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Citations sur À la tombée du jour (12)

[ lorsque l'enfant tarde à paraître... ]
Ces temps-ci, nous faisons l'amour par obligation et non par envie. On fait l'impasse sur les préliminaires pour se plonger directement dans le vif du sujet, ce qui rend l'acte aussi agréable que de se brosser les dents ou faire la vaisselle. Tout comme nous accomplissons n'importe quelle autre tâche quotidienne, nous faisons l'amour de mauvaise grâce trois jours par mois, soulagés d'en avoir vingt-sept de répit.
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Je ne peux pas être morte puisque je ne suis pas née.
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Toute ma vie, j'ai vécu avec maman. On était comme Batman et Robin, Laurel et Hardy, Sammy et Scoubidou.On faisait équipe.
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Ces temps- ci, je remarque les enfants de plus en plus fréquemment. Les petits, les grands. Les bébés. Les enfants au parc. Au marché. Ceux qui se promènent dans la rue, main dans la main avec leur père, leur mère. Il me semble soudain que tout le monde a des enfants , tout le monde sauf Aaron et moi.
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La ville m’encercle, comme un panorama. Les bras tendus, je ne peux m’empêcher de tourner sur moi-même pour embrasser la vue. Je profite du spectacle, bien consciente que c’est peut-être la dernière chose que je verrai jamais.

Je fixe les quatre marches métalliques devant moi, qui m’ont l’air bien fragiles et délabrées avec leur rouille, leur peinture écaillée et leurs lattes mal fixées. Je pose le pied sur la première, elle cède et je tombe.

Pourtant, je n’ai pas le choix, je dois monter.

Je me relève, pose les mains sur les rampes et je reprends. Mes paumes, moites et glissantes, m’empêchent de me cramponner. Je trébuche sur la deuxième marche, recommence. J’appelle à l’aide, d’une voix brisée, que je ne reconnais pas.

Lorsque j’atteins la corniche du toit, mes genoux flanchent. Au prix d’un ultime effort, j’évite de basculer dans le vide et d’atterrir sur le trottoir. Seize étages plus bas.

L’immeuble est si haut que je pourrais toucher les nuages. Une sensation de vertige s’empare de moi. Le sol se rapproche à toute allure, les immeubles et les arbres se mettent à se balancer au point que je ne sais plus ce qui bouge : eux ou moi. Des petites boîtes d’allumettes jaunes filent dans les rues de la ville. Des taxis.

Si je me tenais au rez-de-chaussée, la corniche me ferait l’effet d’un boulevard. Mais ici, c’est tout le contraire. Ici, ce n’est qu’un fil sur lequel j’essaie de tenir en équilibre malgré mes jambes qui flageolent.

J’ai peur. Mais j’ai déjà fait tout ce chemin. Je ne peux pas reculer.

Une accalmie survient et s’achève si vite que je ne la remarque presque pas. L’espace d’une seconde, le monde est immobile. Je suis en paix. Le soleil monte toujours plus haut dans le ciel, ses rayons jaune orangé qui percent à travers les immeubles m’éblouissent, m’apaisent et me réchauffent. Mes mains s’élèvent tandis qu’un oiseau passe à tire-d’aile. Les bras tendus de part et d’autre de mon corps, j’imagine quel effet ça ferait de voler.

Puis tout me revient.

Je suis désespérément seule. Mon corps entier me fait souffrir. Je n’ai plus toute ma tête, je n’y vois plus clair, je ne peux plus parler. Je ne sais plus qui je suis. À compter que je sois encore quelqu’un.

Et j’en ai alors l’intime conviction : je ne suis personne.

J’imagine ce que ça ferait de tomber. Plonger en apesanteur, laisser la gravité prendre le relais, lâcher prise. Renoncer, s’abandonner à l’univers.

Je perçois un mouvement plus bas. Un éclair brun, et je sais que si j’attends encore il sera trop tard. La décision ne m’appartiendra plus. J’appelle une dernière fois.

Puis je me lance.
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L’esprit est à soi-même sa propre demeure,

il peut faire en soi un ciel de l’enfer,

un enfer du ciel.
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Avant, maman me racontait des histoires. On se serrait toutes les deux sous les couvertures de mon lit une place et elle me parlait de son enfance. De son éducation. De ses parents. Elle racontait sa vie comme un conte de fées, qui commençait par il était une fois, sauf que ce n’était pas vraiment son histoire, mais celle d’une jeune fille qui épousait un prince et devenait reine.
Sauf que son prince à elle l’a quittée. Mais ça, elle ne le racontait jamais. Je n’ai jamais su si ça c’était passé comme cela, ou s’il n’avait simplement jamais fait partie du paysage.
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Certains pensent que les rêves ne servent à rien, ajoute-t-elle avec un clin d’œil.
Mais moi je pense le contraire. Je pense que c’est comme ça que l’esprit s’en sort, qu’il vient à bout d’un problème. De choses qu’on a vues, ressenties, entendues. De ce qui nous inquiète.
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Un jour, j’ai lu un article sur ce qu’on appelle la lucidité terminale. Je ne sais pas si c’est avéré, si c’est un fait scientifiquement prouvé ou une superstition inventée par un charlatan. Mais j’espère que ça existe vraiment. Un ultime moment de lucidité avant qu’une personne ne meure. Un dernier sursaut de compréhension, de conscience. Quand on se réveille d’un coma pour dire un dernier mot. Ou quand un patient atteint d’Alzheimer qui ne reconnaît même plus sa femme se réveille soudain et se souvient. Des gens en catatonie depuis des dizaines d’années qui se lèvent d’un coup et, l’espace de quelques instants, agissent normalement. Comme si tout allait bien.
Sauf que c’est illusoire.
Ça ne dure pas longtemps. Cinq minutes, peut-être plus, peut-être moins. Personne ne le sait exactement. Et ça n’arrive pas à tout le monde.
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J’ai simplement besoin de bruit pour m’aider à oublier que maman est en train de mourir. Même si, évidemment, ce n’est pas aussi simple que ça. Rien au monde ne pourrait me faire oublier. Mais l’espace de quelques minutes, en regardant les présentateurs à l’écran, je me sens un peu moins seule.
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