Les trois vies de Hannah Arendt

Tout le monde ne connait pas forcément sur le bout des ongles la vie et la carrière d'Hannah Arendt, sans doute la plus grande philosophe femme du 20 eme siecle.
Ce roman graphique éblouissant de Ken Krimstein ( dessinateur au New York et Wall Street Journal) est parfaitement bienvenu, en osant un point de vue originale : dissocier trois parties de la vie de Arendt en trois lieux qui la caractérisent , l'Allemagne, la France et les USA.
ON voit ainsi que c'est une femme exilée en permanence car accusée de tous les excès : trop intelligente, trop juive, trop aimante.

Cette biographie illustrée nous fait naviguer au gré des pensées et des rencontres d'Hannah, avec les grands intellectuels européens de l'époque, comme Munch, Einstein, Brecht, Chagal et évidemment sa relation ambiguë avec Martin Heidegger, ce philosophe autrichien qui a été accusé d'être proche des nazis.

Les 3 vies d'Hannah Arendt nous fait suivre son cheminement intérieur plein de doutes et de questionnements existentiels et quelques une de ses idées et réflexions notamment sur le totalitarisme .

Entre biographie accessible et complète d'une grande figure féminine du 20 e siecle, et porte d'entrée à la philosophie européenne, ce livre est un bel hommage qui donne envie de se pencher de plus près sur les écrits d'Hannah Arrendt !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

J'entame cette lecture en me disant que me réserve cette biographie d'un scénariste américain qui m'est inconnu. Des biographies de Hannah Arendt, il n'y en a pas beaucoup, j'en compte quatre. J'ai pu remarquer que le scénariste est bien documenté. Des noms de philosophes, journalistes, écrivains, cinéastes, dramaturges, politiques, anthropologues, artistes sont cités et que ne connaissent que les férus d'histoire et de philosophie. de tel détails noie le lecteur Lambda et en ce sens je rejoins les propos du lecteur Arthore.

L'auteur divise le livre en trois parties distinctes se rapportant au lieux où vécu successivement Hannah Arendt : Berlin, Paris, New York.

Hannah perd son père à l'âge de sept ans. A l'âge de dix-sept ans, elle s'épanche amoureusement sur son professeur Martin Heidegger. Pourtant elle est juive et lui a des affinités pour le nazisme.

Hannah épouse Gunther Stern un étudiant de son cours. Alors que Gunther est parti à Paris, Hannah est arrêtée par un officier allemand. Elle est mise en prison, accusée d'activités de propagande. Dès sa sortie de prison elle fuit avec sa mère : Destination Paris. Elle divorcera de Stern et épousera Blücher.

Le 1er septembre 1939 l'armée allemande envahi la Pologne. Un peu plus tard, elle envahi la France. Tous les réfugiés en provenance de l'Allemagne âgés de dix-sept à cinquante ans doivent pour les femmes se présenter au vélodrome d'hiver et s'y soustraire exposera à de sévères amendes. C'est ainsi que Hannah et sa mère y furent internés et ensuite déportés à Gurs à proximité de le frontière espagnole d'où il arriveront à fuir pour prendre à Marseille le train pour Lisbonne et aussitôt que possible encore un bateau pour New York. Seul la conception de pièces d'identités avec de faux noms permettaient aux juifs d'émigrer. Aux Etats-Unis, Hannah sera la première femme chargée de cours. Elle travaillera dans plusieurs universités américaines. C'est durant cette période qu'elle écrira ses livres. Hannah couvre à Jérusalem le procès d'Eichmann, en qui elle voit l'incarnation du mal. Cette thèse suscite d'importantes polémiques. Elle écrit : Les origines du totalitarisme, La condition de l'homme moderne pour ne citer que les ouvrages les plus importants.

Elle se disait : « Je n'appartiens pas au cercle des philosophes. Mon métier est plutôt politique, exprimer la vérité avec virulence.

Ken Krimstein décrit dans certains détails le vécu d'Hannah Arendt qui dépassent le lecteur Lambda. Les dessins sont dépourvus de détails, ils sont inexpressifs, simplistes. Heureusement on reconnait toujours Hannah Arendt en tenue verte.

On peut beaucoup apprendre par ce livre. Je déplore cependant sa structure, des dessins peu attractifs et des annotations en bas de page en très petits caractères.

Hannah Arendt prend vie sur les planches de Ken Krimstein, nous permettant de découvrir sa pensée philosophique, ses rencontres, ses détracteurs ou amis. Confrontée à une vie pas simple pour une femme de son époque sans pourtant renoncer à être elle-même.

240 planches semblants avoir été dessinées de manière simpliste, non pour mettre son coup de crayon en avant, mais bien pour mettre en avant, une femme hors du commun. Une mise en bouche qui donne envie d'en savoir plus et qui suscite la curiosité.

Une personnalité sulfureuse, souvent décriée qui aura connu les horreurs nazies, mais qui aura marqué son temps et le nôtre en remettant sans cesse le monde en question.

La première partie de cette BD présente de manière générale la philosophe et les personnalités qui jalonnent son quotidien. Sa rencontre avec Heidegger sera une révélation.

La deuxième partie correspond à une période d'instabilité, avec la montée du nazisme en Allemagne et sa fuite aux États-Unis, puis à Paris.

Dans la troisième partie, Arendt cherche à comprendre comment toute cette guerre et ce génocide a pu arriver. Elle va remettre en cause toutes ses réflexions et les réflexions philosophiques de son entourage. L'auteur prend le temps d'évoquer l'émotion ressentie lors de la révélation de l'existence des camps de concentration, avec le sentiment qu'une faille s'était ouverte…

Une belle façon de rendre accessible la pensée philosophique de cette grande dame, en abordant les thématiques qui ont marqué sa vie, notamment après le tournant de le Seconde Guerre Mondiale.
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Assez déçue de cette bande-dessinée biographique sur Hannah Arendt qu'on m'a très gentiment offerte. J'ai été attirée par la figure de la penseuse, par les dessins stylisés de Krimstein, par le vert émeraude qui la démarque du noir et blanc ambiant à chaque page. Et pourtant, j'ai eu plus l'impression que la vie de Hannah Arendt a été utilisée ici comme une vaste tapisserie de fond à la gloire de tous les intellectuels juifs masculins qu'elle a pu côtoyer au cours de son existence. J'ai moins appris sur elle que sur cette intelligentsia, certes riche et passionnante, mais loin d'être le sujet qui m'intéressait au fil de ces pages. Hannah Arendt y apparaît à peine comme l'héroïne de sa propre vie, et sa pensée à peine évoquée en passant, et ce alors que la narration prétend parler à la première personne.
Bien sûr, on n'est jamais mieux servi·e qu'en allant puiser à la source : je recommande donc aux lectrices et lecteurs d'aller plutôt lire directement l'oeuvre de Hannah Arendt, aussi dense et ardue soit-elle.

Non ce n'est pas une BD, même si Ken Krimstein dessinateur pour le New Yorker et le Wall Street Journal en est l'auteur. Ce roman graphique nous plonge dans la vie d'Hannah Arendt au travers de 3 périodes et de 3 lieux : sa vie en Allemagne, sa fuite en France, puis son exil aux USA. Ces 3 parties vont aussi permettre à l'auteur de nous décrire la progression de la réflexion de l'une des plus grandes philosophes du XXème S.
Le contenu est d'une extrème densité, rendant l'ouvrage d'une accessibilité relative. Certes nous découvrons toute la complexité de cette femme, les raisons des incompréhensions qu'elle a pû susciter. Mais les références aux auteurs de l'époque sont très détaillées et leur multitude rend parfois la lecture difficile. Enfin, le dessin très caractéristique, très anguleux, très dur, s'il renforce la dureté de la période et illustre les obstacles qu'H Arendt aura eu à franchir, rajoute à la difficulté de lecture de certains passages.
Donc un avis partagé quant à une recommandation : oui très attirant pour découvrir cette femme, pas évident pour des lecteurs non connaisseurs ou peu connaisseurs des philosophes et des débats de l'époque.