C'est avec le même plaisir et le même intérêt que je viens de terminer le tome 3 de « Une vie chinoise » de
Li Kunwu et
P. Otié, intitulé « le temps de l'argent ».
Ce dernier tome décrit la suite de la vie de l'auteur et les changements de la Chine, de 1980 au réveillon du 31 décembre 2009.
La Chine est méconnaissable, avec industrialisation, développement économique, urbanisation forcée, mais aussi toujours ses slogans qui s'affichent -même si leur teneur a changé-. le fossé entre grande ville et campagne demeure cependant.
L'auteur est connu et reconnu, y compris dans le monde, comme le rapportent les premières planches en couleur, ou la référence au Salon de la BD à Angoulême.
L'album est centré sur l'évolution des mentalités révélée par les discours au vocabulaire économique quasi capitaliste, tournant autour de l'argent, de la bourse, à l'embourgeoisement, ce qui était encore impensable dans le tome 2. Mais ce qui est aussi frappant, c'est malgré tout, la marque des slogans de Mao qui restent au fond de l'esprit et du coeur de l'artiste, qui sait d'où il vient, et cherche peut-être, avec douceur, à rendre hommage à ce que le Grand Timonier avait voulu instituer, même si les moyens choisis avaient été particulièrement violents, ce qu'il ne cache pas.
Son approche est particulièrement intéressante car il aborde les réalités du changement de ce grand pays, non pas par le récit et la fierté née des grands événements qui ne sont qu'évoqués en toute fin d'album (jeux olympiques, sortie dans l'espace, drapeau au sommet de l'Everest) mais par les analyses, récits et discours des personnages secondaires qui changent et évoluent au fil des tomes. Enfin est réaffirmé l'importance de la famille et de ses traditions dans les dernières vignettes, fil rouge de cette trilogie qui suit les générations. Une oeuvre inoubliable par le fond et la forme, travaillée, sensible, émouvante, passionnante.