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Critique de dbacquet


Dans ce roman fantastique, on retrouve l'atmosphère des dessins de Kubin, étrange et inquiétante, lourde de ténèbres et de mélancolie, avec son foisonnement de bêtes bizarres, de songes nocturnes, de monstres amorphes et violents, d'individus grotesques qui ne sont plus que des pantins entre des forces obscures, de paysages mornes et de villes envahies par le crépuscule, aux passions et maladies soudaines comme des épidémies, sous les regards passifs ou manipulateurs de dieux hybrides. Tout dans ce roman semble naître du délire d'un cerveau maladif et visionnaire, annonciateur des décrépitudes et catastrophes à venir. le narrateur accepte l'invitation d'un ancien camarade de classe, Claus Patera, à venir le rejoindre dans l'empire que celui-ci a fondé dans les confins de la Chine où il a acquis une fortune colossale : l'empire du rêve. Il part donc en compagnie de sa femme; mais, très vite, cet empire, que protège une enceinte infranchissable, s'apparente à un piège. Tout y est déréglé, sous un air toujours sombre et suffocant, en proie à toutes sortes d'excès et d'obsessions; les animaux même s'accouplent avec frénésie et prolifèrent dangereusement, les objets s'animent puis tombent en désuétude. Quant à Patera il reste longtemps inaccessible et quand il apparaît c'est sous la forme d'un être énigmatique qui subjugue et paralyse, une sorte de dieu végétatif, tantôt étincelant, comme un buste antique, tantôt grimaçant et morbide. Et on s'interroge sur ses pouvoirs et sa nature : est-il réellement le maître ou une simple illusion, un vivant ou un mort, à la voix désincarnée et mystérieuse, agissant à la façon d'une hypnose ? Il ne pourra pas arrêter le désastre final, la désagrégation de l'empire qu'il avait crée, dans un tourbillon qui ressemble à une apocalypse et à un combat mythique, dont le narrateur sortira toutefois vivant, comme s'éveillant après un long cauchemar.
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