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EAN : 9782253149736
252 pages
Le Livre de Poche (06/12/2000)
2.75/5   8 notes
Résumé :
Gloria Harrison vient de perdre sa tête, qui était à la fois son outil de travail et son organe sexuel, comme disait elle-même cette traductrice adepte du plaisir avant tout cérébral. On la retrouve décapitée, donc, à Santa Barbara. Que va devenir Jerry, son enfant sourd, sans mère ? Et qui a bien pu commettre pareille horreur, d'autant que Gloria paraissait parfaitement inoffensive ? Le brave commissaire N... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce polar, qui date de 1996, précède donc Meurtre à Byzance, que j'ai lu il y a plusieurs années ; mais j'y ai retrouvé quelques éléments communs : le commissaire mélomane et dandy Northrop Rilsky, l'État imaginaire et corrompu (sans doute méso-américain) de Santa Barbara, et enfin l'insupportable journaliste franco-santabarbaroise, pseudo-intellectuelle culturo-salonesque, crypto-psy, parisienne, imbue d'elle-même Stéphanie Delacour, qui prend la parole de la narratrice dans de multiples chapitres du récit.
Ce livre n'a rien pour plaire aux amateurs du genre noir : le cadavre étant là, décapité et poignardé dès l'incipit, l'enquête ne commence véritablement que dans la Deuxième partie, quelque 80 p. plus tard. La Première partie est narrée par l'horrible Stéphanie, ce qui accentue l'impression d'avoir affaire à une pénible logorrhée, bête et pleine de suffisance intellectuelle. On a du mal à s'apercevoir qu'on en retient néanmoins quelque chose : outre une iconographie des décapitations picturales et des statues étêtées tirées des oeuvres exposées au Louvre et ailleurs..., un magnifique portrait psychologique de la victime, Gloria la traductrice, dont la tête manquante était « l'organe sexuel », Gloria doublement frustrée dans sa vie de femme et surtout de mère d'un enfant handicapé, déficient du langage, qui plus est.
La Deuxième partie peut déplaire aussi, pour deux raisons : le huis clos des interrogatoires est banal, sans rebondissement, et il dévoile assez vite que l'assassinat ne résout pas le problème, ni n'inculpe pas qu'un seul suspect ; en fait, le crime est triple sur le même corps, et la suppression de la vie de la victime, peut-être même involontaire, n'en constitue sans doute pas l'aspect le plus tragique. La deuxième raison est que, si tous les suspects suscitent une pareille répugnance chez le lecteur, celui-ci ne peut pas non plus rehausser son moral par une saine identification avec les deux ni même un seul des détectives : Rilsky et Stéphanie. Tous les personnages de ce roman, la victime, les suspects, les coupables et les détectives sont également odieux et passablement énervants.
La Troisième partie redistribue les cartes en provoquant une confusion supplémentaire quant aux statuts de la victime et des coupables. Là encore, il n'y a pas d'enquête ni de suspense, mais juste du profilage psychologique instillé au lecteur par le truchement d'un certain dégoût pour les personnages. La compréhension du titre, qui ne prend son sens qu'après avoir refermé le livre, relève exactement du même procédé.
Si l'on accepte de juger l'ouvrage selon les deux seuls critères suivants : le bousculement des canons du genre et la vivacité, la vraisemblance, la violence des personnages, le livre est une réussite. le style, qui varie selon les narrateurs, est âpre, dissonant, dérangeant, très étudié. Si l'on s'attend à autre chose, et particulièrement au bien-être de la lecture, on ferait bien de passer son chemin. Néanmoins, je me suis obstiné et ai déniché un passage intéressant sur le bilinguisme, qui constitue ma 3e cit.
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Ceci est un roman pour le moins déconcertant. Je n'arrive pas à savoir si j'ai aimé ou détesté, chose certaine c'est une lecture perturbante.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Gloria gisait dans une flaque de sang, décapitée. La robe du soir en satin ivoire de Gloria, les bras ronds, les longues mains manucurées de Gloria, la montre Cartier, le diamant à l'annulaire gauche, les jambes bronzées, les escarpins assortis à la robe : aucun doute, c'était bien Gloria, rien n'y manquait, sauf la tête. « Mon organe sexuel », plaisantait-elle par allusion au plaisir cérébral que lui procuraient ses activités de traductrice et au déplaisir non moins violent que lui causaient ses migraines. « Mon outil de travail », corrigeait-elle parfois. Et voilà qu'elle en était séparée, de son organe ou de son outil, ce qui la rendait presque anonyme. Presque. Car, tête ou pas, tout le monde pouvait reconnaître Gloria Harrison. Certes, la chevelure rousse et les yeux vert-de-mer n'étaient plus là pour le dire, mais les doigts nerveux, le galbe des cuisses de gymnaste, les fines chevilles et surtout les seins arrogants qu'elle savait pointer si ostensiblement, même s'ils avaient commencé à fléchir au cours de ces dernières années, étaient là pour affirmer que c'était bien elle. Des seins indiscutables, donc, qui, pour l'heure, étaient, comme toujours, parfaitement pris dans le bustier de la robe du soir dont le satin ivoire s'ornait, à gauche, d'une envahissante tache écarlate. Blessure au couteau, apparemment.
Rien de plus lourd qu'un corps mort. Et la pesanteur du cadavre s'accroît davantage encore si la tête vient à manquer. Un visage - qu'il soit placide, livide ou déformé par la mort - donne du sens au corps et par conséquent l'allège. Les yeux, fussent-ils éteints, écarquillés ou exophtalmiques, la bouche, fût-elle tordue, sanglante ou tuméfiée, les cheveux, fussent-ils arrachés, plaqués sur le crâne ou en désordre, tous sont les nécessaires vecteurs d'une expression qu'on soupçonne être celle de la mort. Mais, sans yeux ni bouche, sans tête ni cheveux, un cadavre n'est plus qu'une pièce de boucherie. L'attraction terrestre le plaque irrémédiablement au sol, ses formes naguère érotiques retournent à l'empirisme le plus cru, à l'inutilité la plus absurde : il manque l'instrument ad hoc pour crier cette détresse acéphale. Amputé de la funeste exubérance que peint le masque des trépassés, le mort est deux fois mort. Non que la victime soit privée de son humanité ou même de sa personnalité, qui persistent au contraire, minutieusement sculptées dans le torse décapité, dans les membres déjetés, dans l'abandon de la posture ; mais la folie, qui est le sceau de l'humain et que trahit le visage, demeure - si cet indice capital fait défaut - littéralement invisible. Le cadavre étêté expose alors une substance qui se serait débarrassée de son délire consubstantiel. Ou plutôt qui l'aurait résorbé dans un paysage anatomique et viscéral auparavant recouvert de cette continuation des traits qu'est le vêtement. Cependant, ou à l'opposé, le cou tranché et le trou sanglant qui s'y creusait attestaient qu'un acte proprement - ou salement - humain avait bien eu lieu, inspiré pour de bon par la folie à un autre humain en tous points semblable à celui dont la chair neutralisée gisait devant moi, cruellement dépourvue des signes de sa folie et donnant par conséquent cette idée si frustrante de la condition humaine. Bref, il ne restait de Gloria qu'un calme bloc échoué sur terre après qu'un obscur désastre lui eut ravi son air affolé, à l'instant même où un spécimen de l'espèce en question se livrait à un acte dément, autrement plus humain, car anonyme et en ce sens universel. Vous l'avez compris, j'étais perdue.
– Évidemment, personne n'a vu la tête !
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3. « Renaître dans une autre langue, Stéphanie était prête à l'admettre. Personnellement, elle n'avait ni la même voix ni les mêmes pensées dans ses deux langues, mais il lui semblait que jusqu'à ses seins, son dos, son ventre, ses cuisses, ses mains changeaient eux aussi lorsqu'elle passait du français au santabarbarois. Une sorte de mort suivie d'une résurrection qu'elle s'entraînait à expérimenter lors de chaque passage de la frontière, oubliant une Stéphanie trépassée d'un côté, en faisant revivre une toute neuve de l'autre. Au début, la migrante menait l'existence somnambulique d'une sorte de Frankenstein étourdi : elle faisait tout mais rien ne la touchait, et passait pour plus douée que les autres. Fausse impression, mais qui marchait : elle s'intégrait, comme on dit, se faisait accepter dans le nouveau code, y retrouvait un élément qui devenait son élément ; au point que le masque s'incarnait et qu'une personne vivante la relayait, qui regardait la première Stéphanie de loin, de haut, comme une dépouille – vieille mue de serpent abandonnée. La nouvelle langue pénétrait Stéphanie par l'intelligence ou par l'âme, en tout cas elle venait d'en haut – le professeur Zorine dit qu'elle entre par les couches supérieures du cortex, suit une voie descendante pour exciter à la fin seulement les sens, les organes, le sexe. » (pp. 235-236)
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Dégoût et passion suspendent le cours des heures propices : il faut être hors-temps pour machiner une hors-vie.
– Quelle saloperie, Commissaire ! De toute ma carrière, j'ai jamais vu un putain de boulot aussi nickel.
Le chef de la police et son adjoint étaient garés devant la grille dans une voiture banalisée noire au plafonnier allumé. Le jardin était plein de flics, mais nul n'avait encore prévenu les journalistes, mes confrères. Je déteste leur horde bardée de calepins et de magnétophones, jamais mieux appâtée que par les plaies et l'hémoglobine, et j'essayais de me fondre parmi le corps médical ou judiciaire, histoire d'éviter qu'on me prenne pour un de mes lubriques collègues. Bientôt les projecteurs aveuglants de la télé se mêleraient aux éclairs rouge et bleu des gyrophares, et notre chère Gloria serait promue au rang de star médiatique. Servie en guise de dessert au journal télévisé. Quelques secondes. Peut-être une minute ou deux. Décapitation oblige. Œuvre d'un serial killer ? Crime passionnel ? J'étais là pour essayer de trouver la réponse à ce meurtre aberrant qui, visiblement, dépassait les compétences du brave Northrop Rilsky.
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Ah, coléreux Caravage qui se plaît à éclairer a giorno ses visages de carton-pâte ! C'est peu dire qu'il aime les têtes coupées - il les adore, les encense ; il mérite à coup sûr la palme du Grévin grimaçant pour ses décollations en cire et en série. Je les revois d'ici : sa Judith héroïque et dégoûtée devant un Holopherne bouche bée par où s'épanche un écheveau de laine rouge amidonnée ; son Isaac à l'innocence de Barbe-Bleue qui hurle sous la poigne d'un Abraham sourd et aveugle au doigt de l'Ange pointé en vain sur le bélier providentiel. Et si le chef mélancolique de son Baptiste, qui commence à se gâter sur un plateau, laisse Salomé indifférente, il ne manque pas de mettre en transe la rude esclave cramponnée aux saints cheveux. Le peintre vagabond n'hésite pas à confier aux mains d'un David consterné le cap branlant du sinistre Goliath qui arbore ses propres traits, faciès de criminel loué pour la circonstance au magasin des accessoires de la Commedia dell'arte.
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2. « Il ne se battait pas contre les moulins à vent de Santa Barbara, et son sens des réalités lui dictait parfois de renoncer à punir. Une esquive qui le faisait passer auprès de Stéphanie pour un étourdi, un faible qui ne décèle pas toute l'ampleur du Mal, un paresseux qui ne milite pas suffisamment pour le dénoncer. […]
En réalité, le véritable paradoxe de Rilsky consistait à vouloir concilier son goût de la justesse ("au sens musical du terme", insistait-il auprès de Stéphanie), lequel était sans concession, et l'impossibilité de l'appliquer dans le brouhaha d'une société qui n'en voulait pas. Il prenait alors le parti des victimes sans misérabilisme, incarnait la loi quand personne n'en était plus capable, mais ne s'exposait ni à l'inaction ni aux représailles des autorités gouvernementales dont nul n'ignorait plus combien elles étaient devenues corruptibles. Un sait fourvoyé chez les voyous, qui savait composer avec leurs combines, quitte à passer pour un gogo, mais à condition de rester juste. » (p. 102)
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