ?
La nourriture est partout alentour,
Et pourtant ma nourriture est la faim.
Le jour où les parts ont été attribuées à tous,
Celle qui m'a été réservée, c'est la souffrance. »


Le poème mythique « Enki et Ninhursag » rappelle également les premiers chapitres de la Genèse et plus particulièrement le mythe de l'Eden. La création des eaux, la malédiction féminine, la faute commise en mangeant un fruit, se retrouvent aussi dans ce poème, énoncé en des termes qui ne peuvent pas faire penser au simple hasard. le mythe permettrait également de comprendre pourquoi, dans la Bible, Eve serait issue de la côte d'Adam. Enki souffrait de la côte (désignée par le phonème « ti » en sumérien) et pour le guérir, Ninti (la dame de la côte) fut créée.


On découvre également le nom du Noé sumérien avec Ziusudra, les premières lamentations liturgiques (Uruagina), les premières joutes verbales, des fables qui rappellent celles d'Esope mais aussi, et surtout, le mythe d'un âge héroïque qui permit d'élargir la connaissance de la civilisation sumérienne au-delà des témoignages écrits. Après avoir relevé une logique historique et culturelle propres aux mythes des âges héroïques grecs, hindous et germaniques, les assyriologues ont proposé par analogie une chronologie des étapes préliminaires à l'établissement de la civilisation sumérienne en postulant l'existence d'une civilisation pré-sumérienne irano-sémitique. Cette reconstitution pallie à une des lacunes les plus importantes de la civilisation sumérienne, telle qu'elle nous est parvenue à travers ses textes, car il semblerait en effet qu'elle n'ait jamais eu conscience d'elle-même en tant que civilisation et qu'elle n'ait jamais nourri les aspirations modernes de l'historiographie –sa cosmologie fondatrice lui suffisant pour justifier son existence.


« Il ne leur est jamais venu à l'esprit, par exemple, que la nature fondamentale du réel et de la connaissance que nous en avons pouvait soulever quelque problème ; c'est pourquoi ils n'ont pratiquement rien créé d'analogue à cette partie de la philosophie que l'on désigne communément de nos jours sous le nom d'épistémologie. Cependant, ils ont réfléchi et spéculé sur la nature de l'univers, sur son origine et plus encore sur son organisation et son mode de fonctionnement. »


La découverte de nouvelles tablettes viendra peut-être affiner et corriger notre vision de cette civilisation dans quelques années...

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Un bon ouvrage de vulgarisation sur les tous débuts de l'antiquité. Pour aborder une civilisation à la base d'à peu près tout.

"Le premier....." titres de chaque court chapitre nous emmène en politique, à l'école (et oui déjà), chez le pharmacien, parmi les premiers récits historiques, mythiques, poétiques et religieux.

Un ouvrage qui donne envie d'aller plus loin dans ces différents domaines.
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Un ouvrage de référence qui révéla l'importance de la civilisation sumérienne dans l'histoire du Moyen-Orient et de l'humanité tout entière. Un ouvrage clair et agréable.
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Un très bon livre pour aborder l'histoire de la civilisation sumérienne. le style n'est pas pompeux et se veut accessible.

La préface passée, on commence avec l'aspect éducatif et je trouve que c'est une bonne entrée en matière afin de raconter des anecdotes drôles voire invraisemblables. Parfois, on se dit que les choses n'ont pas bougé depuis...

Plus on avance, plus on découvre ce que fait une civilisation : de la santé à la justice, de l'éthique à la littérature... On est réellement emporté.

Le tout se termine avec une réelle mise en avant des liens avec l'Ancien Testament, les mythologies et surtout le fameux Gilgamesh. Cela reste une entrée en matière qui peut donner des idées de parcourir encore plus en détails la richesse des premières traces écrites de notre Histoire.
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Savant de notoriété internationale, Samuel Noah Kramer (1897-1990) a révélé au grand public la civilisation sumerienne, née voici quelque cinq mille ans en Mésopotamie, le sud de l'actuel Irak le miracle grec avait un précédent. Dès le Ille milIénaire avant Jesus-Christ, les Sumériens avaient inventé l'écriture, fondé les premières cités-Etats, formulé les premiers codes de lois, donné leur première expression littéraire au mythe et à l'épopée, avec un lyrisme qui annonce les plus beaux textes de l'Ancien Testament.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
[ Vie d'un écolier]

Réveille moi tôt le matin,
je ne dois pas être en retard, sinon mon maître me battra. ”
Quand je me suis réveillé le matin,
j’ai vu ma mère et je lui ai dit : “ donne-moi mon déjeuner, je veux aller à l’école ”.
Ma mère m’a donné deux gâteaux et je l’ai laissée.
Ma mère m’a donné deux gâteaux et je suis allé à l’école.
Dans la maison des tablettes, le moniteur m’a dit : “ pourquoi es-tu en retard ? ” J’étais effrayé, mon cœur battait vite.
Je suis entré avant mon maître et j’ai pris ma place.
Mon “ père d’école ” m’a lu ma tablette,
et il a dit : “ la [tablette] est cassée ”, il m’a battu. […]
Le maître qui dirige les études de l’école
a regardé dans la maison et dans la rue pour interpeller quelqu’un […], il m’a battu
Mon “ père d’école ” m’a apporté ma tablette.
Celui qui est responsable de la cour m’a dit : “ écris ”. […]
Celui qui est responsable de [la surveillance] m’a dit : “ pourquoi as-tu parlé quand je n’étais pas là ? ”, il m’a battu.
Celui qui est responsable de [l’écriture] m’a dit : “ pourquoi n’as-tu pas tenu la tête droite quand je n’étais pas là ? ”, il m’a battu.
Celui qui est responsable du dessin m’a dit : “ pourquoi t’es-tu levé quand je n’étais pas là ? ”, il m’a battu.
Celui qui est responsable de la porte m’a dit : “ pourquoi es-tu sorti quand je n’étais pas là ? ”, il m’a battu.
Celui qui est responsable de […] m’a dit : “ pourquoi as-tu pris […] quand je n’étais pas là ? ”, il m’a battu.
Celui qui est responsable du sumérien m’a dit : “ tu as bavardé ”, il m’a battu.
Mon maître m’a dit : “ ta main n’est pas correcte ”, il m’a battu.
J’ai négligé l’art du scribe, j’ai abandonné l’art du scribe. […]
Le père a prêté une grande attention à ce qu’a dit l’écolier.
On est allé chercher le maître à l’école.
Quand il est entré dans la maison, on l’a assis à la place d’honneur.
L’écolier a pris place en face de lui. […]
Le père a servi au maître […] un bon vin de datte,
il a fait couler de la bonne huile […] comme de l’eau,
il l’a habillé d’un nouveau vêtement, il lui a fait un cadeau, il lui a mis un ruban autour de sa main.
Le maître, de bon cœur, a fait un discours :
“ Jeune homme, puisque tu n’as pas négligé mes paroles, que tu ne les as pas ignorées,
puisses-tu atteindre les sommets de l’art du scribe, le terminer complètement.
Parce que tu m’as donné ce que tu n’étais pas obligé de me donner,
que tu m’as donné un cadeau en plus de mon salaire, que tu m’as manifesté un grand respect,
puisse Nisaba, la reine des déesses gardiennes, être ta divinité protectrice, qu’elle te donne sa faveur pour ta méthode de lecture,
qu’elle éloigne tous les démons de tes copies à la main. […]
Jeune homme, tu as un père, je suis un second père pour toi. […]
Tu as réussi tes études, tu es devenu un homme d’étude.
Nisaba, la reine de l’étude, tu as élevé [le savoir de ce jeune homme].

O Nisaba, louange à toi !
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J’ai voulu rassembler ici –pour le profane, l’humaniste et le lettré- quelques-uns des résultats les plus révélateurs de ces études réservées jusqu’ici aux publications scientifiques. […]
Ces essais cherchent surtout à reconstituer un ensemble des réalisations spirituelles et culturelles mises en œuvre par la civilisation la plus ancienne et l’une des plus fécondes de l’histoire. Tous les champs principaux de l’activité humaine sont représentés ici : gouvernement et politique, éducation et littérature, philosophie et morale, législation et justice, et même agriculture et médecine.
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Elle fixa son regard sur Inanna, un regard de mort,
Elle prononça une parole contre elle, une parole de colère,
Elle poussa un cri contre elle, un cri de damnation :
La faible Femme fut transformée en cadavre,
Et le cadavre fut suspendu à un clou.
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Quelles furent, par exemple, les premières idées morales et les premières conceptions religieuses que l’homme ait fixées par écrit, quels furent ses premiers raisonnements politiques, sociaux voire « philosophiques » ? Comment se présentaient les premières chroniques, les premiers mythes, les premières épopées et les premiers hymnes ? Comment les premiers contrats juridiques furent-ils formulés ? Quel fut le premier réformateur social ? Quand eut lieu la première réduction d’impôts ? Quel fut le premier législateur ? Quand le premier parlement à deux chambres tint-il ses assises, et dans quel dessein ? A quoi les premières écoles ressemblaient-elles, et à qui et par qui l’enseignement était-il donné alors, et selon quel programme ?
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Il ne leur est jamais venu à l’esprit, par exemple, que la nature fondamentale du réel et de la connaissance que nous en avons pouvait soulever quelque problème ; c’est pourquoi ils n’ont pratiquement rien créé d’analogue à cette partie de la philosophie que l’on désigne communément de nos jours sous le nom d’épistémologie. Cependant, ils ont réfléchi et spéculé sur la nature de l’univers, sur son origine et plus encore sur son organisation et son mode de fonctionnement.
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