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L'analphabète » de la Hongroise Ágota Kristóf, qui écrit directement en français sa courte biographie (2021, Editions Zoe, 78 p.). Née en 1935 à Csikvánd en Hongrie, elle fuit son pays par la forêt en 1956, avec sa fille, âgée de 4 mois, et son mari. Elle aboutit en Autriche, puis en Suisse à Neuchâtel
Une courte nouvelle en forme d'autobiographie. « Je lis. C'est comme une maladie ». je lis tout ce qui tombe sous la main, sous les yeux : journaux, livres d'école, affiches ; bouts de papier trouvés dans la rue, recettes de cuisine, livres d'enfants. Tout ce qui est imprimé ». Cela se passe quand « j'ai quatre ans ». « L'envie d'écrire viendra plus tard, quand le fil d'argent de l'enfance sera cassé, quand viendront les mauvais jours et arriveront les années dont je dirai : « Je ne les aime pas » ».
Elle naît et grandit en Hongrie, fille d'un instituteur et d'une enseignante en arts ménagers. Après des études à Köszeg, à proximité de la frontière autrichienne et de la ville de Lockenhaus. C'est une ville où a lieu est un festival annuel de musique de chambre (Internationales Kammermusikfest Lockenhaus), fondé par le violoniste
Gidon Kremer. Pendant deux semaines, se produisent des jeunes musiciens et compositeurs, avec un programme orienté vers la musique contemporaine.
A partir de 1944, la famille s'installe à Szombathely, où Agota passe un bac scientifique. Après la mort de Staline en 1953, et la répression par l'armée soviétique de la révolte de 1956, elle s'enfuit avec sa fille et son mari. le père devenu professeur de maths-physique, sera arrêté. Elle reste mystérieuse sur l'épisode, mentionné dans
l'Analphabète : «Père est en prison et nous n'avons aucune nouvelle de lui depuis des années ». Elle commence à écrire, notamment sa trilogie, qui comprend son premier roman, «
le Grand Cahier » (1986), puis «
La Preuve » (1988) et «
le Troisième Mensonge » (1992. le tout est publié sous le titre de « La Trilogie des Jumeaux » (2011, Seuil Opus, 1040 p.).
Pour apprendre le français, elle s'impose de petits exercices d'imagination qui formeront « le défi d'une analphabète ». Elle livre aussi cette définition « C'est en devenant rien du tout qu'on peut devenir écrivain ». Ecrits vains, ce serait également une excellente définition pour d'autres plumitifs.
Quant à la genèse de cet opuscule. « Ces textes ont été écrits pour une revue de Suisse alémanique. Chaque mois, je devais donner une grande page, deux feuillets et demi, qui étaient ensuite traduits en allemand. Je devais trouver quelque chose à écrire et c'est ça qui me passait par la tête ». Mais elle avoue « Ces petits textes me retardaient beaucoup dans l'écriture de mon roman. C'était pour moi une contrainte très lourde d'avoir à remettre un texte par mois ! ». Puis, elle s'arrête d'écrire.
« Je ne sais ni lire, ni écrire. Je suis une analphabète », avoue t'elle. Que dire et penser d'autres écrivaillons qui sont dans le même cas, mais qui produisent d'épais objets en papier, que certains libraires revendent fort cher, avec une prétention d'en faire des objets de culture.