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EAN : 9791097515423
LA TRACE (13/07/2021)
4.44/5   9 notes
Résumé :
Un témoignage unique d’un médecin de montagne
« Un banquet fictif… pour une plongée dans les souvenirs bien réels de Médecins qui ont partagé la vie des villages et des stations de montagne. »
« Des souvenirs touchants, vibrants, parfois rocambolesques évoqués par des médecins de montagne qui se livrent avec humour, bienveillance et respect. »
« Une parenthèse inattendue autour de souvenirs de médecins de Montagne en fin de carrière ou presque…f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Dans la salle voutée, l'immense cheminée ronfle, craque, ronronne. Les ombres dansent aves les flammes. Même un soir d'une belle journée de mai, à 2200 mètres d'altitude, la température flirte avec zéro degré.
Là-bas, le glacier brille encore des derniers feux qui effleurent les sommets. Ils viennent d'arriver, suspendant un instant leur geste ou leur pas pour contempler, le temps d'un soupir, l'ombre des monts aux lueurs du crépuscule.
*
Vous venez de commencer un régime, alors c'est foutu.
Adieu bonnes résolutions, pectoraux rentrés, et les petites graines des bobos en tous genres !
Lâchez-vous bon sang !
« À table ! » S'écrie Arlette.
Dans un grand raclement de chaises chacun prend sa place.
Au menu, « soupe à l'oignon pour tout le monde, daube de cerf à la polenta, fromages du pays ou tarte tatin, le tout arrosé d'un petit Cahors des vignobles du frère de Romain, ça ira ? »
Autour de la table, Sophie, médecin retraitée d'une grande station de Savoie et Louis, photographe l'été et manipulateur radio l'hiver, son compagnon assistant.
La douce Marie et Georges, le philosophe, couple de médecins de station-village durant vingt ans qui ont rejoint la ville pour les études de leurs enfants.
Jean, massif, rieur, médecin pendant vingt-cinq ans dans village-station reculé des Alpes, devenu globe-trotteur.
Romain, médecin Pyrénéen qui exerce toujours à plus de septante ans et Julie, son épouse collaboratrice des années durant, actuellement retraitée.
Pierre, médecin d'une grande station de Savoie jusqu'à un AVC et Agnès, son épouse infirmière et collaboratrice.
Luc, médecin en Isère puis dans l'humanitaire.
Gabriel, initiateur de la soirée, médecin dans les Alpes du Sud, exerçant toujours à plus de septante ans et Anaïs sa compagne.
Le service était assuré par Antoine, le gérant du refuge-hôtel, qui accepte de rouvrir son établissement et se mette aux fourneaux avec l'aide de sa femme, la plantureuses Arlette.
*
Ils se souviennent !
*
Arlette apporte la daube de cerf. le fumet qui s'échappe de la cocotte en fonte cloue le bec des conteurs. Un silence gourmand s'installe, troublé seulement par quelques heurts d'assiettes ou de couverts et le glouglou des verres que l'on remplit. La viande est fondante, la polenta parfumée. Après les premières bouchées, ceux qui n'ont pas la bouche pleine, après une gorgée de vin aux tanins de fûts de chêne et arômes de pierre chaude, réamorcent la discussion.
La population des touristes aux sports d'hiver est un échantillon de la société. Il y a les gentils, les reconnaissants, à vrai dire la majorité, parfois naïfs et étonnés : « mais vous avez un appareil de radiographie ! » « Comment pouvez-vous vivre si loin de tout ? Et dans la neige durant quatre mois.
Il y a Mamie, en manteau de fourrure et bottines et… qui est-ce qui glisse sur la plaque de glace devant la crêperie et se fracture le col du fémur ? … Mamie ! qui vient de dire adieu à la crêpe au grand Marnier !
Le discret professeur X, un des plus grands pontes de chirurgie osseuse d'une faculté célèbre, qui accompagne un ami victime d'une fracture de l'épaule.
- Pourquoi ne vous êtes-vous pas identifié en arrivant ?
Réponse :
Qu'aurais-je pu faire de plus, cher confrère ? vous perturber dans votre travail ?
Un « Grand Monsieur » !
Et combien d'autres anecdotes racontées par les uns et les autres.
*
- Sers moi un peu de vin avec le chèvre ! Tous nos dinosaures ne sont pas des poètes.
- Question à tous : que répond un patient du pays en surcharge de cholestérol quand on lui conseille de limiter le fromage ?
Réponse à l'unisson : Docteur tu veux me tuer !
*
La tarte est sur la table. Une vraie tarte familiale caramélisée, aux odeurs de feu de bois, de sucre et de pomme dont la légende dit qu'elle fut découverte à la suite d'une maladresse heureuse.
*
- Docteur venez vite, on a un mort mais peut-être qu'il est vivant.
*
Romain un peu congestionné rattrape un morceau de pomme échappé de son assiette et renchérit :
- Moi, ce n'est pas un mort vivant que j'ai dû réchauffer mais…
La danse des flammes, les craquements des bûches accompagnent cet instant où chacun revoit des regards, des sourires, réentend des voix que l'on ne peut pas oublier, puis le silence est rompu par…
On se souvient de Clopin-Clopant… de Manivelle… de la petite fleur d'alpage qui aura 45 ans le 14 septembre de cette année… ces foutues fumelles de foutues fumelles de ce vaillant septuagénaire. de cette solide sexagénaire, Antoinette, qui quarante-huit heures avant sa mort, lors d'un visite de son docteur, alors que son coeur battait la chamade, était encore prise de fou rire au souvenir de la stupéfaction et de la colère du Doc, lorsqu'il l'avait…
*
Recommandation(s).
Sanglez-vous à votre fauteuil !
Muselez-vous et évitez de distraire votre entourage par des fous rires contagieux à l'évocation des souvenirs cocasses.
Pour les situations plus sérieuses comptez sur Arlette… qui va débarrasser, pour laisser place à Antoine, accompagné d'un concert de chocs cristallins, de petits verres et d'une grosse bouteille de génépi. Silence.
Bande de mauvais esprits, s'abstenir.
- Tous devant la cheminée s'il vous plait, qui voudra du café ?

Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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Tous arrivent. Les uns après les autres dans ce lieu des retrouvailles altières. Bruit de chaises, bises claquantes, regards heureux. L'heure de la collecte a sonné. Jean-Claude Lefebvre est le maître des Cérémonies. La soirée ne sera pas commune. Tous sont assignés au devoir de mémoire. Conter les expériences, les marquantes, les imprévisibles et les indélébiles. Les prises de risques en haute montagne dans ce temps maintenant dépassé. C'est en cela que ce témoignage et ce banquet des as de coeur est crucial. le narrateur (l'auteur et également médecin) rassemble l'épars. Les médecins délivrent leur serment d'Hyppocrate, tour à tour, les aléas, les actes médicaux vitaux parfois osés voire périlleux lorsque le matériel était juste l'essentiel pour ne pas faillir. Les heures lourdes auprès des malades en lâcher prise, refusant immanquablement le départ à l'hôpital. Mourir chez soi plus qu'une gageure, un rite. Se savoir trop âgé, craindre d'être une charge. Laisser la mort encercler les montagnes qui octroient l'abandon suprême. Ce récit kaléidoscope est l'emblème même de la mallette d'un médecin, ridée, figée par ces kilomètres avalés par monts et vallées, craintes et désespoirs aussi.Le symbole de la force, la vocation constante (une des plus belles qualités humaines) malgré la fatigue, le poids de la neige sur les épaules, la nuit gorgée de pluie, les ravins sournois. Par tous les temps, tous les obstacles, tels des vaillants sauveurs, la présence certifiée dans la main tremblante d'une jeune accouchée ou d'un skieur blessé car trop intrépide. On imagine ces Médecins de Montagnes, maillon indispensable pour le bien de tous. Ces humanistes au grand coeur qui abandonnent la chaleur de leur foyer, se consacrer (sacre) au prochain. le malade, le faible, l'égaré, le désespéré, sans cette toute puissance, avec juste cette belle part d'abnégation, étoiles des neiges au profond de leurs devoirs. Ce témoignage est humble. C'est en cela qu'il est gagnant et touche du ciel les soins les plus valeureux. Cet hymne à la médecine, cime d'épreuves est émouvant. Il est le sceau d'années spéculatives et opératives dans cet entrelac d'humanité vaste comme le monde. Ces hommes et femmes oubliant la fatigue, la peur de vaincre à froid. La solitude gagnante, alliée des efforts. Sapins fragilisés par la distance avec la vallée. Les endurances vénérables, les convictions apprivoisées, le chemin guide ces bienfaiteurs. Qu'importe l'heure des grandes causes. Ici, c'est le règne des Dinosaures. Les délivrances, paroles dénouées, qui invitent à trinquer à la gloire de la persévérance et de l'humilité. « le Banquet des Dinosaures » « Histoires de Médecins de Montagne » est touchant et nécessaire. Publié par les majeures Éditions La Trace.
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D'anciens médecins de montagne se retrouvent autour d'un repas. Ce qui pour eux est l'occasion d'échanger des anecdotes autour de leur métier, en partant de leur installation vers le milieu des années 70.
Le « banquet » est fictif et permet d'amener les récits de chacun. Les anecdotes sont vraies, mais les noms (de personnes et de lieux) ont été naturellement modifiés.
Elles concernent parfois les touristes, mais surtout les montagnards. Parfois elles nous amènent le sourire aux lèvres (comme cette femme qui a menacé son mari d'une grève du lit s'il n'allait pas consulter). Elles sont aussi poignantes (cet homme qui refuse d'aller se faire soigner à l'hôpital parce qu'il veut mourir chez lui, comme il l'a choisi). Elles nous montrent une vie parfois très rude mais emplie de bonheur, de respect, d'entraide et de courage. Jamais elles ne sont moqueuses.
Elles nous montrent aussi le dévouement de ces médecins qui n'hésitent à faire des kilomètres pour aller chez leur patient sans même savoir s'ils seront reçus. Des hommes et des femmes plutôt citadins qui ont dû s'adapter aux mentalités et au manque de moyens.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui nous offre de petites tranches de vie et nous font voir un autre visage de la médecine. Les anecdotes sont courtes et variées, donc pas de lassitude. Et le fait d'avoir pris ce repas comme prétexte permet de lier les choses et de sortir un peu de ces récits de temps en temps.
Mais surtout il se dégage de ce livre un sentiment d'amour du métier et de respect pour les gens, avec des médecins qui ne prennent personne de haut.
En bref un excellent moment de lecture avec ce livre de 133 pages que je ne peux que vous conseiller.
Je vous souhaite une bonne lecture
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Dans la collection "Témoignages" de la maison d'Edition La Trace, je viens de lire "Le banquet des dinosaures" de Jean-Claude Lefebvre. Médecin de montagne, l'auteur a aussi rempli des missions pour Médecins sans Frontières. Dans ce petit recueil, il nous conte des anecdotes de ses confrères médecins comme lui dans des stations de montagnes.

La Trace, c'est bien de cela dont il s'agit, et l'auteur nous avertit d'entrée sur l'objectif de son récit "Si j'ai imaginé ce banquet fictif où quelques vieux médecins évoquent autour d'une table leurs expériences et souvenirs, c'est pour laisser une trace de ce que fut l'exercice particulier de leur profession dans des villages, vallées et stations de montagne". Et, s'il ne relatait, parfois, des moments pour le moins difficiles, périlleux, voire douloureux, je dirais que ce petit livre est une douceur de fin de repas. C'est en tous les cas un moment hors du temps empli de nostalgie mais aussi une déclaration d'amour à un métier, un retour à la simplicité de la vie, un hommage au dévouement de ces femmes et hommes entièrement dédiés à leur passion et à leurs patients au détriment, parfois, de leurs proches.

L'écriture est belle et limpide, les transitions toujours parfaitement choisies et les interventions tellement bien contées que j'ai eu l'impression d'assister à chacune d'elles. J'aurais même pu me dispenser d'analyser le texte, l'auteur s'en charge à merveille dans son épilogue, sorte de chronique à deux voix. Il y est question de passion, j'en ai parlé, de nostalgie, aussi, celle de tout un chacun devant des changements de pratique.

En un mot, si la médecine a réalisé des progrès considérables, si la sécurité est désormais le maître mot, je me suis surprise à regretter fortement l'humanité et l'empathie de ces médecins d'un autre temps.

Je remercie chaleureusement les Editions La Trace pour cette lecture en avant-première.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Dans la cadre d'une Masse Critique Babelio, j'ai lu ce livre-témoignage de Lefebvre.
Quelle belle surprise ! Ce roman est un éclat de sincérité et une ode à la vie libre, intense et authentique de la montagne ! Un aperçu "vintage" des pratiques médicales d'autrefois, que ces médecins ont échangés entre eux. le roman prend la forme d'un dîner entre amis médecins et les histoires fusent les unes après les autres. Certains sont encore en profession à 70 ans. le roman se construit donc autour d'anecdotes de ces hommes et femmes en profession dans diverses régions montagneuses, loin de tout. Les anecdotes sont nombreuses, véridiques, amusantes, parfois osées.
Le livre est court (133 pages), mais il vaut sincèrement le détour.
En plus des histoires si bien contées par Lefevre et d'un genre que je ne lis que très peu (le témoignage), j'ai découvert une superbe maison d'éditions qui propose de nombreux romans alléchants.

Je recommande vivement ce livre à tous les lecteurs amoureux des belles histoires. C'est un magnifique hommage à ces hommes et femmes qui ont donné leur vie pour sauver celle des autres, sur des terrains autrefois hostiles et difficiles d'accès...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Seule la responsabilisation de chacun, peut permettre d evitercque des pratiques à risques calculés ne se transforment en roulette russe. C'est à ce prix que la montagne restera un espace de liberté et d'épanouissement évitant d'être soumis à des mesures coercitives
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