AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,44

sur 71 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
“ce n'est pas en écrivant que les idées arrivent” déclarait l'écrivaine hongroise d'expression française Agota Kristof.

A l'occasion d'un documentaire, l'écrivaine, disparue en 2011, racontait comme l'inspiration la saisit à tout instant du quotidien, en marchant, en faisant le ménage, en travaillant à l'usine où l'on a pas à se concentrer sur la tâche d'automate que l'on commande au cerveau humain.

Ce recueil de 25 textes, sortes d'affabulations réalistes, paru en 2005, est une expérience de jouissance (au sens Barthésien du terme ! je vous vois venir…), car l'écrivaine suisse d'adoption, déconcerte le lecteur par l'anatomie de ses textes, elle va droit au but de ce qu'elle veut écrire, sans s'embarrasser d'amener doucement l'action par des prolégomènes facultatifs.
Et si la nouvelle ne fait qu'une page, qu'importe, c'est une modernité qui n'est pas sans rappeler les fragments de Barthes ou de Cioran.
Son style diaphane, ciselé, est au service d'une émotion brute, sans suggestion, le lecteur la chope ou passe à coté. Les situations nous sont parfois lointaines mais jamais étrangères. L'empathie pour le spleen de personnages à peine croisés évoque également la fugacité produite par le haïku japonais.

Les venins de la folie, du désespoir, de la solitude violacent chacun de ses grains de vie.
La machine humaine s'enraye, et en même temps qu'elle quitte doucement l'impératif du sens, tout devient plus clair. Je pense par exemple à la nouvelle “La maison” où le personnage se rappelle la maison de son enfance et commence à lui parler “tu as pris quelqu'un d'autre, tu ne m'aimes plus” lance le personnage à la maison, et celle-ci de répondre un peu plus loin “tu vois comme tu m'as oubliée (…) pourquoi es tu parti ?”

Pourquoi “c'est égal” ? Eh bien peut-être parce que Kristof ne porte aucun jugement sur les situations que vivent ses personnages ni ne tente d'interférer dans leur destin…qu'importe, aucune victoire cathartique sur le spleen n'est concédée au lecteur.

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          865
Recueil de vingt cinq petites nouvelles inspirées de ses rêves, de son enfance, souvent noires, tristes, glauques, absurdes.

Il m'en reste des images de maison, de nuit, de train, de mort.
Commenter  J’apprécie          303
✨ « Ils sont assis là, sur une terrasse de bistrot. Ils regardent les gens passer. Les gens passent, comme d'habitude, comme n'importe qui, comme il faut, ils passent.
Les gens aiment passer à leur tour. »
(P.34)

⭐️ Photographies du quotidien, extraits d'une routine lancinante, manifestes d'un désespoir ambiant, Agota Kristof saisit avec précision et cynisme toute la cruauté d'une vie dénuée de sens, entre présences et absences, entre fiction et réalité. Qu'il s'agisse de la mort d'un père, de la solitude d'une épouse le soir de son anniversaire, le désespoir d'un enfant perdu, un seul thème transparaît inlassablement dans chacune de ces 25 nouvelles : l'impossible solitude de chacun.

✨ « Je pense qu'au dehors il y a une vie, mais dans cette vie il ne se passe rien. Rien pour moi. »
(P.100)

⭐️ A quoi bon attendre ? A quoi bon espérer ? L'émotion qui sous-tend ces textes est palpable : le vide est incommensurable, qu'il soit en nous, dans nos actes ou nos paroles, dans ceux de nos proches, de parfaits inconnus ou des êtres aimés…

✨ « Madeleine vide les cendriers, ramasse les bouteilles vides, les verres sales, les morceaux de verre brisé, débarrasse la table. Avant de se mettre à faire la vaisselle, elle va a la salle de bains, et elle se regarde longuement dans le miroir. »
(P.90)

⭐️ Quel est LE sens ? L'essence de la vie ? Agota Kristof s'est créé un univers propre dans lequel elle explore les infinies possibilités, les mystères troublants, les doutes persistants…
Commenter  J’apprécie          70
Exercice particulièrement difficile que celui de la micro nouvelle, et là, il y a quelques (micro) pépites
Commenter  J’apprécie          60
On ne peut pas s'empêcher de rapprocher ces textes de la trilogie des jumeaux. L'écriture limpide d'Agota Kristof est déjà là, mais il s'agit avant tout d'exercices de style, d'un travail de jeunesse. Ces textes courts sont à lire plutôt comme une poésie en prose à comparer par exemple à celle d'Eugène Savitzkaya. Les observations sont souvent piquantes, ironiques parfois cruelles, mais justes ou encore émouvantes.
Commenter  J’apprécie          40
Nouvelles qui se succèdent, dans une atmosphère semblable à celle que l'on retrouve dans "la trilogie des jumeaux".

J'ai surtout adoré celle du cambrioleur... elle est magnifique dans son écriture, sublime dans sa chute, et tellement poétique pour un sujet...comme celui-là!^^

A lire!!! même si vous ne comprenez pas tout! laissez vous emporter par cet univers intriguant!
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (155) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvain Tesson

Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

histoire
géographie
russe
urbanisme

10 questions
327 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

{* *}