AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 548 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors qu'ils n'avaient que quatre ans, un terrible drame a séparé les frères jumeaux Klaus et Lucas.
Pendant de longues années, les deux frères vont se rechercher et pour pallier à la souffrance et à l'attente, ils apprennent à mentir.
Cinquante ans ont passé, Lucas retrouve enfin Klaus, mais est-il encore temps de recoller les morceaux de ces deux vies brisées ?
Ces retrouvailles seront-elles guidées par un dernier mensonge ?

Il est toujours bon de se replonger dans le passé, d'y dénicher des trouvailles, de découvrir ou redécouvrir des oeuvres qui méritent encore et toujours que l'on parle d'elles.
La romancière d'origine hongroise Agota Kristof, qui avait fui le régime et la répression de sa Hongrie natale pour s'installer en Suisse dans les années 1950, est décédée à la fin du mois de Juillet de l'année 2011 (27/07/2011).
A la fin des années 1980, on avait pu découvrir sa plume épurée, concise et déroutante grâce au « Grand cahier », premier volet d'une trilogie qui se poursuivra avec « La Preuve » puis « le troisième mensonge » et viendra hisser la romancière expatriée au rang des grands noms de la littérature contemporaine.

La trilogie des jumeaux ou le récit désarmant des destins tragiques et perturbés des frères Klaus et Lucas, est une oeuvre éminemment confondante d'assainissement du superflu, de volonté affichée d'aller au coeur du mot et de la phrase pour en tirer le jus intime, comme une éponge que l'on tord pour en faire sortir la dernière goutte d'eau.
L'oeuvre d'Agota Kristof est ainsi, dans la purification du verbe par l'épure, dans une aura d'étrangeté distillée au coeur des choses, dans un sentiment d'éternelle désillusion qui renvoie aux années de persécutions et de dictature.

Bref récit à l'atmosphère sombre, « le troisième mensonge » aborde le thème de l'enfance brisée avec originalité et une émotion distante, refoulée.
L'écart entre le ton et le thème, la marge volontaire que trace l'auteur entre le style dépouillé de son phrasé et les sujets brutaux et délétères qu'elle invoque, instaurent un climat de malaise et de trouble, un sentiment chargé d'intensité, à la fois dérangeant et singulièrement captivant.
L'alternance d'épisodes présents et passés donne un caractère étrange au récit dans la première partie, pour atteindre toute sa puissance dans la seconde où tous les éléments se mettent en place pour éclairer le lecteur habilement perdu par l'auteur dans les méandres d'une histoire tortueuse d'une fascinante opacité.

Ce «Troisième mensonge », récompensé par le Prix du Livre Inter en 1992, est un superbe roman, triste et troublant, un livre chargé d'émotion contenue à l'instar de toute la Trilogie des jumeaux.
A lire, à relire, à découvrir…
Commenter  J’apprécie          770
C'est la première fois.. . que je lis une « série »… en sautant un volume . Prise par ma lecture du « Grand cahier » d'Agota Kristof, je me suis rendue à ma médiathèque pour emprunter les 2 autres textes, faisant suite : « La Preuve » et « le Troisième mensonge ». Malheureusement « La Preuve » était totalement indisponible (perdu ou je ne sais !)… je n'ai pu m'empêcher de repartir avec le dernier de la série, lu en 2 soirées...

Toujours aussi perplexe ; comme nombre de lecteurs, perdue entre le rêve, la réalité, les mensonges des « personnages »…je vais me commander le deuxième tome, et relirais une seconde fois l'ensemble, tant l'oeuvre est à la fois cinglante, fascinante, déroutante, alternant différentes appréhensions de la réalité.
Dès que nous nous sentons un peu stabilisés dans une certaine « réalité »… l'auteur détourne ce qu'elle vient de faire dire à ses personnages… et le doute, les questions sans réponse ressurgissent, se poursuivent…sans fin

Toujours est-il, que dans ce « Troisième mensonge »… nous poursuivons le parcours des « jumeaux » à travers la seule parole de klaus, devenu typographe et « écrivain », à la recherche de son double, blessé grièvement… et disparu, on ne sait où et dans quelles circonstances. On ne l'apprendra que beaucoup plus tard…

Difficile de cerner cette oeuvre magistrale. La douleur de vivre absolue, le non-sens de l'existence poussés à son paroxysme, causés par la guerre, mais pas seulement. On découvre dans ce dernier volet, la révélation d'une terrible tragédie individuelle, familiale, qui a fait exploser le noyau familial où étaient nés klaus et Lucas, « Les jumeaux »…parallèlement aux horreurs et traumatismes de la guerre…J'achève cette note de lecture plus que succinte et imparfaite, par la transcription d'un extrait, qui donne un peu de la tonalité de « l'univers d'Agota kristof »

« Je me couche et avant de m'endormir je parle dans ma tête à Lucas, comme je le fais depuis de nombreuses années. Ce que je lui dis, c'est à peu près la même chose que d'habitude. Je lui dis que, s'il est mort, il a de la chance et que j'aimerais bien être à sa place. Je lui dis qu'il a eu la meilleure part, c'est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d'une inutilité totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l'invention d'un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l'entendement. « (Ed. du Seuil, 1991, p.179)

Commenter  J’apprécie          440
Suite et fin de la trilogie, qui à nouveau rebat les cartes après la déroutante fin du deuxième volume, « la preuve ».
Ce troisième opus ne l'est pas moins, d'ailleurs, loin s'en faut. Si l'on retrouve le style sec et oppressant du premier volet « le grand cahier », l'auteure nous entraîne ici dans un labyrinthe de narrations qui se chevauchent et se répondent. Faisant intervenir tantôt un frère, tantôt l'autre, avec de multiples références aux événements relatés précédemment mais par bribes ou sous des angles radicalement différents, ces narrations semblent nous perdre dans une série de réalités parallèles comme autant de rebondissements dont on peine à extraire la vérité.

Il y a bien eu drame, cependant, à l'origine du traumatisme que cette fin nous révèle. Un drame familial au milieu du drame, plus vaste, de l'expérience totalitaire et désenchantée qu'a connu le pays dans lequel la tragédie s'est jouée.
D'où peut-être tous ces récits mêlés de vérités et de mensonges, d'où ce frère peut-être inventé, d'où peut-être ces cahiers remplis d'une littérature plus supportable que le réel.

Commenter  J’apprécie          390
Dans ce dernier volet de la trilogie, Agota Kristof brouille les pistes avec un talent indéniable. Toutes nos certitudes sont mises à mal dans la première partie du roman, laissant le lecteur décontenancé, perplexe, voire contrarié (tout ce en quoi j'ai cru était donc faux ??). Les retrouvailles entre les jumeaux cinquante ans après ont-elles bien lieu ou sont-elles inventées de toute pièce par un esprit malade ? Les questions sont nombreuses, les réponses le sont moins par contre…


Cela dit, la deuxième partie du roman apporte tout de même des éléments de réponse. Peu à peu, les morceaux du puzzle s'encastrent et laissent apparaître une nouvelle interprétation de l'histoire. Une fois « le troisième mensonge » refermé, il ne reste qu'une envie : reprendre les deux premiers tomes pour faire le lien. Une trilogie qui agit comme un prisme, où chaque volume se lit au regard des deux autres. Un récit déstabilisant, mené d'une main de maître.
Commenter  J’apprécie          350
Et bien ce troisième opus ne répond à rien et répond à tout. Désormais c'est Claus enfin plutôt Klaus qui prend la plume. Lui le frère disparu raconte, se raconte ou tente de se raconter..... Vous n'y comprenez rien, c'est normal. le troisième mensonge, la conclusion de cette trilogie est une aventure littéraire. L'auteure monte et démonte tout ce qu'elle a bâti. Qui est Lucas, qui est Carl, qui est Karl, quel est l'origine de leurs vies.

Alors on est baladé, perdu, on perd toutes les explications que l'on avait patiemment échafaudées, mais il y a "La chose", celle qui est la cause de tout, peut-être.... Oui peut-être car finalement seule Agota Kristof, qui à l'image de Klaus et Lucas, cherche à épurer l'histoire pour n'en garder finalement que la substance essentielle, l'oppression, l'occupation, la guerre, le mal et l'isolement.

Dans ce final il faut vous préparer, l'auteure reconstruit puis démolit, chacun se fera son histoire, croira détenir la vérité mais il n'y a pas une vérité ou la vérité est faite de mensonges, mis un à un comme on construit une maison qui repose désormais sur des fondations qui ne sont que ce que l'auteure a voulu qu'elles soient.

C'est un exercice de style périlleux, dangereux car le moindre écart peut faire écrouler l'édifice. Alors certes, j'ai eu des moments de perte de sens, d'incompréhension, je naviguais entre passé, présent, imaginaire et réalité mais c'est une expérience dont je me souviendrais longtemps et je comprends désormais pourquoi lors de ma première lecture j'en ai gardé un souvenir à la fois de mal-être, de noirceur mais aussi d'originalité.

"Je lui réponds que j'essaie d'écrire des histoires vraies mais, à un moment donné, l'histoire devient insupportable par sa vérité même, alors je suis obligé de la changer. Je lui dis que j'essaie de raconter mon histoire, mais que je ne le peux pas, je n'en ai pas le courage, elle me fait trop mal. Alors, j'embellis tout et je décris les choses non comme elles se sont passées, mais j'aurais voulu qu'elles se soient passées. (p14)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          200
Troisième volet de la trilogie des jumeaux.
Cette fois, c'est Claus qui parle, celui qui a passé la frontière.
Mais ici, Agota Kristof nous perd complètement.
On ne sait plus qui est qui, s'il y a eu des jumeaux ou si tout n'était qu'illusion.
Les conséquences de la guerre ? de toutes les horreurs vécues par les hommes, les femmes et les enfants ?
Les viols, les violences faites aux enfants, les maltraitances de toutes sortes font partie du quotidien d'un monde complètement déjanté. On se trouve face à l'irresponsabilité totale des adultes, et dans un régime politique totalitaire, où la liberté reste la quête absolue.
Dans un pays qui a connu la guerre, qu'en est-il de celui qui reste, qu'en est-il de celui qui s'enfuit ?
Les jumeaux ont ils existé ou pas ? Qu'en est-il du drame familial ?
J'avoue avoir été un peu perdue dans l'histoire, mais peut-être la lecture doit se faire à plusieurs niveaux et mérite dy revenir plusieurs fois. Il y a de nombreux sens au delà du sens.
Commenter  J’apprécie          174
Ce troisième et dernier opus de la trilogie est un excellent terminus pour ce style sec, parfois méchant, ces phrases courtes, ces dialogues acides et tristes, le flou complet dans cette recherche identitaire, cette dualité, ce jumeau qu'on attend, qu'on croise, qu'on perd, qui disparaît... L'exil, la liberté, être soi, faire ses devoirs, écrire la réalité ou le mensonge. Jouer. Travailler. Souffrir. Mourir.
Ce terminus me fait aimer encore plus les deux précédents. (Le deuxième est moins abouti, mais il est charnière, c'est jamais vraiment abouti une charnière ?).
Bref. Lisez Agota Kristof, elle est tarée, étrange, et c'est bon.
Commenter  J’apprécie          140
le troisième mensonge clôture la trilogie des jumeaux. Dans celui-ci on retrouve nos deux frères. Quoi que !
Difficile de s'y retrouver entre le vrai, le mensonge, la fabulation, l'aliénation. Ce mélange en fait un roman fascinant, captivant, dérangeant et troublant. Une fin qui nous laisse sur des questionnements qui nous hanteront longtemps. L'histoire, en fin de compte, ressemble plus à la réalité qu'au roman. La vérité est toujours ambiguë et chacun a la sienne surtout dans une famille. Agotina Kristof nous le prouve avec son style atypique et incisif. du grand art.


Commenter  J’apprécie          130
La dernière partie de la trilogie des jumeaux par Agota Kristof. Dans le premier tome " le grand cahier ", nous découvrions des jumeaux abandonnés par leur mère à la campagne chez une grand-mère qui ne voulait pas d'eux. le récit se déroulait dans un pays indéterminé ravagé par la guerre. Nous suivions l'évolution des jumeaux qui n'avaient aucune règle, étaient livrés à eux même et s'avéraient dépourvus de morale. Dans la deuxième partie " La preuve ", les jumeaux sont séparés. Klaus a passé la frontière. L'auteur s'attarde sur le devenir de Lucas. La dernière partie de cette trilogie nous expose le destin de Klaus et de sa recherche inlassable d'un frère perdu. Mais ce frère existe-t-il vraiment ? Cet écrit est toujours simple et dur, mais a toutefois un peu perdu en intensité par rapport aux 2 premiers tomes. Il est toutefois captivant de distinguer enfin le vrai du faux de cette histoire, même si le doute persiste : la vérité n'est-elle pas un mensonge de plus ?
Commenter  J’apprécie          120
Ainsi s'achève La Trilogie des Jumeaux. Les deux frères reprennent le cours du récit avec, procédé remarquable pour une oeuvre comprenant plusieurs tomes, un ultime changement de point de vue narratif, par l'emploi du "Je" à visée autobiographique. le lecteur médusé - au point d'être fortement tenté de reprendre la critique des deux précédents opus pour ne pas passer pour un benêt, découvre que les premiers récits n'étaient qu'affabulation, substitution, reconstruction des faits. le procédé est fort habile mais plutôt dérangeant. Bien entendu la romancière construit toujours des fables qui se veulent crédibles, mais là, quelque part le pacte entre l'autrice et le lecteur est rompu. Où se trouve la véritable version des faits, l'ultime mouture est-elle vraiment la version définitive de la vérité relative? On reste sur son séant, sur le bord du chemin. Cela en fait un récit polémique très remarquable par cela même qu'il prête le flanc à la controverse. La Trilogie est une oeuvre radicalement sombre et pessimiste qui se laisse difficilement oublier.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (1110) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3175 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..