Aujourd'hui encore, Verdun n'est q'une forêt d'arbres de tous âges dont chaque racine s'extirpe d'un trou d'obus.
La littérature est une drôle de machine à remonter le temps, et la dépendance à ses voyages se fait de plus en plus forte.
(Dans l'avant-propos)
A ces gosses au vice précoce, on avait ouvert les portes des prisons en échange d'un engagement pour la durée de la guerre. Marché étrange: pour leur pardonner d'avoir volé, on les envoyait tuer; c'est cela qui est régénérateur!
-Qu'avez vous fait au front? Vous vous êtes bien battu?
-Sincèrement je l'ignore. Qu'appelez-vous se battre?
-Vous avez tué des allemands?
-Pas que je sache. J'ai marché le jour et la nuit, sans savoir où j'allais. J'ai creusé des tranchées, transporté des fils de fer, veillé au creneau. J'ai eu faim sans avoir à manger, soif sans avoir à boire, sommeil sans pouvoir dormir, froid sans pouvoir me réchauffer et des poux sans pouvoir me gratter... Voilà!
-C'est tout?
-Oui, c'est tout... ou plutot non, ce n'est rien. Je vais vous dire la grande occupation de la guerre, la seule qui compte. J'AI EU PEUR.
Les marais de la Somme serpentent toujours craintivement au pied du plateau de Péronne, comme les marais des morts précédant le Mordor que Tolkien n'a pu imaginer qu'ici, où il a combattu, tout comme Cendrars.
Ce sont des noms fantômes, Vimy, Vauquois, Ypres, Passchendaele, des mots spectres, crête, butte, bois, tranchée, et que l'on a cru enterrer à coups de monuments, d'alignements en parades et de jours fériés.
Et cette haine, je souhaitais l'inculquer à mes enfants, à mes proches, je leur dirai que la Patrie, la gloire, l'honneur ne sont que des mots destinés à masquer ce que la guerre a d'effroyablement horrible, laid et cruel. (Louis Barthas)
L'histoire n'est pas une résurrection, elle continue, elle lie le présent au passé. Le passé n'est pas couché dans la tombe, il vit souterrainement, mais il vit.
Mais nulle part ailleurs que sur les théâtres de la Grande Guerre, on ne peut sentir à ce point le poids de ce qui est mort sur ce qui est vivant.
Tous les sépulcres et les catacombes de Rome ne pourraient me faire réaliser la mort, la pourriture, la décomposition aussi vivement que le fit l'odeur de ces vêtements. (Vera Brittain, Testament of Youth)
Nous partons tous en soldat de la République! Partons refaire 93! Pour le désarmement général, pour la dernière des guerres! (Charles Péguy)