Joker of destiny, tome 1

"Joker of Destiny" a un concept très intéressant, en même temps nous sommes placés dans le monde des adultes avec tout ce que cela peut impliquer.
L'histoire se lit très fluidement, nous sommes curieux d'en apprendre plus et totalement pris et happés dans l'histoire, redoutant le fameux prix à payer.
Le graphisme est très agréable.
C'est une série courte qui sera en 3 tomes éditée par Pika, le premier tome est fort convaincant mais ce sera la suite qui décidera de son placement définitif. Elle a d'abord été attirante par rapport à sa couverture, qui est peut être même d'une certaine manière trompeuse tout en symbolisant le prix du pouvoir que paye Kiwa.
Ensuite, nous voyons que le scénariste est KUSUNOKI Michiharu et qu'au graphisme nous retrouvons SAHARA Mizu (A Tail's Tale, la chant des souliers rouges ...)
Autant dire que c'est une série aux multiples facettes et cela à bien des niveaux.
Kiwa Ogata est un jeune homme attachant. Il travaille dans une petite librairie, du genre petit boulot, seulement c'est l'heure de trouver du travail et le pauvre accumule refus sur refus, un monde sans pitié. Il est en couple avec Mahiro qui elle est énergique, dégourdie, y croit, d'une année son ainée, et travaille au service marketing d'une grande maison d'édition. Son travail est parfois intense et usant, et certains de ses collègues aussi, mais il est aussi intéressant. Elle se donne à fond.
Cela a été un plaisir de voir ce jeune couple, de faire leur connaissance, voir comment ils se sont rencontrés, etc.
Kiwa au détour d'une conversation va lui parler de son pouvoir, de ses expériences passées, de son envie de s'en sortir par lui-même. Un concept puissant, que j'avais par exemple déjà croisé dans un épisode de "Fais moi peur". C'est aussi marquant. En fait, votre voeu se réalisera mais vous en payerait le prix et bien sûr il n'est pas connu d'avance.
Pourtant au départ, cela ressemble à de simples coïncidences. Mahiro va le pousser à faire un voeu pour qu'il trouve du travail, et pas n'importe lequel.
Le prix peut être plus ou moins lourd, mais il a une forme de cynisme et dangereux, sans doute proportionnel au voeu formulé.
Tout est bien exploité et prenant. Encore une fois, nous allons assisté à des injustices, des scènes qui énervent et font mal, surtout quand on en voit certains "réussir" plutôt que d'autres. C'est alors que différents évènements et choix vont s'enchaîner, surtout le désir de Mahiro d'une forme de justice, et un jeu avec le danger et le pouvoir de Kiwa.
Mais attention les conséquences et le prix sont loin d'être maîtrisés et pourraient êtres lourds.
La fin du tome 1 nous fera cruellement attendre le tome 2.

Bien qu'il soit scénariste depuis plus de 40 ans au Japon, je ne connaissais pas du tout le travail de Michiharu Kusunoki, alors soyons honnête, c'est surtout le nom de Mizu Sahara qui m'a fait acheter ce manga à la couverture étrange, à la fois calme et dérangeante, où héros impassible se mélange avec squelette froidement souriant. Série de contrastes, je ressors moins aussi contrastée de cette lecture.

Mizu Sahara est une autrice dont j'aime à la fois le ton et l'univers graphique toujours très doux et un tantinet amer également. J'étais donc assez convaincue à l'idée de la suivre, même juste comme dessinatrice, sur cette courte série de 3 volumes parues dans l'Evening de Kodansha en 2015. Même si ce n'est pas elle qui a composé le scénario on retrouve son goût pour le tranche de vie et pour la critique de notre société avec un héros qui se veut un peu apathique au début mais qui est également désireux de changer.

Nous allons ainsi à la rencontre de Kiwa Ogata, étudiant et libraire à temps partiel assez discret qui n'attend pas grand-chose de la vie. En couple avec son ancienne camarade de fac, Mahiro, il va enfin se décider à se bouger après que celle-ci lui parle d'une offre d'emploi dans sa boîte. Cependant Kiwa avait un secret expliquant sa passivité : à chaque fois qu'il émet un voeu, ce a des conséquences dramatiques sur son entourage. Il en est donc venu à avoir peur d'espérer.

Belle métaphore sur notre société et sur ce sentiment de découragement qui gagne toute une jeune frange de la population en recherche de travail voire plus, Joker of Destiny est cependant par son essence même un titre assez morose à lire, auquel on ne peut pas dire qu'on prend réellement plaisir. C'est intéressant de suivre la destinée de ce héros mais de là à dire qu'on aime, c'est tout autre chose. J'ai trouvé particulièrement difficile d'entrer en résonance avec ces personnages sous peine de me sentir moi-même entraînée dans leur mal être. C'est la force du duo auteur-dessinatrice, je trouve, même si c'en fut aussi la faiblesse pour ma part.

Le dosage du fantastique est plutôt bien fait. Il est discret et insidieux à l'image du héros. On ne sait jamais comment il va se manifester ni sur qui. On a des idées préconçues qui ne se vérifient pas dans un premier temps, ce qui surprend. Et cela se mélange parfaitement avec le cadre très japonais de l'histoire et leurs croyances bien plus diversifiées que les nôtres. le trait de l'autrice y est aussi pour beaucoup avec le côté très évaporé et blasé des héros mais aussi ces fonds parfois assez évanescents.

Cependant, étrangement, c'est le cadre plus réaliste qui m'a intéressée. J'ai aimé voir mettre en scène cette critique de la vie en entreprise à la fois par le biais de Mahiro, la petite amie de Kiwa, avec qui on va découvrir la façon dont sont traitées les femmes dans le monde du travail au Japon, entre sexisme et préjugés, mais surtout avec beaucoup de violence, psychologique et sexiste. Cette critique revient, mais différence, avec Kiwa. Grâce à lui, on voit le pendant côté masculin, où le jeunisme est vite critiqué, où on découvre de vraies crevures qui ne font rien au final et ne garde leur place que par habitude, pression et connivence. C'est assez révoltant à voir et le supérieur de Mahiro m'a souvent donné des envies de meurtre.

Heureusement, nous avons à côté, ce petit couple charmant, qui semble avoir trouvé une bulle de réconfort en la présence l'un de l'autre et qui souffle ainsi de tout ça ensemble. Cependant, c'est une bulle bien fragile et on voit combien les difficultés au travail, à trouver du travail, à s'affirmer en tant que personne, peuvent venir parasiter cette vie de couple et les sentiments purs qui en émanent. C'est donc à nouveau assez doux-amer.

Et peut-être est-ce justement à cause de cette amertume présente de partout que je n'ai pas pleinement apprécié ma lecture. J'ai trouvé le ton, le rythme, l'emphase même plombante et même en peu redondante. Cette ambiance morose pèse et si on n'a déjà pas trop le moral, si c'est déjà pas top à notre boulot, ça n'aide pas vraiment. J'aurais également apprécié un fantastique moins discret car pour le moment c'est assez timide et on attend que ça décolle vraiment, ce qui dommage pour une série en seulement 3 tomes. Heureusement, les ultimes pages passent par là et laissent l'espoir d'un prochain tome qui remuera plus et accélérera peut-être le tempo. Lecture intéressante, car oui la vie de couple et le boulot, c'est pas simple, elle fut cependant assez rude à digérer !
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Plus que son résumé, c'est sa couverture qui m'a fait avant tout de l'oeil. du coup, je suis partie dans cette lecture un peu à l'aveugle ne sachant pas trop à quoi m'attendre. Tout ce que j'ai compris c'est qu'il y aurait une partie surnaturelle et fantastique.

J'aime énormément le style de Mizu Sahara. Son trait est fin et j'aime la façon dont les personnages sont travaillés ainsi que les quelques décors mis en place dans certaines cases. Cela va bien avec ce style d'histoire. Ce premier tome fut plaisant à lire. On fait la connaissance du héros, Kiwa Ogata, que j'ai trouvé, en plus d'être pessimiste, c'est vrai, un peu effacé. J'ai même été étonnée qu'il ait une petite amie.

Mais, on découvre durant la lecture que toutes les choses positives qui sont arrivées à Ogata proviendraient d'une sorte de chance à double tranchant. le problème dans cette histoire ce sont les contreparties parfois très néfastes pour le héros.

Je ne vous le cache pas, j'ai aimé ce que j'ai lu. C'est un manga possède une bonne trame avec ce qu'il faut pour happer les lecteur.ice. s. Durant tout le premier tome, je me suis demandé si on allait voir de quoi cette « chance » surnaturelle retourne, mais non.

Ici, tout se passe dans les suggestions et on s'arrête plus facilement sur la psychologie des personnages qu'il s'agisse des protagonistes ou des secondaires que sur le côté fantastique. L'ambiance au travail est mise en avant ainsi que des thématiques très actuelles comme le harcèlement sexuel dont est victime une des collègues de la petite amie du héros. C'est plutôt bien amené d'ailleurs.

Le côté fantastique reste donc en filigrane tout du long et la fin de ce premier tome se termine sur un cliffhanger haletant qui donne envie de savoir la suite.

Dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment avec le premier tome de Joker of Destiny. Ce fut une lecture intéressante avec une histoire palpitante et des personnages qui tiennent la route. Je serai au rendez-vous avec sa suite, c'est évident !
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