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Critique de Chrisdu26


Souffrir pour être belle !

Foutaise ! Souffrir pour être sous l'emprise des hommes. Je comprends pourquoi la femme est plus endurante que l'homme à la douleur. Deux mille ans de soumission ça forge le caractère.

La loi du plus fort est toujours la meilleure. Ce vieil adage est toujours d'actualité malheureusement, les pieds et les seins bandés, l'excision, le voile, paraître 15 ans plus jeune et j'en passe.

L'auteur, Li Kunwu, raconte avec pudeur et beaucoup d'amour la vie de sa nourrice Chunxia. Il nous dévoile 60 ans de souffrance et de calvaire que fut la vie de cette femme dans une Chine du début du XXème siècle. Ce one shot très riche nous apprend beaucoup sur la culture, les traditions et la révolution chinoise. A sa lecture je fus désorientée, en colère de voir ce petit bout de femme accepter avec résilience et résignation son sort.

Cette pratique remonte au Xème siècle. Un Empereur fétichiste des pieds, quelque peu dominant, vous en conviendrez, demanda à sa concubine de se bander les pieds afin qu'ils soient les plus petits possible et ceci tout simplement pour accroître son désir sexuel. Cette coutume se répandra dans le pays et durera jusqu'au XXème siècle. Mille ans de souffrance et de soumission : Toi femme, tu auras de tout petits pieds et ainsi tu ne pourras m'échapper : femme tu es, femme faible et chaste tu resteras. Voilà ce que raconte l'histoire de Chunxia. Pour qu'une Chinoise ait l'opportunité de faire un mariage avec un bon parti, elle devait avoir des pieds à taille idéale appelée Lotus d'or soit 7,5 centimètres. le passage dans ce récit de la pratique du bandage m'a fait grincer des dents, j'avais envie de secouer la mère de Chunxia et lui dire :
Comment peux-tu infliger ça à ta propre fille, toi qui as tant souffert ?

«Mais vous savez, une paire de petit pieds, c'est une grande jarre de larmes. A l'époque, je souffrais tant que je désirais mourir.»

Mais que peut-on sur le poids d'une symbolique, d'une tradition et le gouffre de la misère ?

«Plus tu es pauvre, moins tu te bandes les pieds, moins tu te bandes les pieds, plus tu es pauvre.»

L'histoire de cette femme est prenante, saisissante et très enrichissante sur le plan culturel. J'ai été quelque peu déçue par le graphisme, non pas parce qu'il est sombre mais les traits manquent parfois de finesse et de précision. Néanmoins, l'écriture tout en pudeur, prend vite le dessus sur le dessin et nous embarque dans une épopée chinoise intéressante, d'avant Mao, que peu de femmes auraient voulu connaître, même avec le plus beau parti du monde.

Après ce récit émouvant, qu'il fait bon danser, courir, marcher, s'enfuir, rester, sauter et s'il le faut mettre des coups de pied au cul !

Les pieds bandés, de l'espoir à la désillusion, une très belle histoire touchante que je conseille pour comprendre une période révolue !

Souffrir pour être belle ? Venez me le dire entre quatre yeux que je prenne mon pied !


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