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Colette Joyeux (Traducteur)
EAN : 9782253153870
187 pages
Le Livre de Poche (02/12/2002)
4.26/5   39 notes
Résumé :

Au cours de nombreuses années de discussions avec des interlocuteurs venus de tous les horizons de la société, comme au cours de causeries publiques qui ont drainé des foules d'auditeurs partout dans le monde, Krishnamurti n'a cessé de souligner la nécessité de rentrer en soi-même, de se connaître soi-même, si l'on veut pouvoir comprendre les racines profondes des conflits communs à l'individu et à la société - car " nous sommes le monde ", et c'est donc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jiddu Krishnamurti est un praticien zélé de la maïeutique* et dans ce livre il s'adresse principalement à notre capacité humaine fondamentale d'accéder à la “dignité” de notre condition.
Dire de lui qu'il n'apprécie guère “l'esprit de religiosité” serait un euphémisme ! Et au vu de notre expérience en ces “milieux”, dans cette “faune” devrais-je dire, même si parfois sa radicalité à ce sujet peut paraître un peu excessive à certains, il n'en demeure pas moins de la qualité de sa pertinence :
« La religion établie, elle, est un commerce, un vaste mécanisme visant à conditionner l'esprit humain en fonction de certaines croyances, de certains dogmes ou rituels et de certaines superstitions. C'est un commerce très lucratif, auquel nous adhérons parce que nos vies sont tellement creuses. Notre existence n'a ni grâce ni beauté, nous avons donc soif de légendes romanesques et mystiques. Et nous vénérons les légendes, les mythes, mais tous les édifices — d'ordre matériel ou psychologique — que l'homme a bâtis n'ont absolument aucun lien avec l'ultime réalité. » p. 117
— C'est abrupt, direct et sans détour, à chacun de voir ce qu'il veut faire de l'éphémère vie qui lui est donnée à vivre !
“L'orateur”, comme il se désigne lui-même, se donne comme propos dans cet ouvrage de redéfinir le sens profond de ce que désigne “méditer”, être un “méditant” (et donc s'adresse à eux plus particulièrement, qui en ont une certaine “utilisation”), le renoncement à la tyrannie des processus mémoriels psychologiques des émotions qui empoisonnent notre être global tout au long de notre brève existence si l'on se laisse aller à l’inattention de ce qui se passe en nous. Il nous induit dans un cheminement vers le silence mental de notre cerveau, au-delà de la pensée, dans le Grand Silence libérateur de l'émotionnel sans mémoire, source fraîche de chaque instant qui nous est donné de vivre pleinement, dans le recueillement et en toute complétude. Dans cette perception des différences d'où est bannie la “distinction” entendue comme “division” ou “fraction”, se dégage l'espace lumineux qui est accueil où chacun peut trouver sa place dans l’ordonnance naturelle ouverte du mouvement de la Vie dans l'aveu du « Je ne sais pas » du “non-connu”. En échos nous pourrions citer Shunryu Suzuki (1904 – 1971) dans son titre d'ouvrage sur lequel nous reviendrons ultérieurement « Esprit zen, esprit neuf ».

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* La maïeutique, (du grec ancien μαιευτική, par analogie avec le personnage de la mythologie grecque Maïa, qui veillait aux accouchements), est une technique qui consiste à bien interroger une personne pour lui faire exprimer (“accoucher”) des connaissances. La maïeutique consiste à faire “accoucher” donc les esprits de leurs propres connaissances intérieures. Elle est destinée à faire exprimer un savoir caché en soi. En fait Jiddu Krishnamurti pourfendeur de “gourou” de tous les horizons et à raison, est, et parle justement de ce que devrait être un authentique maître de spiritualité, “un accoucheur” de notre humanité en nous-même !
— À l'expérience, cette “pratique” de façon informelle, m'est apparu tout à fait convenir à notre époque contemporaine, et à ma situation particulière, simple citoyen lambda, “travailleur” anonyme de “l'ahimsa”, cette discipline (dans son sens étymologique du latin classique “disciplina” « action d'apprendre ») qui consiste principalement à ne nourrir en soi aucune espèce d’animosité, envers soi, autrui, et globalement quoi que ce soit de la Vie. Cela paraît simple, mais son application au jour le jour reste ardue !  :
— Qu'est-ce que ahimsa ? a demandé le français Philibert l'autre jour.
« Le vrai ahimsa ne peut pas vraiment être pratiqué sur le plan physique ; pas complètement du moins et pas par tout le monde. Que se passe-t-il dans les régions où rien ne pousse et que les gens doivent trouver de la viande ou du poisson à manger ? Les insectes que nous écrasons sans le savoir sous nos pieds, les germes que nous avalons et détruisons sont la vie, aussi. Ce que nous devons pratiquer c'est l'ahimsa mental et nous devons le vivre entièrement.
Ne pas tuer des êtres vivants n'est qu'une conception brute (et très grossière) d'ahimsa, car c'est bien (autre chose et) davantage. Le vrai ahimsa c'est de ne pas nuire aux sentiments des autres, ni à soi-même. C'est ne pas faire du mal (tord/préjudice) aux autres, et ne pas se faire de mal à soi-même ».
— Comment peut-on nuire à nos propres sentiments ou faire du mal à soi-même ? voulut savoir le Français.
« Vous nuisez à vos propres sentiments en vous créant des habitudes (des routines de pensées, de manières d'être). Si, par exemple, vous aimez boire du thé, et ne pouvez pas vous en procurer, vous souffrez, n'est-ce pas ? Alors vos sentiments sont touchés par l'habitude (la routine) créée. Ne jamais, jamais nuire aux sentiments de personne et ne jamais créer de routines dans le vrai ahimsa, voilà ce qu'il faut faire. En créant des habitudes (routinières), nous nous emprisonnons nous-mêmes ; enfermement est limitation. L'enfermement de l'esprit est douleur ».
p. 164
http://www.babelio.com/auteur/Irina-Tweedie/338331/citations/634773
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Krishnamurti essaye par son livre de nous parler de la vraie méditation pas celle des gourous, du yoga mais celle qui ne dépend que de nous.
Seulement, pour y arriver il faut se convertir en une espèce de petit robot. Il faut mettre de l'ordre dans ses pensées, ne pas enregistrer le mal que l'on peut nous faire, en gros se réveiller neuf et innocent chaque jour...

Mais comment peut-on effacer ce que l'on a vécu, n'avoir aucun attachement? A moins de ne plus être humain peut-être...

Je comprends théoriquement ce dont Krishnamurti parle. Oui nous vivons dans le passé, nous sommes une accumulation d'expériences, de conditionnements, de peurs, ... Mais c'est ce qui nous rend humain. On peut travailler sur nos défauts, essayer de laisser le passé ne pas prendre trop de place ce qui demande déjà beaucoup d'énergie mais n'être touché par rien? Serait-ce vraiment un signe d'amour, de maturité?

Krishnamurti pense que ce ne doit pas être un effort de laisser la pensée au placard, qu'il "suffit" de vraiment voir, comprendre les choses pour qu'elles soient.
Eh ben, j'ai beau comprendre (je crois), je n'en reste pas moins humaine et donc pleines de peurs, d'angoisses, d'attachements, de joies, de souffrances, ...
Etre vide, neutre ne m'intéresse pas et ne fera pas de moi quelqu'un de meilleur. Je pense plus qu'il faut essayer de vivre avec ses fêlures que de les éradiquer (y parvient-on vraiment d'ailleurs?).

Beaucoup de répétitions dans ce livre entre les différents petits chapitres, ce qui m'a un peu agaçé.

On l'aura compris. Krishnamurti n'a pas vraiment réussi à m'éclairer...
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A mon avis, le livre le plus essentiel de Jiddhu Krishnamurti où il donne explicitement la quintessence de son enseignement : ​
"Il faut être à soi-même sa propre lumière : cette lumière est la seule et unique loi, il n'en existe pas d'autre. Être à soi-même sa propre lumière, c'est refuser de suivre la lumière d'un autre, si raisonnable, si logique, si exceptionnel, si convaincant soit-il. Vous ne pouvez pas être votre propre lumière si vous êtes plongés dans les ténèbres de l'autorité, des dogmes, des conclusions hâtives."
Si vous comprenez ça, non avec votre tête seulement mais profondément, dans une prise de conscience immédiate et directe, et non comme fruit d'un effort de raisonnement, vous avez réalisé l'essentiel et il n'est pas utile de lire d'autres livres de Jiddhu Krishnamurti.
Il s'agit de percer le mur psychologique, sans aucune consistance en réalité, qui nous sépare de la "vraie" vie pour la saisir en sa source, dans son immédiatement et son mouvement, éternellement naissante. Et d'y plonger. Cela équivaut à faire un plongeon dans l'inconnu pur, et notre raison ne fera que freiner des quatre fers devant ce qu'elle est incapable d'appréhender : c'est sur notre intuition qu'il faudra tout miser pour faire ce saut que personne ne peut faire à notre place.
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Ce que j'apprécie le plus chez Krishnamurti comme chez tout autre "maître spirituel", c'est la liberté qu'il laissait à chacun de suivre ses pas, ou pas.
J'ai et ai lu beaucoup de ses livres, et même si je ne suis toujours pas "sage", j'espère avancer un peu à chaque fois sur le chemin.
Krishnamurti, parmi d'autres, m'y aide...
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Qui pourrait donner un avis sur ce grand maitre ?
Mais on y trouve son style net et quelque fois cassant, sans ménagement, sur de lui, bien sûr.
Bel enseignement, adieux aux illusions !
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Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
Voilà donc ce qu’est la méditation – elle ne consiste pas à s’asseoir en tailleur, ou à rester en équilibre sur la tête, ou que sais-je encore, mais à ressentir le caractère holistique et l’unité absolue de la vie. Mais cela ne peut advenir qu’en présence de l’amour et de la compassion.

L’un de nos problèmes, c’est d’avoir associé l’amour au plaisir, au sexe, et pour la plupart d’entre nous l’amour va aussi de pair avec la jalousie, l’angoisse, la possessivité, l’attachement. C’est pourtant cela que nous appelons l’amour. Mais l’amour, est-ce le plaisir ? Est-ce le désir ? L’amour est-il le contraire de la haine ? Si tel est le cas, alors ce n’est pas de l’amour. Tout contraire porte en lui-même son propre contraire. Lorsque je m’efforce de devenir courageux, ce courage naît de la peur. L’amour ne peut pas avoir de contraire. Là où règnent la jalousie, l’ambition, l’agressivité, tout amour est exclu.

En revanche, il est une forme d’amour qui fait naître la compassion partout où il se trouve. Et cette compassion se double d’une intelligence qui n’est ni l’intelligence qui accompagne l’égocentrisme, ni l’intelligence propre à la pensée, ni l’intelligence issue d’un vaste savoir. La compassion n’a rien à voir avec le savoir.

C’est grâce à la compassion et à elle seule qu’existe cette intelligence qui donne à l’humanité la sécurité, la stabilité, et qui lui insuffle une immense force.
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La nature du silence mérite d'être examinée en détail. Il y a un intervalle de silence entre deux pensées. Ou entre deux notes de musique. Il y a le silence qui fait suite à un bruit. Il y a le silence artificiel imposé par la pensée, lorsqu'on dit : "Je dois être silencieux", et que l'on croit créer un vrai silence.
ll y a le silence du méditant qui reste assis là, immobile, et qui force son esprit au silence. Il s'agit chaque fois d'un silence artificiel, et non d'un silence réel, profond, qui n'est ni cultivé, ni prémédité. Psychologiquement parlant, le silence ne peut advenir que lorsque notre esprit n'enregistre absolument rien.Alors l'esprit, le cerveau est dénué de tout mouvement. Au coeur de ce silence, qui n'est ni induit ni cultivé, et qui n'est pas non plus le fruit d'une pratique, il se peut qu'advienne cette extraordinaire sensation d'une présence, de quelque chose d'incommensurable, et qui n'a pas de nom.
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Il faut jeter des bases solides, autrement dit, la vertu est une nécessité absolue. L'ordre, c'est la vertu. Cette vertu n'a strictement rien à voir avec la morale sociale que nous cautionnons. La société nous a imposé une certaine forme de morale, mais cette société n'est que le reflet de l'ensemble de l'humanité. Or, à en croire la société et sa morale, il est permis d'être avide ; il est permis de tuer son prochain au nom de Dieu, de la patrie, ou d'un idéal ; il est permis d'être compétitif, envieux-dans les limites de la légalité. Une telle morale n'est absolument pas digne de ce nom. Il faut la renier au plus profond de soi de manière radicale, si l'on prétend à la vertu. Là est toute la beauté de la vertu : ce n'est ni une habitude, ni une pratique que l'on réitère jour après jour, ce qui équivaut à une routine mécanique dénuée de sens. Etre vertueux, c'est connaître la nature du désordre, qui n'est autre que l'ensemble de nos contradictions internes, des divers plaisirs, désirs et ambitions qui nous tyrannisent, de l'avidité, de l'envie et de la peur qui nous hantent. Telles sont les causes du désordre, en nous comme en dehors de nous. Etre conscient de cela, c'est être en contact avec le désordre. Et ce contact n'est possible que si l'on ne nie pas le désordre, qu'on ne lui cherche pas d'excuses, qu'on n'en rend pas les autres responsables.
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Une société juste ne peut exister que si l'homme lui-même est juste et bon, car c'est cette qualité même qui fait que ses relations, ses actes et tout son mode de vie sont empreints de générosité et de justesse.
Le bien, c'est aussi le beau. Le bien désigne aussi ce qui est sain ; il est relié à Dieu, aux principes les plus nobles. Le mot bien doit être compris de manière très claire. Quand le bien est en vous, que la bonté vous habite, alors tout ce que vous ferez sera bien : vos relations, vos actions, votre mode de pensée.
Et il est possible d'avoir une perception instantanée de la pleine signification de ce mot, de son caractère exceptionnel.
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La plupart des gens ont une vie creuse et médiocre. Même s'ils possèdent un immense savoir, leur vie n'en est pas moins médiocre, pétrie de contradictions, malheureuse et sans unité aucune. Tout cela est d'une grande pauvreté, et ces gens gaspillent leur existence à vouloir acquérir la richesse intérieure, à cultiver diverses formes de vertu-et autres billevesées. Non que la vertu ne soit pas nécessaire ; mais la vertu, c'est l'ordre, et l'ordre ne peut être compris que lorsqu'on a exploré à fond le désordre qui règne en soi. Nous menons, il est vrai, des vies désordonnées : c'est un fait. Le désordre, ce sont les contradictions, la confusion, la diversité des désirs péremptoires, les actes démentant les paroles, les idéaux auxquels on s'accroche, et le clivage entre soi-même et ces idéaux. Le désordre, c'est tout cela, et lorsque vous en prenez conscience et que vous y accordez votre attention pleine et entière, cette attention fait éclore l'ordre, c'est-à-dire la vertu- qui est quelque chose de vivant, que nul artifice, nulle pratique n'ont jamais défiguré.
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Videos de Jiddu Krishnamurti (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jiddu Krishnamurti
Extrait du livre audio « Un esprit calme et silencieux » de Jiddu Krishnamurti, traduit par Colette Joyeux, lu par Jean-Philippe Renaud. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/un-esprit-calme-et-silencieux-9791035413361/
>Religion comparée. Autres religions>Religion comparée>Expérience, vie, pratique religieuse (30)
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