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Critique de BazaR


BazaR
20 février 2016
Henry Erdmann a 90 ans et a besoin d'un déambulateur pour se déplacer ; cela ne l'empêche pas de continuer à donner des cours de physique quantique à de jeunes génies. Evelyn Krenchnoted adore papoter et propager des rumeurs ; elle a tendance à être envahissante et donc agaçante. Erin Bass est encore souple et alerte pour son âge, grâce à une pratique assidue du Yoga et de la contemplation bouddhique. Anna Chernov vit dans son glorieux passé de danseuse étoile, n'accordant qu'une attention condescendante à ses voisins actuels.
Tout ce petit monde, et j'en oublie, vit à l'institut Saint Sébastian pour personnes âgées, constituant une mini-société semblables à toutes les autres, l'âge et l'expérience ne changeant rien aux relations humaines. Rien à faire dans la littérature de l'imaginaire me direz-vous, sauf que ces personnages commencent à éprouver de curieuses sensations, souvent douloureuses. Et les plus malins comme Henry, ou les plus mystiques comme Erin, font un lien entre ces symptômes et certains évènements étranges qui se produisent à l'institut. Ils vont mener leur propre enquête.

J'ai beaucoup aimé ce court récit qui mêle des thèmes peu abordés dans la littérature de l'imaginaire - comme le sort réservé aux personnes âgées dans notre société moderne ou les femmes battues – à des sujets plus classiques tels l'apparition d'une conscience transcendantale. le ton aurait pu être fantastique si de courts passages sur un mystérieux vaisseau - qui aurait sa place dans l'univers de la Culture de Iain M. Banks - ne venaient prouver qu'on navigue dans des eaux SF.
Les pensionnaires de l'institut, Carrie l'aide-soignante battue par son homme, l'inspecteur Geraci ; ils sont tous taillés à la serpe. Ils ont une vraie personnalité même si celle-ci est centrée sur un trait de caractère unique. Cela provoque d'autant plus de friction entre eux. La multiplicité des points de vue offre à Nancy Kress l'occasion d'utiliser un vocabulaire et une tournure de pensée spécifiques à chacun – très scientifique pour Henry, bigot pour Gina, bourru pour Sam – avec brio sur un format si court.
Le fin mot de l'histoire est peut-être assez convenu, mais je l'ai trouvé moins important que le cheminement lui-même et que la galerie de personnages.

Je suis ravi de voir naître cette collection « Une Heure-Lumière » de novellas et courts romans de l'Imaginaire chez le Bélial' ; elle vient combler un manque dans l'univers de l'édition. Les livres, à peine plus grands qu'un poche, cartonnés avec rabat, ont (pour l'instant) une unité de couleur et de ton grâce aux illustrations d'Aurélien Police qui évoquent des tests de Rorschach. Je retournerai bientôt boire à cette source.

Merci à Lutin82 de m'avoir décidé à lire ce livre.
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