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Guy Krivopissko (Éditeur scientifique)François Marcot (Préfacier, etc.)
EAN : 9782847340792
367 pages
Tallandier (06/05/2003)
4.36/5   14 notes
Résumé :

« Avec mes camarades nous avons été jugé ce matin à Fresnes, et comme je m’y attendais, nous avons tous les vingt-cinq été condamnés à mort. » « Adieu la mort m’appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous, c’est dur quand même de mourir…» Pour le reste, tu as vécu ma vie. Elle fut tragique et j'étais marqué par le destin... >Voir plus
Que lire après La vie à en mourir. Lettres de fusillés, 1941-1944Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Guy Krivopissko est historien, spécialiste de la Résistance, conservateur au musée de la Résistance nationale.
Ces dernières lettres, derniers mots écrits avant la mort, ces voix d'outre-tombe sont émouvantes.
Dans ces lettres, les condamnés s'inquiètent pour ceux qu'ils laissent dans le chagrin et disent leur foi en un monde meilleur.
J'ai été particulièrement touchée par le témoignage du curé de Béré-en-Chateaubriant qui se remémore la journée du 22 octobre 1941 où 27 otages furent fusillés.
Il y a aussi dans la postface, un poème ( voir les citations) de Robert Hossein écrit ( en 1943) une nuit après l'exécution de son oncle Lova Minevski, lisez ce poème et vous comprendrez.
François Marcot (professeur d'histoire) écrit :
"Tous ces résistants exécutés ont combattu pour leur liberté et pour celle de leurs enfants- c'est-à-dire la nôtre.Même si notre société n'a rien de commun avec celle contre laquelle ils se sont levés, là où nous sommes, pourtant, les derniers écrits des fusillés s'adressent à nous : qu'avons-nous fait de la société qu'ils nous ont léguée ? Qu'avons-nous fait de leur idéal de solidarité ? Quelle signification avons-nous donnée à leur mort ? "

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Emouvant, historique, interrogateur : qu'aurais-je écris dans cette situation ? Comment me comporterais-je si l'on m'annonçait que j'allais être fusillé dans quelques heures ?
Un très grand respect pour ceux qui ont écris ces derniers mots remplis de courage en pensant surtout à la douleur de leurs proches .
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Comment ne pas frémir en parcourant ces lettres de fusillés de la seconde guerre mondiale? Elles nous plongent dans une intimité proche du voyeurisme parfois mais sont indispensables pour qui veut apprendre, comprendre et se souvenir de la mise à mort des résistants pendant la seconde guerre. Jamais de peur chez ces prisonniers lors de leurs derniers instants mais un courage et un honneur indescriptibles, une force et un amour qui forcent au respect total. Point de fanatisme politique ni militaire ici car la tristesse transpire des lettres mais l'espoir pour la liberté et la vie sont bien là et portent les victimes. Beaucoup de lettres d'ouvriers, de paysans, de communistes et de socialistes, d'anciens militaires... mais où sont donc les chefs d'entreprises? Où sont les bourgeois?
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Demain matin à 4 h, je serai fusillé, si je n'ai pas la grâce. Je vais essayer d'analyser l'état d'esprit d'un homme près de la mort, près d'elle que vous redoutez tant.Tout d'abord je remarque que ceux qui pensent aux condamnés à mort comme j'y pensais ont une tout autre idée de la réalité.Ils se figurent que les dernières heures des condamnés doivent être terribles.Eh bien, non ! l'homme est né pour survivre et sa nature s'adapte à toutes les situations. On a comme une sensation de vide autour de soi. On sent qu'on n' appartient plus à la terre. La voix humaine, les bruits, la vie, quoi ! ne produisent pas sur nous les mêmes effets.L'impression nette que vous êtes coupé, que tout ce qui vous retenait à la vie a été dépassé, tous les fils de communication étant coupés, il est clair que vous ne ressentez plus rien; vous êtes sur du vide, du vide autour de vous, et les bruits vous semblent venus d'un autre monde...Il semble que la grande sagesse est dans les choses, dans les choses mortes, et je classe l'univers, en ce qui concerne la sagesse ainsi : les choses inertes, les plantes, et enfin ces êtres drôles qui remuent, gesticulent, parlent et qu'on nomme les hommes.Ils ne comprennent rien à la vie et sûrement que ces peuples de l'Inde qui cherchent l'immobilité sont près de la grande sagesse...
Extrait de la lettre de Jean Nicolini (décapité dans le"carré des fusillés" de Bastia le 30 août 1943) à ses camarades et à ses enfants
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La dernière nuit
Je suis allongé dans une cellule de pierre.
Ma tête est appuyée contre la pierre,

Mon corps est appuyé contre la pierre,
Comme de la colle.
Ma main caresse le mur qui glisse,
Le mur humide comme de la colle.
Je vais mourir dans quelques heures.
Cette dernière nuit est la plus courte
Naturellement...
Je vais mourir et je pense au futur,
J'ai cessé de me souvenir,
J'ai si peur de regretter.
Je demande pardon aux hommes de ma patrie
Morts pour ma liberté.
C'est bon.
Ô serons-nous vengés ?
Ô seront-ils punis ?
Je crois en Dieu.
Je crois !
Je suis allongé dans une cellule de pierre,
Je suis allongé dans un carré de nuit.
Toute chose est sans valeur pour moi à présent.
Je ne suis plus que nuit à présent.
Et je ferme les yeux,
Je dors,
Je rêve,
Le petit Poucet avec ses larges bottes,
Les bottes, les bottes, les bottes,
Déjà !

Alors je songe aux campagnes de France
Les soirs d'été.
Je songe aux nuages violets
Les soirs d'orage.
Je songe aux herbes mouillées
Les soirs de pluie.
Je songe
Aux chants des insectes,
Aux lumières dans les fermes,
Aux silences dans les bois,
Aux enfants dans les blés,
Et c'est un grand calme.
La porte de la cellule est ouverte.
Je suis sorti...
Parmi les bottes,
Je suis allé dans un monde meilleur.

Robert Hossein à son oncle Lova Minevski -juillet 1943-
"A mon oncle et à tous ceux qui, dans la nuit des prisons et des camps, nous ont légué l'amour de la liberté et de la vie, comme seuls héritages."
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Très Chers Parents,
Cette lettre va vous causer une très grosse peine, car c'est malheureusement la dernière que je vais vous écrire.En effet, quand vous la recevrez, je ne serai plus de ce monde, puisque demain matin, je serai fusillé par les troupes allemandes...
Je mourrai la tête haute, car je crois avoir fait mon devoir de Français.
D'autres ont eu mon sort, d'autres l'auront malheureusement encore.Mais c'est tout de même réconfortant de penser que, sûrement, notre sacrifice n'aura pas été vain.C'est une France jeune et forte qui sortira de la lutte, et peut-être cette guerre verra enfin l'union des peuples Européens se réaliser.C'était mon rêve le plus cher.Je ne le verrai pas, mais j'espère que d'autres le verront...
Extrait de la lettre de Charles Boizard ( 22 ans, fusillé le 19 avril 1944 à Toulouse) à sa famille
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Mes chers parents,...

Vous savez que je m'attendais depuis deux mois à ce qui m'arrive ce matin, aussi ai-je eu le temps de m'y préparer, mais comme je n'ai pas de religion, je n'ai pas sombré dans la méditation de la mort; je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l'arbre pour faire du terreau.
La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles.Je veux parler de la jeunesse française, en qui je mets tout mon espoir...
extrait de la lettre de Jacques Decour (torturé par les Français et les Allemands, il est fusillé au mont Valérien le 30 mai 1942) à ses parents et à sa fille
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Ma Jo bien-aimée,
Tout doit finir.On ne choisit malheureusement pas toujours la fin qui nous revient...
Sois comme moi, sans chagrin, sans douleur ! On vit pour demain, pas pour hier.Sèche tes yeux et reprends sans hésiter le rude combat pour la vie.Tu te le dois à toi-même.Tu le dois à notre chère Marie-Claude.
Tu dois vivre ! vivre intensément, boire la vie goulûment, t'en abreuver, car pour toi vivre ce sera me continuer.Ne t'épuise pas dans de vaines lamentations.Et si demain un compagnon t'est nécessaire pour t'aider dans le combat pour la vie, accepte ce compagnon.Tu ne feras pas injure à ma mémoire.Tu feras plus pour notre Marie-Claude.
extrait de la lettre de Pierre Rigaud (fusillé comme otage par les Allemands le 7 mars 1942) à son épouse
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Video de Guy Krivopissko (1) Voir plusAjouter une vidéo

Guy Krivopissko : La vie à en mourir lettres de fusillés 1941 à 1944
Pour parler du livre "La vie à en mourir Lettres de fusillés 1941-1944", Olivier BARROT a invité Guy KRIVOPISSKO qui a rassemblé pour les Editions Tallendier 120 courriers ultimes de résistants, condamnés à mort par les forces d'occupation allemandes.Olivier BARROT lit un quatrain écrit par Boris Vildé, l'un des fondateurs du réseau du Musée de l'Homme, extrait de sa dernière lettre à...
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie générale et généalogique (557)
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