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Robert Valançay (Traducteur)
EAN : 9782714307248
377 pages
José Corti (06/05/2000)
3.96/5   40 notes
Résumé :
Comme pour certains grands créateurs, un média ne suffit pas à Kubin : d'une main, il dessine, de l'autre, il écrit ; "il n'est que trop malaisé de déterminer qui influe sur l'autre, c'est la même main qui écrit et dessine".

Son seul roman, l'Autre côté, qu'Herman Hesse, déjà, considérait comme un livre majeur, est devenu, depuis sa parution, en 1909, une des œuvres-clés de la littérature dite moderne. L'Autre Côté a influencé Kafka, Jünger et le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans ce roman fantastique, on retrouve l'atmosphère des dessins de Kubin, étrange et inquiétante, lourde de ténèbres et de mélancolie, avec son foisonnement de bêtes bizarres, de songes nocturnes, de monstres amorphes et violents, d'individus grotesques qui ne sont plus que des pantins entre des forces obscures, de paysages mornes et de villes envahies par le crépuscule, aux passions et maladies soudaines comme des épidémies, sous les regards passifs ou manipulateurs de dieux hybrides. Tout dans ce roman semble naître du délire d'un cerveau maladif et visionnaire, annonciateur des décrépitudes et catastrophes à venir. le narrateur accepte l'invitation d'un ancien camarade de classe, Claus Patera, à venir le rejoindre dans l'empire que celui-ci a fondé dans les confins de la Chine où il a acquis une fortune colossale : l'empire du rêve. Il part donc en compagnie de sa femme; mais, très vite, cet empire, que protège une enceinte infranchissable, s'apparente à un piège. Tout y est déréglé, sous un air toujours sombre et suffocant, en proie à toutes sortes d'excès et d'obsessions; les animaux même s'accouplent avec frénésie et prolifèrent dangereusement, les objets s'animent puis tombent en désuétude. Quant à Patera il reste longtemps inaccessible et quand il apparaît c'est sous la forme d'un être énigmatique qui subjugue et paralyse, une sorte de dieu végétatif, tantôt étincelant, comme un buste antique, tantôt grimaçant et morbide. Et on s'interroge sur ses pouvoirs et sa nature : est-il réellement le maître ou une simple illusion, un vivant ou un mort, à la voix désincarnée et mystérieuse, agissant à la façon d'une hypnose ? Il ne pourra pas arrêter le désastre final, la désagrégation de l'empire qu'il avait crée, dans un tourbillon qui ressemble à une apocalypse et à un combat mythique, dont le narrateur sortira toutefois vivant, comme s'éveillant après un long cauchemar.
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Le narrateur reçoit une étrange visite. Et une étrange proposition. Un homme envoyé par un ancien condisciple d'école, Patera, qui l'avait plus que fortement marqué malgré la brièveté de leur relation, l'invite à venir au pays qu'il a fondé grâce à une fortune immense, l'Empire du Rêve. D'abord incrédule et réticent, notre narrateur succombe à l'appel, à cause de l'ennui de sa vie, et grâce à un portrait de Patera, qui exerce sur lui une grande fascination. Il arrive à convaincre sa femme, et les voilà partis dans un long voyage, payé par Patera, pour arriver quelque part en Asie et accéder au fameux Empire du Rêve. D'abord tout semble les attendre, un emploi se présente, ainsi qu'un appartement. Mais le fameux rêve devient vite plutôt cauchemar, les gens se comportent de façon étrange, il est difficile de dormir, les coutumes sont étranges. Et Patera semble impossible à rencontrer. Et le chemin de retour est fermé.

Ce livre est quasiment impossible à résumer, c'est une sorte de rêve ou plutôt de cauchemar, mais un cauchemar rêvé avec l'accord du rêveur en quelque sorte, et donc en partie délectable. Sauf le démarrage, il n'y a pas d'action vraiment racontable, une suite d'événements ou d'épisodes, qui amène vers la fin certes, mais sans véritable intrigue. Mais d'une façon logique, même si c'est la logique des rêves, très différente de celle de la veille. Un étrange voyage donc, dans lequel il faut accepter de perdre ses repères, et de prendre les choses telles qu'elles se présentent, même si elles heurtent notre propre logique. Si on accepte de se laisser embarquer, nous avons droit à de magnifiques scènes oniriques, pleines de détails, d'éléments poétiques, inquiétants, d'autant plus que l'on y reconnaît des envies ou des angoisses qui nous traversent tous, ou attirants, attirants peut être parce qu'inquiétants.

Impossible d'être plus claire, si vous vous voulez en savoir plus, il vous faut lire le livre….

Et j'ai oublié de préciser, des nombreux dessins de l'auteur sont présents dans l'ouvrage.
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Lu en allemand, L'autre côté est une oeuvre impossible à classer, et c'est sans doute ce qui fait son attrait. L'onirisme, le surréalisme, le symbolisme, le fantastique, le merveilleux, le roman initiatique se succèdent et se mêlent à travers le récit du narrateur - dessinateur. Sa lecture démontre que la littérature peut s'affranchir de tous les carcans et autres règles classiques. L'évasion de la réalité n'a sans doute jamais été aussi bien mise en scène. Une lecture parfois ardue qui nécessite de se laisser aller et qui vous hantera longtemps après. Si possible procurez vous une version avec les illustrations d'Alfred Kubin, indissociables du roman.
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Et c'est le moment de découvrir un nouvel auteur. D'ordinaire je tombe sur un auteur prolifique mais ce coup-ci je dirais que son oeuvre semble succincte. En effet un roman et deux recueils de nouvelles.

Son nom? Alfred Kubin! Né en 1877 au nord de la Bohème. Son roman L'autre côté est paru en 1909. Il s'agit en fait davantage d'un illustrateur, un dessinateur qui travailla souvent pour illustrer les grands de son époque: Poe, Hoffman, De Nerval.

Même son roman est illustré par plusieurs de ses dessins.

Est-ce que j'ai aimé? Ben difficile à dire! Un mot pour décrire le tout: étrange!!! Fantastique? Science-fiction? Pas vraiment! Une oeuvre ayant un sens? Pas certain.

Le seul sens qui j'y voit est de nous faire connaître le néant!

Imaginez un homme immensément riche. Il décide de créer un pays isolé de l'extérieur par un grand mur. Il fait venir de vieilles maisons d'un peu partout à travers le monde. Pas nécessairement de belles maisons. Mais de vieilles maisons. Tout dans ce pays est vieux et décrépit! Les habitants? du monde invité par le Maître! Payé pour venir s'installer dans le pays du Rêve.

L'ambiance est franchement déprimante dans ce pays. le soleil ne perce jamais la couche nuageuse. Toujours sombre et moche! Tout le monde doit s'habiller de vieilles tenues.

Le narrateur y a vécu trois ans. Il nous raconte le tout jusqu'à la chute du pays. Toute la déchéance, la folie qui s'empare de la population.

C'est bien comme livre mais on se lasse de voir le tout s'écrouler...

PS: je dirais que René Goscinny a probablement dû s'inspirer d'une des bâtisses de la capitale du pays du Rêve pour créer sa Maison des Fous dans les Douzes Travaux d'Astérix!
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Un roman fantastique riche d'inventions étonnantes. Malgré tout, l'atmosphère inquiétante et sombre finit par peser.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les deux joueurs d'échecs avaient aussi beaucoup souffert. Tout mouvement semblait à ces vieux messieurs, complètement asservis à leur passion, si compliqué, qu'il leur fallait finalement, pour pouvoir remuer un membre, faire des calculs pendant des heures. Il est évident qu'avec toute la vermine dont on était infesté, cette lenteur les mettait dans une situation critique. Aussi bien une jeune dame qui, voyant leur peine, s'occupa de leur thé, s'acquit-elle tous les suffrages. Sans façon, elle alla vers eux et courageusement elle enleva les fourmis et les punaises de leurs vêtements. Aucun de nous ne voulut être en reste. Jusqu'alors nous avions ri du jeu grotesque de leurs visages crispés. Mais désormais les clients prirent l'habitude, chaque fois qu'ils allaient et venaient, de gratter un peu les deux messieurs.
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On n’aimait pas particulièrement les enfants. Leur mérite ne compensait en aucun cas les désagréments dont ils étaient la cause. Suivant l’opinion couramment répandue ils n’étaient, et souvent jusqu’à un âge avancé, qu’une source de dépenses dont ils n’acceptaient que rarement, et à contrecœur, de rembourser ne fût-ce qu’une petite partie ; ils n’avaient presque jamais aucune reconnaissance envers leurs parents de leur avoir donné le jour, inclinant au contraire à penser que ce don était une obligation. Les mots bonheur et souci prenaient le même sens quand il s’agissait d’eux. Qu’ils fussent naïfs et drôles, mon Dieu, on ne s’en apercevait guère aux échantillons que l’on trouvait.
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Le vieux colonel se serait réjoui s'il avait pu voir le joli succès de son attaque ; car un grand nombre d'insurgés y avaient trouvé la mort, écrasés et piétinés par les chevaux. Mais un poing dans un gant blanc à crispin fut tout ce que l'on put retrouver de lui ; le reste avait complètement disparu dans le chaos de membres, de cuirasses, d'os rompus, de casques, de selles et de harnachements.
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Conséquence des débauches et des orgies, les nerfs des habitants du Pays du Rêve avaient atteint un état de délabrement effroyable. Les maladies mentales, les affections nerveuses les plus courantes : danse de St-Guy, épilepsie et hystérie, se manifestaient sous la forme de phénomènes collectifs. Presque chaque habitant avait un tic nerveux, ou souffrait d'une obsession. L'agoraphobie, les hallucinations, la mélancolie, les spasmes tétaniques se multipliaient d'une façon si préoccupante qu'ils suscitaient des craintes, mais on continuait à vivre dans un vertige de folie, et plus les suicides affreux s'accumulaient, plus les survivants se livraient aux orgies.
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Il est rare qu'un artiste soit vraiment un mauvais type. Une petite bassesse par-ci par-là, mais il en reste là. Nos sensations n'accordent pas de temps à des filouteries ourdies sur une trop grande échelle. Dans nos travaux nous mettons notre âme à nu, de sorte que tout le monde peut voir quelle espèce de canaille un artiste aurait pu devenir dans certaines circonstances. L'art est une soupape de sûreté.
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