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EAN : 9782843441400
160 pages
Le Bélial' (14/01/2016)
3.51/5   141 notes
Résumé :
Collection Une Heure Lumière - 02
Henry Erdmann est un physicien de haut vol, l’un des pères de l’Opération Ivy et de la puissance nucléaire américaine. Était, plutôt, car aujourd’hui, vieux et perclus, Henry Erdmann n’est que le triste reflet de celui qu’il fut, quand bien même il continue de donner quelques cours à l’université pour des étudiants qu’il ne comprend plus depuis bien longtemps… Aussi, lorsque cette douleur impensable lui vrille le cerveau, c’e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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sur 141 notes
Encore une pépite de la collection Une Heure Lumière. J'aime quand la science-fiction, tout en étant ambitieuse sur l'aspect SF, se place à hauteur d'humain. Et c'est vraiment le cas dans « le nexus du Dr Erdmann ». Nancy Kress propose un récit de SF quasi métaphysique émotionnellement fort.

La réussite du « nxu du Dr Erdmann » tient en grande partie aux multiples audaces dont fait preuve kress. Première audace : placer son récit dans une maison médicalisée pour personnes âgées. La fiction aborde très rarement le thème de la vieillesse. Kress aborde ce sujet avec pudeur mais sans faux-semblants et en évitant tout misérabilisme en donnant vie à une galerie de vieux très réussis. Ces personnages sont crédibles, bien campés. Certains sont immédiatement attachants, d'autres agaçants mais chacun d'entre eux, à travers l'évocation de leurs failles et de leurs peines, s'avère touchant.
L'aspect science-fictionnel est loin d'être anecdotique. Il structure le récit, en est le coeur et la moelle épinière mais là encore, autre audace de Kress, il est traité de façon originale, l'auteure explorant des directions inattendues. Cet aspect science-fictionnel est abordé de façon quasi métaphysique et s'avère ambitieux dans le propos.
Autre audace de kress : ajouter aux ingrédients de science-fiction et de chronique sociale, un aspect policier. « le nexus du Dr Erdmann » se paye le luxe de bénéficier d'un suspense digne des meilleurs thrillers et en devient véritablement addictif.

Intelligent, ambitieux, captivant et très émouvant, « le nexus du Dr Erdmann » est une réussite totale, un petit bijou. J'avais déjà été séduite par ma précédente lecture de Nancy Kress, « l'une rêve, l'autre pas » mais cette nouvelle lecture a été encore meilleure. le prix Hugo que s'est vue attribuer cette novella de haut vol est amplement mérité.
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Le style d'écriture naturel et la description "vraie" des personnages m'ont rapidement fait entrer dans l'histoire de cette longue novella, située entre SF et fantastique : du jour au lendemain, les pensionnaires d'une maison de retraite subissent d'étranges décharges énergétiques dans leur cerveau, suivis de visions d'images...

Si d'emblée je n'ai pas aimé l'inévitable et indécrottable pensionnaire commère et son amie bigote, j'ai tout aussi rapidement ressenti beaucoup de sympathie pour Henry Erdmann, le physicien nonagénaire, incapable d'analyser une situation autrement que par la science. Et il y a Carrie... l'aide-soignante qui a une grande affection pour Henry et dont le sort de femme battue ne peut laisser indifférent.

Nancy Kress a su dépeindre (presque tendrement) la vie quotidienne dans cette maison de retraite et les réactions de ses habitants avec réalisme... il n'en va pas de même pour le scénario science-fictif dont l'épilogue mystificateur ne m'a pas convaincue. Une lecture en demi-teinte.
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Henry Erdmann a 90 ans et a besoin d'un déambulateur pour se déplacer ; cela ne l'empêche pas de continuer à donner des cours de physique quantique à de jeunes génies. Evelyn Krenchnoted adore papoter et propager des rumeurs ; elle a tendance à être envahissante et donc agaçante. Erin Bass est encore souple et alerte pour son âge, grâce à une pratique assidue du Yoga et de la contemplation bouddhique. Anna Chernov vit dans son glorieux passé de danseuse étoile, n'accordant qu'une attention condescendante à ses voisins actuels.
Tout ce petit monde, et j'en oublie, vit à l'institut Saint Sébastian pour personnes âgées, constituant une mini-société semblables à toutes les autres, l'âge et l'expérience ne changeant rien aux relations humaines. Rien à faire dans la littérature de l'imaginaire me direz-vous, sauf que ces personnages commencent à éprouver de curieuses sensations, souvent douloureuses. Et les plus malins comme Henry, ou les plus mystiques comme Erin, font un lien entre ces symptômes et certains évènements étranges qui se produisent à l'institut. Ils vont mener leur propre enquête.

J'ai beaucoup aimé ce court récit qui mêle des thèmes peu abordés dans la littérature de l'imaginaire - comme le sort réservé aux personnes âgées dans notre société moderne ou les femmes battues – à des sujets plus classiques tels l'apparition d'une conscience transcendantale. le ton aurait pu être fantastique si de courts passages sur un mystérieux vaisseau - qui aurait sa place dans l'univers de la Culture de Iain M. Banks - ne venaient prouver qu'on navigue dans des eaux SF.
Les pensionnaires de l'institut, Carrie l'aide-soignante battue par son homme, l'inspecteur Geraci ; ils sont tous taillés à la serpe. Ils ont une vraie personnalité même si celle-ci est centrée sur un trait de caractère unique. Cela provoque d'autant plus de friction entre eux. La multiplicité des points de vue offre à Nancy Kress l'occasion d'utiliser un vocabulaire et une tournure de pensée spécifiques à chacun – très scientifique pour Henry, bigot pour Gina, bourru pour Sam – avec brio sur un format si court.
Le fin mot de l'histoire est peut-être assez convenu, mais je l'ai trouvé moins important que le cheminement lui-même et que la galerie de personnages.

Je suis ravi de voir naître cette collection « Une Heure-Lumière » de novellas et courts romans de l'Imaginaire chez le Bélial' ; elle vient combler un manque dans l'univers de l'édition. Les livres, à peine plus grands qu'un poche, cartonnés avec rabat, ont (pour l'instant) une unité de couleur et de ton grâce aux illustrations d'Aurélien Police qui évoquent des tests de Rorschach. Je retournerai bientôt boire à cette source.

Merci à Lutin82 de m'avoir décidé à lire ce livre.
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Le thème de l'entité astrale pensante, d'une conscience collective et supérieure est un thème tellement casse-gueule dans l'univers de la science fiction, où tant d'auteurs, et non des moindres, s'y sont cassé les dents, qu'on ne peut qu'applaudir cette réussite. C'était un des premiers livres édités dans la collection “Une heure lumière” du Bélial, une édition réservée à la novella (longue nouvelle ou court roman ?). C'est ma huitième lecture dans cette collection, et encore jamais déçu. les choix éditoriaux sont intelligents, et donnent à cette collection un aspect haut de gamme, avec des prix très modestes. Pourquoi s'en priver.
Il y a tout d'abord les personnages, ils sont tous vieux, sauf Carrie, le docteur Erdmann est un docteur en Physique, un scientifique à la retraite mais qui donne encore quelques cours à l'université, se déplaçant avec son déambulateur, Carrie est une aide soignante, divorcé d'un mari qui la battait, il y a Anne, l'ancienne ballerine, Evelyn, la commère, Erin, la mystique bouddhiste, Gena, la pieuse, Bob, le jaloux… J'ai aimé cette panoplie de personnages pittoresques, pas des héros très reluisants, on prend le temps de connaître leurs défauts, leurs qualités, ils vivent dans cette résidence pour personnes âgées, et subissent d'étranges phénomènes, sorte de syncopes avec hallucinations, en rapport avec un vaisseau spatial perdu dans l'univers.
On est entre hard SF, polar et l'étude de moeurs, le récit est très dense, riche en émotions, inventif, la science et le fantastique se côtoient et se mêlent parfaitement. Je n'ai vraiment pas eu l'impression de lire un roman court tant il y a de découverte dans cette lecture. la magie opère, on s'attache aux personnages et le crescendo du récit apporte un intensité dramatique. J'ai vraiment accroché, et cela me donne envie de découvrir d'autres oeuvres de Nancy Kress.
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Parmi les récits de la collection Une Heure-Lumière du Bélial' que nous avions laissés filer (et en l'occurrence il ouvrait quasiment la collection), figure le Nexus du docteur Erdmann, de Nancy Kress, paru en 2008 en VO, en 2016 chez nous.

Panique à la maison de retraite
Henry Erdmann, éminent physicien mais vieillard de 90 ans, commence à voir son état se détériorer : malgré son aisance intellectuelle à discuter encore de sujets très pointus, il repère chez lui quelques symptômes inquiétants comme des palpitations, des nausées ou des évanouissements. Il s'épanche auprès de son aide-soignante préférée, Carry Vesey, et cherche à comprendre pourquoi d'autres résidents de l'institution médicalisée ressentent parfois, et à des moments communs, des effets tout à fait similaires. Se mêlent alors une certaine « enquête » de la part d'Henry Erdmann et Carry Vesey pour savoir d'où lui viennent ces symptômes inquiétants et l'apparition répétée, successive de phénomènes qui peuvent sembler paranormaux (une crise cardiaque survenue à un moment fatidique, un coffre fermé à clé qui est retrouvé ouvert sans autre explication, etc.) mais qui les mènent plutôt vers l'observation d'une expérience scientifique de grande ampleur.

La vieillesse est-elle un naufrage ?
Nancy Kress nous emmène dans un environnement qui ne fait pas plaisir à voir, car, chacun, nous sommes amenés à envisager ce que nous deviendrons à 80 ou 90 ans (encore faut-il déjà arriver à cet âge…). Sénile avant l'âge ? Intellectuellement avancé, mais avec un corps qui cède ? L'inverse ? Rien de tout cela ? Dans tous les cas, il y a de tout dans cette maison de retraites pour se repérer dans ces différentes possibilités. L'autrice ne se contente pas de nous exposer la vision du docteur Erdmann, mais navigue (notamment dans les premières pages) entre plusieurs esprits s'interrogeant sur ce qu'il se passe dans cet endroit. de fait, la question revient souvent : est-ce que vieillir à un sens ? On garde précieusement ses souvenirs, ses proches quand c'est possible ; on se sent plus proche de la fin que du début ; l'expérience vient compenser au quotidien les faiblesses qui sont apparues depuis longtemps… Bref, au vu des thèmes abordés, ce n'est pas un récit très joyeux, d'autant plus que ces histoires sont confrontées à d'autres drames personnels qui se jouent autour de cette fameuse maison de retraites (violence conjugale, drame aérien, etc.).

Belle vision science-fictionesque
Je suis tout de même allé voir ce qu'était un « nexus » en terminologie médicale (j'avais l'idée de connexion par le terme informatique, mais c'est plus précis que ça) : il s'agit donc d'une « jonction intercellulaire mettant en relation le cytoplasme de deux cellules voisines ». En somme, ce sont deux organismes (ou plus) tellement proches qu'ils mettent en commun une partie de leur contenu. À l'échelle d'esprits humains, comment une autrice peut-elle envisager cela ? Nancy Kress nous propose donc une vision intéressante sur la maturité de l'esprit humain, notamment pour envisager la suite à une vie « physique » et pour se confronter à quelque chose de plus grand que notre simple existence terrestre. Les éléments de science-fiction utilisés touchent fortement à une vision métaphysique du monde, nous laissant espérer qu'il y a toujours des choix à opérer, individuellement comme collectivement.

Le Nexus du docteur Erdmann donne donc une vision neuve d'un sujet maintes fois abordé : la vieillesse selon Nancy Kress est porteuse de bien des espoirs.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Tu sais pour Anna Chernov? La célèbre danseuse de ballet du troisième. Elle est tombée la nuit dernière et s'est cassé la jambe; ils l'ont mise à l'infirmerie.
-- Non!
-- La pauvre... Ils disent que c'est temporaire, jusqu'à ce qu'ils l'aient stabilisée, mais tu sais ce que ça signifie."
Evelyn savait. Comme tous. D'abord l'infirmerie, puis le sixième étage, où l'on n'avait même plu d'appartement à soi, puis les soins palliatifs aux septième et huitième...
Mieux valait partir vite et proprement, comme Jed Fuller le mois dernier.
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... sa prostate abritait un cancer au développement si lent que, à en croire son médecin, un autre déraillement physique quelconque aurait bien le temps de le tuer avant — c'était l'idée que se faisait le corps médical d'une bonne nouvelle.
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En son for intérieur, Henry se rappelait les propos de Richard Feynman sur les tenants de la théorie des cordes: "Je n'aime pas le fait qu'ils ne calculent rien. Qu'ils ne vérifient pas leurs idées. Que, pour chaque point qui contredit leur théorie, ils mitonnent une explication..."
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Il voulait décrire l'expérience des fentes de Young sur les photons, expliquer que, dès qu'on ajoutait des détecteurs pour mesurer les trajectoires des faisceaux de protons, celles-ci devenaient prédéterminées, même si l'on coupait le détecteur après l'envoie de la particulier. Il avait prévu de détailler comment cette stupéfiante série d'expérimentations avait changé à tout jamais la physique, incluant l'observateur dans les mesures basiques de la réalité. La conscience était tissée dans l'étoffe même de l'univers, et ce constat majeur semblait l'unique façon de relier cette assemblée si disparate aux événements extraordinaires qui se produisaient.

Sauf que même à ses propres yeux, son "explication" semblait bancale - Feynman ou Teller auraient ricané de mépris. Sans oublier que la simple idée d'exprimer ses idées devant ces individus irrationnels - pour moitié ignares, pour moitié fêlés - le répugnait.

p. 102. NL : "lui répugnait" irait mieux.
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La malchance n’était qu’un tour de la roue, la maladie un autre, la mort rien qu’une transition d’un état vers un nouvel état. Ce qui devait advenir adviendrait, et au-delà de tout ça, le grand flux de l’énergie cosmique continuait à couler, façonnant cette illusion que les gens pensaient être le monde.
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