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Tout d'abord, il y a livre-objet qui flatte, cette couverture couleur sépia qui titille les mirettes, et puis, un coup d'oeil au nombre de pages 260 (j'espère que ça vaut le coup).
Et puis là, d'entrée l'intérêt est stimulé par la qualité des dessins, ça fourmille de détails c'est magnifique (du au talentueux Mael). Et puis ce scénario qui accroche, là aussi d'emblée, pas besoin d'être devin pour savoir qu'on va passer un sacré moment. « Notre mère la guerre » est une plongée effarante dans cette folie humaine que représente toute guerre. Celle là est aussi absurde que les autres, scandaleuse, révoltante. Une génération détruite pour des lopins de terre. Kris scénarise et dialogue tout ça avec une force dévastatrice. Comment ne pas être en empathie avec ces personnages même si l'un d'eux est un meurtrier de jeunes femmes ? Pas prêt d'oublier le lieutenant Vialatte et le commandant Janvier unis pour démasquer le coupable, le caporal Peyrac et sa bande de petits délinquants envoyée à la boucherie des canons allemands en échange d'une hypothétique liberté une fois la guerre finie, du soldat Desloches usé d'attendre une hypothèque paix. Ça vous prend aux tripes et ça ne vous lâche plus. Un immense coup de coeur.
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Première Guerre mondiale.
Quelque part dans la Champagne pouilleuse.
Enquête policière sur le meurtre de trois femmes dont les corps ont été retrouvés sur le champ de bataille.

Très beau roman graphique.
Dessins et textes de qualité. L'émotion est au rendez-vous, tant dans les dessins que dans le récit.
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Des morts dans les tranchés pendant la Grande Guerre.

Banal... Sauf que ce sont des cadavres de femmes, et la Grande Faucheuse a beau faire son boulot en mode accéléré, il est inacceptable de laisser impunies des dérives criminelles de cette sorte.
Le lieutenant de gendarmerie Vialatte va passer des mois à résoudre cette sombre affaire, traversant les années noires en y perdant lui même toute illusion humaniste et spirituelle.

Les quatre complaintes de cette remarquable histoire dessinée par Maël et racontée par Kris sont donc réunies pour une enquête policière qui prend tout son sens en devenant un récit précis et documenté du quotidien des poilus, de la vie de l'arrière, des turpitudes et dérives de l'armée et de la société civile.

Des dessins travaillés, fourmillant de détails, des couleurs sépia, une réflexion émouvante et mélancolique, tous les ingrédients d'un excellent roman graphique en forme d'hommage.

Un vrai coup de coeur, en court d'adaptation sur grand écran.
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A l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, on a vu fleurir dans nos librairies un nombre incalculable de documentaires, romans ou bandes dessinées revenant sur tel ou tel aspect de ce moment charnière de notre histoire. L'ouvrage de Kriss et Maël, ressorti il y a peu sous forme d'intégrale, figure pour sa part parmi les incontournables à ne pas manquer. le récit prend la forme d'une enquête policière menée par le lieutenant Vialatte dépêché en Champagne en 1915 suite à la découverte à proximité du champ de bataille des cadavres de plusieurs femmes, assassinées puis abandonnées selon une mise en scène macabre. Inutile de préciser que mener une investigation de ce type dans une Europe plongée dans la folie de la guerre s'avère plus que délicat... Notre héros doit d'abord faire face au mépris des soldats pour lesquels il ne représente qu'un planqué de plus. Il se confronte aussi à sa hiérarchie à qui il doit rendre des comptes, et vite ! Et puis il y a aussi cette rencontre troublante avec une ancienne connaissance, le caporal Peyrac, désormais chargé de superviser un groupe de nouvelles recrues à peine sorties de l'adolescence et constitué d'anciens prisonniers s'étant vu offrir le choix entre l'enfermement ou les tranchées. C'est le début pour le lieutenant d'une enquête éprouvante qui l'amènera à côtoyer au plus près toute l'horreur de cette Première Guerre mondiale. « J'aurais voulu être ému, ressentir, frissonner... Je me répétais « c'est ça la guerre ». Mais il m'aurait fallu des cris, du tumulte, des corps en rage jetés les uns contre les autres, le feu roulant d'une fusillade... Des sons qui, à tout cela, auraient donné une âme. Au lieu de quoi, je finis par atterrir, seul et désorienté, en plein coeur d'un ventre de boue humide et glacée. J'avais trouvé la guerre et je n'avais pas mis une heure à m'y perdre. »

Maël et Kriss mènent leur intrigue de main de maître, s'amusant à entraîner enquêteur et lecteur sur de fausses pistes jusqu'à un dénouement final surprenant. L'intérêt de l'ouvrage réside également dans le fait qu'il ne se limite pas à dépeindre les sanglants assauts sur le champ de bataille ou les conditions de vie déplorables des soldats dans les tranchées. le lecteur a ainsi l'opportunité d'avoir également un petit aperçu de la vie des civils « à l'arrière » : la mobilisation des femmes de l'époque, l'essor du mouvement pacifiste, la rancoeur à l'encontre des « planqués », et surtout l'indifférence (voire le dégoût) avec laquelle les pauvres bougres démolis par la guerre sont accueillis. Les auteurs s'attardent notamment sur les séquelles tant physiques que psychologiques accumulées par ces soldats qui, pour beaucoup, ne parviendront jamais à s'en défaire et à mener à nouveau une vie normale : « malgré l'envie ou le désir qui le tenaille, il ne pourrait plus rejoindre cet autre pays qu'il découvre par la fenêtre, qui ne sait rien de la guerre et qui semble vivre sur une autre planète. Ce pays qui l'admire, le romantise mais le repousse de peur que ses brodequins amochent les bottines à la mode, que ses effets sales et rapiécés maculent de boue les uniformes d'opérette que trimballent sur les boulevards des mannequins vivants mais vides. » le travail de documentation mené est impressionnant, l'ouvrage fourmillant de détails qui rendent l'ouvrage plus réaliste et les personnages plus poignants. Difficile d'oublier les portraits de tous ces hommes et femmes rencontrés au fil de ces quatre complaintes superbement écrites et illustrées. Un mot, pour finir, sur les graphismes qui collent parfaitement à l'ambiance de l'époque et contribuent énormément à l'afflux d'émotions qui assaillent le lecteur tout au long du récit.

Avec cette intégrale réunissant les quatre complaintes consacrées à l'enquête du lieutenant Vialatte au coeur de la Première Guerre mondiale, Maël et Kriss signent un ouvrage remarquable en tout point qui sonnera comme une véritable claque. Alors prenez votre courage à deux mains et sortez vos mouchoirs, mais lisez-le !
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Il faut décidément saluer la B.D. franco-belge qui offre, à l'image de Notre mère la guerre, des oeuvres de très grandes qualités esthétiques et intellectuelles. La bande-dessinée a de multiples qualités.
Une fois n'est pas coutume, je commencerais par évoquer les qualités littéraires. La bande dessinée est très bien écrite et offre, à plusieurs reprises, de très belles lignes qui interroge notre humanité face à la guerre. Ces mots, ces beaux mots, sont aussi accompagnés par des citations de poètes, français et allemands (Péguy, notamment), qui ajoutent à la profondeur du récit. Celui-ci est très bien construit : alors que la guerre de tranchées s'installe, des femmes sont retrouvées mortes, assassinées, au plus près du front. Tandis qu'on cautionne et qu'on magnifie la mort de masse, devenue mort patriotique, on s'inquiète de la mort individuelle qui n'a pas de raison idéologique ou politique, mais seulement pour cause la folie d'un ou de plusieurs hommes. Mêlant ainsi le genre historique et le genre policier, Kris et Maël donnent, comme le dit si bien Nicolas Offenstadt dans la préface de l'édition intégrale, de la densité à une époque qu'on a tendance à résumer aux statistiques effrayantes et aux photographies de dévastation. La BD donne à vivre cette guerre, terriblement humaine et non inhumaine car elle plonge au plus près du vice humain, de cette passion de l'horreur et de cet amour des tueries qui animent nos semblables depuis, semble-t-il, la nuit des temps. Il ne s'agit donc pas que d'une simple enquête mais bien plutôt d'une recréation artistique d'un processus historiquement fondamental, la Grande Guerre, qui a fait basculer notre monde du 19ème au 20ème siècle.
Kris soigne ses personnages. A chacun, et encore plus au lieutenant Vialatte, il donne une profondeur psychologique en leur donnant une histoire propre, des convictions, un passé et des amours, plus ou moins déçues, plus ou moins lointaines. Vialatte, particulièrement, est un officier de la gendarmerie, un "cogne" comme on dit alors, catholique et républicain comme Péguy. Peyrac, caporal de cette escouade de jeunes délinquants à qui on a proposé de se racheter en échange de mois passés dans la boue et les excréments à côtoyer la mort, est l'archétype du socialiste qui a renoncé à son pacifisme quand Jaurès est mort, et qui se bat désormais et tue ses anciens frères allemands.
Je soulignerai enfin l'effort, absolument non négligeable et jamais forcé, de Kris de retranscrire le langage de l'époque. L'argot surgit à chaque case, de façon naturelle, nous rapprochant un peu plus de ces hommes du passé. L'Allemand, en face, parle bien allemand et n'est pas francophone. Les propos ne sont pas traduits, et ainsi le lecteur est confronté à sa propre situation face à la langue de l'ennemi : comprend qui peut, s'offusque qui veut.
Assez parlé de Kris. Maël, avec son dessin et son formidable travail sur les couleurs, est largement à la hauteur de l'effort de son coauteur. Il rend avec fidélité l'esprit de la guerre : c'est le village imaginaire de Méricourt, au coeur de la Champagne ; c'est l'arrière, gai bien que soucieux, qui vit comme autrefois (ainsi à Paris) ; ce sont les ruines du Nord, près d'Arras, où stationnent les Anglais et les Canadiens, bientôt rejoints par les Indiens, où l'on enterre à la chaîne les victimes, volontaires ou non (le débat est encore discuté entre les historiens), de cette danse macabre. Dans la préface, on apprend que Maël s'est inspiré de photographies de l'époque. Clairement, la dimension esthétique est une force majeure de la BD et permet pleinement l'investissement du lecteur dans la situation proposée. le trait de crayon parle de lui-même : il faut jeter un oeil pour se rendre compte de cet univers si fidèlement rendu.
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Ce document graphique de 259 pages traite de la totalité de la guerre 14/18 et repose sur un important travail à partir d'archives historiques. le personnage principal est Alexandre Vialatte lieutenant de gendarmerie chargé d'élucider des meurtres de femmes sur la ligne de front. Une affaire policière au coeur de la guerre. Sur son lit de mort en 1935, il tient à raconter les faits tels qu'il les a vus et vécus.
Bien sûr, on retrouve largement décrites les horreurs des tranchées, la mort, la boue, le froid, la faim, la stupidité de certains ordres, la résignation, la révolte face à la vie en arrière des civils et des planqués. Mais aussi la solidarité entre soldats, la jeunesse de ceux qu'on envoyait au front, mineurs parfois, ceux qui devaient donner leur vie en rédemption des fautes commises.
Je n'oublie pas de souligner le travail de Maël au dessin et à la mise en couleur, un travail très fouillé, soigné notamment sur les expressions et les ambiances.
Une somme un peu difficile en ce moment où la guerre flamboie de nouveau en Europe...
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Des meurtres sur fond de guerre. Une enquête sur le front. Prétexte pour montrer l'horreur de la guerre et des tranchées.
Kris et Maël nous transportent dans un univers de mort, de peur, d'intrigues où se mélangent souvenirs et réalité.
L'inhumanité de la guerre et tous ces jeunes partis au front, sacrifiés au nom de la Patrie.
Les traits sont noirs, l'odeur de la poudre et de la mort présentes à chaque page, le récit est puissant et le dénouement étonnant.
Un magnifique album préfacé par l'historien Nicolas Offenstadt.
Époustouflant.
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Une enquête menée dans les tranchées de la guerre 14-18 pour retrouver le meurtrier de cinq femmes assassinées. Ce récit en bande dessinée nous met en présence du gendarme Roland Vialatte qui s'engage pour mieux comprendre les faits et les hommes dans le cadre de son enquête; ainsi que du lieutenant Gaston Peyrac qui se sent responsable de la petite troupe de jeunes recrues délinquants auxquels l'institution a proposé de s'engager pour se racheter. Des couleurs ocres et grises dominent dans le dessin au trait fin et nerveux de Maël qui, avec beaucoup de maitrise, nous confronte à l'ambiance pesante du front, et crée une proximité avec les protagonistes de cette histoire.
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J'ai lu "Notre mère la guerre" sous forme d'intégrale car j'aime plonger dans un récit complet sans avoir à attendre que les tomes suivants soient distillés au compte goutte.

Maël & Kris ont terriblement été efficaces dans la narration de cette histoire qui se déroule sur le front de 1914 à 1918.
Tout est prenant et concoure à nous immerger au plus profond de l'horreur de cette guerre : l'enquête, les personnages que l'on suit sur cette longue période, le désespoir de hommes parfois soigné par l'amour d'une femme...

C'est dur, violent et à la fois attachant et j'ai (une fois de plus) traîné à finir ce récit si bien dessiné et narré pour rester encore un peu aux côtés de ces poilus traumatisés par tout ce qu'on leur a fait subir. Certes, c'est du dessin mais c'est (me semble t il) assez réaliste.
J'ai beaucoup aimé.
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Cet ouvrage se situe dans ma pile à lire depuis plusieurs années. Bien m'en à pris d'attendre pour parcourir case après case et page après page ce monument. Les dessins sont plus qu'expressifs par les coloris et le traits du dessin, nous retranscrivent l'ambiance de l'époque et la guerre, les tranchées, l'arrière, les destructions avec une foultitude de détails. Cela donne beaucoup de sensations, de moments de malaise (normal c'est la guerre et toutes les horreurs humaines et blessures possibles) et une immersion assurée. L'histoire ne se lâche pas et d'une densité sombre restant à la frontière de la vie. Grosse lecture marquante.
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