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Michèle Lévy-Bram (Traducteur)
EAN : 9782862609119
59 pages
Autrement (09/06/2004)
4.24/5   5905 notes
Résumé :

Inconnu
à cette adresse
Kressman Taylor

Une longue et solide complicité unit Max et Martin, deux associés marchands d'art. en 1932, Martin retourne vivre en Allemagne, tandis que Max, juif américain, demeure en Californie.
"Je crois que Hitler est bon pour le pays, mais je n'en suis pas sûr", lui confie bientôt Martin.
Un sombre pressentiment envahit Max à mesure que son compagnon espace leur correspondance. L'Histo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (615) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 5905 notes
La perfection en 73 pages , remerciements et postface inclus .

En un peu moins de 20 lettres , cette nouvelle épistolaire , épurée à l'extrême , réussit le tour de force de passionner , toucher , attrister et surprendre un lecteur qui , finalement , n'y opposera qu'un seul bémol : sa brièveté !

Max Eisenstein – Martin Schulse .
Deux amis propriétaires d'une galerie d'art à San-Francisco .
Novembre 1932 , première missive de Max , d'origine juive , à son ami Martin , de retour à Munich .
L'entre-deux guerres laisse une Allemagne exsangue économiquement . Véritable terreau fertile pour qui saurait alors haranguer et galvaniser les foules désespérées désormais enclines aux solutions les plus extrêmes ! Ça vous rappelle quelqu'un ? Un indice pour vous qui êtes chez vous : il adorait les enfants...sic...
Deux visions antagonistes d'un nazisme balbutiant ses premières gammes et c'est une amitié qui va , non contente d'exploser en plein vol , se muer progressivement en aversion réciproque la plus profonde .
Deux intimes , véritables symboles d'une Histoire déjà en marche .

Tension maximale , final époustouflant , bonheur total !
Ce bouquin est un véritable condensé d'émotions qui , au pire devrait vous faire passer un excellent moment , au mieux , vous apparaître comme étant désormais incontournable !

Inconnu à cette adresse : à ne surtout pas retourner avant de l'avoir ouvert !!!
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Passionné par cette période trouble et effroyable (1930-1945) , "Inconnu à cette adresse" ne pouvait que m'intérésser. Ce texte épistolaire est à rajouter à la malheureuse et trop longue liste des livres montrant la folie nazie, mais tout aussi indispensable pour ne jamais oublier ce que folie peut provoquer. A travers cette correspondance entre Max Eisenstein (juif américain) et Martin Schulse (allemand), le récit montre comment l'amitié entre les deux hommes va voler en éclat devant l'aveuglement de Martin, faisant sienne les thèses abjects du national socialisme. Dans un texte très court et concis, cette amitié se transforme en haine viscérale. D'une incroyable intensité, le terrible glissement s'opère lettre après lettre comme une fatalité inéluctable. Taylor réussit un texte intemporel, fort et bouleversant.
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Les deux Allemands Max et Martin, associés marchands d'art installés en Californie, sont des amis de longue date. Lorsqu'en 1932 Martin retourne vivre à Munich, s'établit entre les deux hommes une correspondance d'abord assidue, puis de plus en plus espacée, à mesure que Max, de confession juive, constate l'emprise croissante de l'idéologie nazie sur son ami.


Inspirée de vraies lettres, cette nouvelle fit grand bruit lorsqu'elle parut en 1938, en pleine tension d'avant-guerre. Comment ne pas voir dans cette histoire une miniature du processus d'escalade menant à la seconde guerre mondiale, entre une Allemagne nazie de plus en plus belliqueuse et sûre d'elle, et des nations d'abord incrédules, bientôt contraintes à la confrontation violente une fois l'inconcevable avéré ? A l'époque de sa publication, un tel texte ne pouvait que sonner comme une terrible prémonition et soulever un raz-de-marée émotionnel chez ses lecteurs.


L'aspect le plus saisissant du récit réside sans doute dans le contraste entre sa formidable puissance et son extrême économie de moyens. L'échange de quelques lettres suffit à rendre claire et palpable une vérité, alors forcément pressentie, mais encore repoussée dans l'esprit du public. L'indifférente et désinvolte cruauté de Martin s'exprime en quatre mots lapidaires : « Ta soeur est morte ». La riposte de Max tient en quelques très courtes lettres, assassines au sens littéral du terme, qui laissent au lecteur le soin d'imaginer leurs tragiques conséquences. Sous la surface de chaque page se profilent ainsi des perspectives d'autant plus vertigineuses qu'elles laissent à notre intuition le soin de les sonder et de combler les pointillés.


Coup de maître donc que cette nouvelle, au point qu'elle fut jugée par l'éditeur et par l'époux de l'auteur comme « une histoire trop forte pour avoir été écrite par une femme », d'où le pseudo masculin Kressmann Taylor. Un texte choc, intemporel, dont les qualités m'ont irrésistiblement évoqué Stefan Zweig.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une courte mais grande nouvelle, inconnue à cette adresse pendant 40 ans.

En voulant lire « Si c'était un homme » de Primo Lévi, un proche m'a recommandé de découvrir « Inconnu à cette adresse » de K. Kressman Taylor, journaliste d'origine allemande mais citoyenne américaine. L'auteur rédige cette nouvelle en 1938, sous un nom masculin, plus vendeur à l'époque pour l'éditeur parait-il. Elle dit avoir eu cette inspiration à la suite de lettres d'américains, dont le contenu était censuré, envoyées en Allemagne avant la guerre 39-45, mettant en danger les citoyens allemands recevant ces mêmes lettres.
J'ai été surpris de constater qu' « Inconnu à cette adresse » avait connu une traversée du désert pendant 40 ans après la seconde guerre mondiale et ce jusqu'en 1995, date de sa réédition. La société ré-éditrice pensait même que K. Kressman Taylor était décédée, c'est pour dire.

Cette nouvelle est donc construite uniquement sous forme d'échange de lettres entre un américain juif, Max Eisenstein et un allemand, Martin Schulse, ayant vécus ensemble aux Etats-Unis pour créer une galerie d'arts. L'échange démarre en novembre 1932 lorsque Martin est rentré dans son pays et qu'Hitler va accéder au pouvoir, mettant fin à la république de Weimar. A vous de découvrir la suite…

Nouvelle éditée au rayon jeunesse (précisément « historique adolescent » pour la version que j'ai lue), ce texte est bien entendu destiné à tout public intéressé par cette période trouble. On s'attarde sur la plume magnifique de l'auteur dans les deux premières lettres et le contenu prend le dessus par la suite, jusqu'à ce dernier courrier qui aurait mérité de ne pas être traduit en français.

Très rapidement, j'ai établi un parallèle avec « La liste de Schindler », roman historique écrit par l'Australien Thomas Keneally qui relate l'histoire d'Oskar Schindler, un allemand membre du Parti nazi, qui a sauvé plus d'un millier de juifs du camp de concentration de Płaszów en Pologne. La question ambiguë posée était comment peut-on agir contre la barbarie du nazisme tout en étant membre du parti ? Martin s'est-il posé la question le jour où il a ouvert sa porte à une jeune femme, pas inconnue, en novembre 1933, ce jour où tout a basculé ?

Si on lit parfois des ouvrages pendant un mois que l'on oublie dans la foulée, il est certain que cette lecture d'une heure me hantera quelques années encore. La dernière image du livre, avec l'entrée dans le camp de Birkenau II, a fini par m'achever. Suite à mon voyage en Pologne (1), j'ai rêvé pendant des années de ces rails, longeant la route venant d'Auschwitz (Oswiciem en polonais) et traversant le camp de Birkenau. Cette image réelle a été, pour ma part, bien plus forte que la visite du camp de Mauthausen en Autriche, beaucoup plus évocatrice en tout cas pour imaginer le pire…

Pour terminer sur la nouvelle « Inconnu à cette adresse », un texte à lire absolument d'une puissance dévastatrice, comme cette image furtive du camp de Birkenau II.

(1) Je raconte quelques épisodes de mon voyage avec mon grand-père, déporté durant la guerre, dans la critique de la « Liste de schindler ».
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Entre 1932 et 1934, Max et Martin s'écrivent, entre l'Allemagne et les États-Unis.
Martin, l'ami allemand pense que l'avenir s'élance vers son peuple telle une vague prête à déferler. Il faut bouger. Il choisit de le faire dans le sens de la vague et non à contre- courant. Il se laisse convaincre que la finalité de ce mouvement est juste, malgré ses doutes au départ.

Le grand mouvement est en marche. « La petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement…le résidu malpropre d'une révolution », passe par-dessus bord, submerge le pays, entrainant avec elle la folie d'hommes électrisés par les paroles d'un fou.

Martin est de ceux-là. Pourquoi n'a-t-il pas nagé à contre –courant, quitte à se noyer dans sa lutte ?
Comment un homme peut-il se laisser à ce point transformer en homme approuvant des actes ignobles, des paroles monstrueuses et insensées ?

Dans cet échange de lettres entre Max le juif, et Martin l'allemand, on voit se dérouler une tragédie, un tsunami inéluctable. Aux mots froids et cruels de Martin qui assassinent leur amitié, qui piétinent la soeur de Max comme une souillure, Max répond par d'autres mots, plus subtils, mais non moins efficaces. Max n'a plus que ces mots dans ces lettres pour se défendre, pour venger sa soeur, pour effacer cet homme, en faire un « inconnu à cette adresse ».

Roman épistolaire bref et percutant, suivi des faits historiques qui décrivent cette période de l'histoire qu'il ne faut pas oublier, pour que la vague ne se reforme pas.
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critiques presse (1)
Ricochet
28 novembre 2012
Un texte choc à la première lecture et qui ne perd rien de sa forme au fil des années.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (227) Voir plus Ajouter une citation
Cher vieux max,
Tu as certainement entendu parler de ce qui se passe ici, et je suppose que cela t'intéresse de savoir comment nous vivons les événements de l'intérieur. Franchement, Max, je crois qu'à nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne, mais je n'en suis pas sûr. Maintenant, c'est lui qui, de fait, est le chef du gouvernement. Je doute que Hindenburg lui-même puisse le déloger du fait qu'on l'a obligé à le placer au pouvoir. L'homme électrise littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d'un fanatique. Mais je m'interroge : est-il complètement sain d'esprit ? Ses escouades en chemises brunes sont issues de la populace. Elles pillent, et elles ont commencé à persécuter les Juifs. Mais il ne s'agit peut-être là que d'incidents mineurs : la petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement. Car je te le dis, mon ami, c'est à l'émergence d'une force vive que nous assistons dans ce pays. Une force vive. Les gens se sentent stimulés, on s'en rend compte en marchant dans les rues, en entrant dans les magasins. Ils se sont débarrassés de leur désespoir comme on enlève un vieux manteau. Ils n'ont plus honte, ils croient de nouveau en l'avenir. Peut-être va-t-on trouver un moyen pour mettre fin à la misère. Quelque chose - j'ignore quoi - va se produire. On a trouvé un Guide ! Pourtant, prudent, je me dis tout bas : où cela va-t-il nous mener ? Vaincre le désespoir nous engage souvent dans des directions insensées.
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L'homme électrise littéralement les foules; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d'un fanatique. Mais je m'interroge : est-il complètement sain d'esprit?
Ses escouades en chemises brunes sont issues de la populace. Elles pillent, et elles ont commencé à persécuter les Juifs. Mais il ne s'agit peut-être là que d'incident mineurs : la petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement.

Martin, au sujet du Führer et de ses premiers pas à la tête de l'Allemagne
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L'homme que j'ai aimé comme un frère,dont le coeur a toujours débordé d'affection et d'amitié ne peut pas s'associer,même passivement,au massacre de gens innocents.Je garde confiance en toi,et je prie pour que mon hypothèse soit la bonne;il te suffit de me le confirmer par lettre par un simple "oui",à l'exclusion de tout autre commentaire qui serait dangereux pour toi.
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Tu dis que nous persécutons les libéraux, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : Est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais? Il taille dans le vif, sans états d'âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal. Notre re-naissance l'est aussi. Mais quelle jubilation de pouvoir enfin redresser la tête ! Comment un rêveur comme toi pourrait-il comprendre la beauté dégainée ?
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Le 12 novembre 1932
Mon cher Martin,
Te voilà de retour en Allemagne. Comme je t'envie... Je n'ai pas revu ce pays depuis mes années d'étudiant, mais le charme d'Unter den Linden agit encore sur moi, tout comme la largeur de vue, la liberté intellectuelle, les discussions, la musique, la camaraderie enjouée que j'ai connues là-bas. Et voilà que maintenant on en a même fini avec l'esprit hobereau, l'arrogance prussienne et le militarisme. C'est une Allemagne démocratique que tu retrouves, une terre de culture où une magnifique liberté politique est en train de s'instaurer. Il y fera bon vivre.
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Connaissez-vous ce roman composé des lettres que s'échangent deux amis entre 1932 et 1934 ? La dernière reviendra à son expéditeur avec la mention « Inconnu à cette adresse ».
« Inconnu à cette adresse » de Kathrine Kressmann Taylor, c'est à lire au Livre de poche.
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