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EAN : 9782848052281
660 pages
Sabine Wespieser (14/09/2017)
4/5   39 notes
Résumé :
Fondée par une princesse à la beauté fatale, Halimunda est une ville imaginaire de la côte sud de Java. Eka Kurniawan y déploie l’histoire d’une lignée de femmes marquée par une malédiction dont l’origine remonte à la fin de l’occupation néerlandaise.
Le livre s’ouvre au moment où Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville, sort de sa tombe vingt et un ans après sa mort. Couverte de son linceul, sa très longue chevelure flottant au vent, elle travers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Indonésie. Asie du sud Est. le plus grand archipel du monde. le quatrième pays le plus peuplé au monde. le premier pays à majorité musulmane au monde. Moluques, Sumatra, Bornéo, Bali, Java...plus de 13 000 îles. Leur géographie, l'histoire de leur colonisation, de leur occupation, de leur indépendance a façonné leurs visages. Complexité ethnique, culturelle, spirituelle, linguistique.. Et pourtant nous en savons, ici, que très peu…
Cela commence comme un conte, une légende…C'est l'heure où les morts sortent de leur tombeau..
Les âmes reviennent. Les fantômes du passé ressurgissent, hantent le présent. Rien n'est direct chez Eka Kurniawan. Tout est en filigrane, mais on comprend la filiation de la malédiction. L'origine du mal. On peut effectivement lire les belles de Halimunda comme un conte, en méconnaissant l'histoire indonésienne...mais quel dommage cela serait de se soustraire à l'intelligence de ce récit.
A travers cette saga familiale, où l'étrange, le merveilleux, l'onirisme du récit porte et fait naître la réalité de l‘Histoire, l'auteur nous nous plonge dans l'histoire contemporaine indonésienne  et nous la fait entendre: de l'époque coloniale sous le pouvoir des hollandais à l'invasion japonaise aux camps où les Hollandais étaient enfermés, à la lutte pour l'indépendance, à l'arrivée des communistes et de leurs massacres en 1965 par l'armée de Soeharto.
Sans aucun doute pour comprendre l'Indonésie d'aujourd'hui il faut lire Aka Kurniawan, mais également Pramoedya Ananta Toer, auteur qui me tarde également de découvrir.
Les belles de Halimunda, un roman épique, étonnant, et qui nous ouvre les portes de l'âme indonésienne.

Astrid Shriqui Garain
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Halimunda est une ville imaginaire de la côte sud de Java, dont l'histoire est marquée par des femmes à la beauté fatale. Sans oublier le colonialisme, la Seconde Guerre mondiale, les révoltes populaires, les rivalités – masculines essentiellement – et une pincée d'onirisme qui remue la poussière et l'éclaire.

Le roman m'a paru être un arbre renversé : une multitude de branches, à la lecteurice de grimper, de se balancer et de sauter de l'une à l'autre pour remonter aux racines et, peut-être, comprendre. À l'occasion, on pourra trouver un endroit stable où se lover et se laisser bercer par la joliesse d'une péripétie ou d'un sentiment.

Aux premières pages de l'ouvrage, Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville, sort de sa tombe vingt et un an après sa mort et rentre chez elle, où elle trouve sur la véranda sa dernière-née : une jeune femme à la laideur extravagante. Son voeu avait donc été exaucé : la beauté de ses aînées ayant semblé n'apporter que catastrophes et tourments, Dewi Ayu s'était efforcée de rendre la quatrième la plus repoussante possible. Ce qui ne l'empêche pourtant pas de recevoir de curieuses visites nocturnes…

De phrase en phrase, le récit se forme, entre l'horreur et la beauté. La violence reste généralement calme, servie par une écriture déconcertante. le style est limpide et sobre, mais chargé d'une poésie qui déplace les émotions réflexes. On sourit face à l'horreur et frissonne devant la tendresse. Eka Kurniawan tisse un long conte où figures légendaires et réalisme historique s'alimentent et, doucement, redéfinit les amours.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Argh, j'ai eu du mal à aller au bout !
Ce livre est formidable car il m'a fait découvrir l'histoire de l'Indonésie et l'occupation des néerlandais dans ce pays.
Ensuite, cela m'a fait penser au théâtre d'ombres, avec les vilains esprits, les gentes dames, et les héros.
Même si elle exerce le métier de prostituée l'héroïne de ce roman ne manque pas de panache.
Et donc on suit l'histoire de Dewi Ayu et sa descendance, ponctuée de fantômes, de légendes et de fait historiques.
Ça change tellement de ce que je suis habituée à lire !!!
Ce qui m'a gênée, ce sont par moment les histoires dans l'histoire, mais tout du long je me suis transportée à Java, et j'avais par moment la musique balinaise dans mon esprit.
Chouette lecture.
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J'ai découvert Eka Kurniawan, jeune romancier indonésien lorsque Sabine Wespieser avait publié L'Homme-tigre, publication qui avait eu lieu lors de la rentrée littéraire été-automne 2015. Je l'avais lu de mon côté en 2016, si je me réfère à une chronique courte publiée à l'époque sur Babelio. J'avais trouvé ce roman intéressant par sa structure narrative mais j'avais émis quelques réserves. Je n'avais pas réussi à m'attacher au destin des personnages et j'avais trouvé trop de répétitions dans les événements qui nous étaient racontés plusieurs fois. Ce roman avait été traduit par Étienne Naveau, enseignant-chercheur à l'Inalco, spécialiste de la langue indonésienne et de la culture, de l'Histoire de cet archipel. Ce livre fut publié grâce au soutien du CNL. Il faisait moins de 300 pages.

Avec Les belles de Halimunda, publié lors de la rentrée littéraire été-automne 2017, Sabine Wespieser mettait en lumière le premier roman de l'écrivain qui est admirateur en particulier du grand auteur indonésien Praomedya Ananta Toer dont le Buru Quartet traduit depuis l'indonésien a été publié intégralement en 2017 et 2018 par les éditions Zulma qui le rééditent d'ailleurs progressivement en poche. Ce premier roman de Kurniawan est d'une grande densité narrative et c'est surtout un pavé de plus de 600 pages. Il a été également traduit par Étienne Naveau et publié grâce au CNL et au concours de LitRl qui est un programme du Centre national du livre et du ministère de l'Éducation et de la Culture de la République d'Indonésie. Je rappelle que pour ses écrits et ses opinions, Praomedya Ananta Toer fut enfermé longtemps au bagne de Buru, lieu que l'on retrouve dans Les belles de Halimunda à un moment donné. Dans ce livre, nous retrouvons des thématiques qui tiennent à coeur visiblement à Eka Kurniawan. Ces dernières sont la vengeance, la condition féminine, les relations familiales troublées, la violence ainsi qu'une part de « réalisme magique ». Ses romans se passent au XXe-XXIe siècles ou comme ici traversent une grande partie de l'Histoire de l'archipel indonésien tout en y mêlant des légendes.

J'ai été totalement envouté par cette histoire terrifiante d'une génération de femmes maudites en amour notamment, de femmes qui doivent lutter pour survivre, en commençant par Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville qui sort de sa tombe au début du roman. La construction narrative de ce roman est extrêmement brillante, ce n'est pas linéaire et il faut bien sûr s'accrocher pour nouer tous les fils narratifs. Nous passons souvent à l'histoire d'une des filles de Dewi Ayu au nombre de quatre à l'autre ainsi qu'à l'histoire par la suite de leur descendance. J'ai adoré découvrir la dure réalité de la colonisation néerlandaise puis de l'occupation japonaise et par la suite la chasse qui fut faite contre les communistes. Ce roman ne nous épargne rien en matière de violence : viols, massacres en particulier. Les animaux ne sont pas en reste parmi les victimes et cela m'a fait beaucoup de peine. C'est un magnifique roman sur la force qu'ont des femmes pour survivre dans des moments très troublés de leur vie ou pour résister aux hommes. C'est aussi un roman très sensuel, avec des scènes extrêmement torrides, remarquablement écrites. Les personnages de ce livre sont beaucoup plus attachants que ceux de L'Homme-tigre, même ceux qui sont plus violents, c'est-à-dire les époux de deux des filles, en particulier Mamane Gendeng et le fascinant Shodancho. Kliwon est un personnage pour lequel on entre en empathie. Les enfants ensuite de ces couples vivent également des choses terrifiantes, sont très perturbés, c'est le moins que l'on puisse dire. Ce livre n'est sans doute pas à mettre entre toutes les mains mais ceux qui aiment l'Histoire, les sagas familiales – un arbre généalogique en début de livre et qui est bien utile nous est proposé – ainsi que le « réalisme magique » cher à Garcia Marquez dont j'ai tenté de lire Cien años de soledad en langue espagnole directement, idée vite abandonnée vu la difficulté ne pourront que trouver ce roman passionnant. Il faudra que je lise le roman de « Gabo » en français.

En avril 2019, Sabine Wespieser éditera un troisième roman d'Eka Kurniawan et je le lirai bien évidemment. le titre est déjà tout un programme : La vengeance se paie cash. Ce roman sera « très réaliste et ultra-contemporain ». Là encore, les femmes auront un rôle important. Il y aura d'ailleurs à nouveau un personnage de prostituée. Je me réjouis que Sabine Wespieser publie cet écrivain asiatique extrêmement talentueux. Je souhaite que le partenariat avec Folio en poche puisse se poursuivre pour donner accès au plus grand nombre de lecteurs à ce romancier.
Lien : http://passionlectures.over-..
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C'est un livre que l'on a du mal à lâcher car il nous entraîne dans un enchaînement de filiations souvent incestueuses sur 5 générations. C'est un livre qui m'a intéressé à titre documentaire car il m'a renseigné sur l'histoire de l'Indonésie depuis la présence coloniale néerlandaise jusqu'à nos jours, en passant par la seconde guerre mondiale, la lutte pour l'indépendance, la dictature et la répression des communistes.
Mais ce qui m'a le plus attiré dans ce roman c'est son approche littéraire surprenante : mélange de réalisme trivial et de surnaturel, alternance de passages qui s'attachent aux sentiments et de passages très crus, façon très distanciée de décrire à la fois les motivations des personnages et la vie corporelle, que ce soit dans les scènes de violence ou dans les scènes d'amour, façon de ne pas juger les personnages dans leurs attitudes souvent immorales ou violemment néfastes. Malgré cette distanciation, on finit par s'attacher aux personnages contrastés que nous côtoyons au long de ces 600 pages.
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critiques presse (2)
LaCroix
08 décembre 2017
L’écrivain indonésien livre une fresque tumultueuse sur une lignée de femmes à la beauté maléfique et retrace l’histoire malmenée de son pays.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
16 novembre 2017
Avec « Les Belles de Halimunda », son premier roman, Eka Kurniawan tresse, entre onirisme et vraisemblance, une extraordinaire épopée indonésienne.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Allongez-vous comme des cadavres, jusqu’à ce qu’il se lasse. » Mais les jeunes femmes trouvèrent cela encore plus atroce. Rester inerte et muette tandis qu’un homme leur tripotait le corps et les baisait, aucune d’entre elles ne pouvait se l’imaginer. « Ou bien attachez-vous avec beaucoup d’attentions à un homme qui vous plaît. Rendez-le dépendant de sorte qu’il vienne tous les soirs et vous paie pour une nuit entière. Satisfaire les besoins du même homme vaut beaucoup mieux que de dormir tout le temps avec des gens différents. Vous pouvez même espérer qu’il vous emmène et fasse de vous sa maîtresse attitrée. »
L’idée paraissait bonne, mais elle était trop effroyable pour que ses amies puissent y penser.
« Ou alors racontez des histoires comme Shérérazade. »
Aucun d’entre elles n’avait de talent de conteuse.
« Proposez-leur de jouer aux cartes. »
Il n’y en avait aucune pas une à savoir jouer aux cartes.
« Si c’est comme ça, faites tout le contraire, dit Dewi Ayu, résignée, violez-les. »
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"Tu n'as pas besoin de t'excuser, shodancho, car je porte maintenant la plus récente des ceintures de chasteté et elle est protégée par un mantra plus coriace. Elle n'est pas en fer et, même si j'étais nue, tu ne pourrais pas me pénétrer sexuellement."
Le shodancho se contenta de dévisager sa femme avec une surprise qui n'était pas feinte. Il était médusé du fait qu'elle ne lui manifestait absolument aucune hostilité.
"Le vent se lève, shodancho. Rentrons."
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"Crois-tu en Dieu? lui demanda Kliwon avec prudence.
- Ce n'est pas le problème. On n'a pas à se demander s'il existe ou non un dieu, quand on sait que devant soi des hommes piétinent d'autres hommes.
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Avec les armes qu'ils avaient, ils étaient résolus à vaincre l'armée la plus formidable d'Asie, une armée qui avait gagné des guerres en Russie et en Chine, une armée qui avait expulsé les Français, les Anglais et les Néerlandais de leurs colonies, une armée qui faisait maintenant la guerre dans l'océan Pacifique contre la moitié du monde, une armée qui leur avait même appris à bien porter les armes.
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Videos de Eka Kurniawan (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eka Kurniawan
Eka Kurniawan - L'homme-tigre .Eka Kurniawan vous présente son ouvrage "L'homme-tigre" aux éditions Sabine Wespieser. Rentrée littéraire automne 2015. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/kurniawan-eka-homme-tigre-9782848051925.html Notes de Musique : Featherlight by Lee Rosevere - Free Music Archive www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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