Cet essai historique débute avec un rappel en exergue : le 11 février 1920 naissait le roi Farouk et le 11 février 2011, le président Hosni Moubarak quittait le pouvoir, il était le dernier héritier du coup d'état de 1952 qui avait mis fin au règne de Farouk 1er, dernier roi d'Egypte. C'est un livre intéressant qui décortique dans le détail ce que fut la vie et le règne de ce roi qui meurt à 45 ans, après avoir été roi à 17 ans en 1936 et avoir régné jusqu'en 1952. Au delà de son histoire, c'est l'histoire de l'Egypte, depuis le début du 19ème siècle et la dynastie de Mehmet Ali. On y suit les querelles de famille de ceux qui ont voulu régner sur ce pays, mais surtout son émancipation par rapport à l'empire ottoman. On y apprend les noms et le rôle de ceux qui ont commencé à façonner l'Egypte, Ibrahim pacha et Ismaïl pacha. Ensuite un long chapitre est consacré au roi Fouad, le père du roi Farouk, de cette lecture on découvre que c'est lui le véritable artisan de la construction du pays. Pourquoi un destin foudroyé ? Lorsqu'il accède au pouvoir Farouk est un homme très jeune, intelligent, vif, courtois, clairvoyant, dynamique, beaucoup de témoignages le confirment, il est adulé par son peuple, il se lance immédiatement dans des réformes, le début de son règne prolonge celui de son père pour tendre vers une totale indépendance de l'Egypte vis à vis de l'occupant anglais. Mais, et c'est la théorie de l'historienne
Caroline Kurhan, le comportement du roi change radicalement à la suite d'un accident de la circulation entre sa voiture et un camion militaire anglais le 6 novembre 1943, il reste 3 semaines dans un hôpital anglais . Il change physiquement, prend énormément d'embonpoint, rencontre des problèmes de mémoires, présente des addictions étranges, devient taciturne, ne s'intéresse plus à son rôle, ne pense plus qu'à se divertir. Ce sont ces changements qui progressivement vont entraîner sa perte et amener le coup d'état de 1952 qui l'oblige à fuir son pays. Ce qui m'a le plus surpris et que j'ignorais, c'est le rôle des anglais « toujours tapis dans l'ombre et sachant activer les bonnes ficelles pour provoquer des crises qui retardent le mouvement de l'histoire » (citation de l'auteure page 78). Bien sûr, cela ne se lit pas comme un roman, bien que la vie de Farouk soit en quelque sorte romanesque, notamment le chapitre « querelles de famille » car il faut être très attentionné pour suivre les différentes branches familiales qui s'entrecroisent. On s'intéresse souvent plus à l'Egypte des pharaons, on est fasciné par les pyramides, les momies, les fabuleux tombeaux de l'antiquité etc... mais cette plongée dans la création de l'Egypte du 20ème siècle est passionnante.
Merci, à Babelio et aux éditions Riveneuve de m'avoir offert cette bouffée d'histoire égyptienne.