De l'aveu même du mangaka, ce premier tome représente une « première saison », c'est à dire une histoire complète mais qui comporte un contenu suffisant pour générer une continuité si les conditions le permettent !
Difficile de lui donner tort.
Si cela pouvait permettre à l'artiste d'éviter d'être contraint par une production continue nécessitant un travail d'écriture particulier, son style caractéristique n'en ressortirait que gagnant. En effet, le style de
Kubo fait qu'ici la magie est représentée avec un ton décontracté, parfois facétieux, mais avec une réelle présence. Un quotidien où le trivial et la magie se côtoient, se percutent et ne se séparent que si un exercice de pouvoir s'en mêle. C'est le Japon moderne « à la cool», «stylé», aussi poseur qu'énergique, que
Bleach avait déjà exprimé pour se singulariser de ses concurrents.
Burn The Witch perpétue, optimise même, cette expressivité à travers le quotidien tumultueux de nos deux héroïnes. Jeunes femmes d'action et de choix, elles nous charment et nous font découvrir les contraintes et les opportunités de leur environnement magique. Beaucoup d'action mais aussi pas mal d'humour. Ce dernier étant essentiellement situationnel, il ne casse jamais le rythme trépidant, ni ne ridiculise les quelques fondamentaux posés pour donner corps au monde.
Et si on doit rassurer les allergiques aux académies de magie, les sorciers de
Kubo se comportent plus comme des artistes, des « performeurs », que comme de simples étudiants.
Tite Kubo insuffle la magie comme un artiste urbain, autant musicien des mots que graphiste. Une posture artistique qui peut sembler facile, mais qui a le mérite d'être accessible et vivante. Et de bien correspondre à la patte du mangaka. Quelle que soit l'opinion, ou la critique, à l'encontre du talent de
Tite Kubo, il est difficile de lui enlever sa capacité à iconiser des personnages. Et Burn The Witch continue de le démontrer, notamment dans ses scènes d'action lisibles et percutantes, délivrées comme de véritables moments signatures. La suite nous dira si certaines figures hautes en couleur deviendront vraiment mémorables.
Un premier volume de 260 pages généreux et satisfaisant : à la fois une histoire courte divertissante et un arc narratif introductif séduisant. Plus facile à dire qu'à faire, et
Tite Kubo semble s'exprimer avec aisance, sans renier ni trop paraphraser ce qui a fait le sel de
Bleach dans ses heures de gloire.
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