"On reconnaît un discours de M. Jaurès à ce que tous les verbes sont au futur…" disait Clémenceau. C'est transposable pour Kropoktine qui fait beaucoup de "wishful thinking" et oublie une composante fondamentale dans son système, le vice humain. Mais, malgré tout, il y a quelques fulgurances, notamment sur le futur du socialisme d'Etat, qu'il appelle communisme autoritaire. Notamment, il explique que si le salariat n'est pas aboli, mais que seule la bourgeoisie l'est, eh bien les fonctionnaires deviendront une nouvelle classe dirigeante, puisqu'ils seront aux commandes des grands travaux publics. Ce raisonnement, avant même la Révolution de 1917, semble prédire les dérives du système soviétique. Cette idée du retour de la domination par d'autres têtes est d'ailleurs très bien exploité dans la Ferme des Animaux d'Orwell.
Commenter  J’apprécie         30
Le prince anarchiste nous invite à construire le monde autrement .Voulons nous une société sans état ,il explique meme si le propos peut paraitre désuet aujourd'hui que c'est possible de manière rationnelle .Notre civilisation n'est pas éternelle .C'est pour ça que je trouve qu'il y a des pistes intéressantes dans ce livre.
Commenter  J’apprécie         110
Les puits des mines portent encore, toutes fraîches, les entailles faites dans le roc par le bras du piocheur. D'un poteau à l'autre les galeries pourraient être marquées d'un tombeau de mineur, enlevé dans la force de l'âge par le grisou, l'éboulement ou l'inondation, et l'on sait ce que chacun de ces tombeaux a coûté de pleurs, de privations, de misères sans nom, à la famille qui vivait du maigre salaire de l'homme enterré sous les décombres.
Nous sommes riches dans les sociétés civilisées. Pourquoi donc autour de nous cette misère ? Pourquoi ce travail pénible, abrutissant des masses ? Pourquoi cette insécurité du lendemain, même pour le travailleur le mieux rétribué, au milieu des richesses héritées du passé et malgré les moyens puissants de production qui donneraient l’aisance à tous, en retour de quelques heures de travail journalier ?
Le jour où le travailleur des champs pourra cultiver la terre sans payer la moitié de ce qu'il produit ; le jour où les machines nécessaires pour préparer la terre aux grandes récoltes seront, en profusion, à la libre disposition des cultivateurs ; le jour où l'ouvrier de l'usine produira pour la communauté et non pour le monopole, les travailleurs n'iront plus en guenilles ; et il n'y aura plus de Rothschild ni d'autres exploiteurs.
Personne n'aura plus besoin de vendre de force de travail pour un salaire ne représentant qu'une partie de ce qu'il produit.
Soit, nous dit-on. Mais il vous viendra des Rothschild du dehors.
Pierre Kropotkine, 1892
(page 57)
Par le régime parlementaire la bourgeoisie a simplement cherché à opposer une digue à la royauté, sans donner la liberté au peuple.
Le peuple commet bévue sur bévue quand il a à choisir dans les urnes entre les infatués qui briguent l'honneur de le représenter et se chargent de tout faire, de tout savoir, de tout organiser. Mais quand il lui faut organiser ce qu'il connaît, ce qui le touche directement, il fait mieux que tous les bureaux possibles.
(page 113)