Conservant avec la Bibliothèque vaticane le fonds de manuscrits grecs illustrés le plus important du monde, la Bibliothèque nationale de France se trouve dépositaire d'une part non négligeable du patrimoine artistique byzantin. L'importance de ce fonds est étroitement liée aux circonstances historiques qui ont entouré sa création dans la première moitié du XVIe siècle et ses enrichissements successifs jusqu'aux XXe siècle.
Les premières effigies des empereurs à Byzance s'inscrivent dans la tradition du portrait antique, tant dans l'iconographie que dans les supports utilisés. Les empereurs romains attachaient une importance particulière aux oeuvres les représentant et veillaient à ce que les portraits soient fidèles à leurs traits individuels tout en reflétant l'image qu'ils désiraient donner de la dignité impériale. Les représentants d'empereurs byzantins suivent un dessein similaire, même si, rapidement, le concept idéologique l'emporte sur la ressemblance physique. La sculpture et les monnaies sont alors les deux supports traditionnels de la diffusion officielle de l'imagerie impériale.
Les églises byzantines médiévales séduisent par les proportions harmonieuses de leur architecture et la beauté de leur décor intérieur, de fresques ou de mosaïques, en parfaite adéquation avec le cadre spatial. Les textes concernant les décors disparus des églises de Constantinople insistent surtout sur l'effet produit par l'éclat des matériaux précieux, l'or, l'argent, les couleurs vives, la lumière, propres à faire ressentir la présence divine et à élever l'esprit du spectateur à la connaissance de Dieu. "C'est comme si on entrait dans le ciel lui-même [...] et comme si on était illuminé par la beauté de tout ce qui brille autour comme autant d'étoiles" .
Quand on évoque l'art byzantin, on pense à Sainte-Sophie, aux mosaïques à fond or et surtout aux icônes, qui ont joué un rôle primordial dans la dévotion publique et privée. Cependant, si la plus grande partie des témoignages artistiques qui nous sont parvenus relève de l'art religieux, Constantinople et les autres villes de l'Empire étaient riches d'édifices (palais, bâtiments publics, colonnes honorifiques, fontaines, etc.) et d'objets (vaisselle, textiles, etc.) séculiers ou profanes, et les travaux récents sur la céramique, les objets métalliques (outillage, parure) ou encore l'habitat ont contribué à faire mieux connaître la culture matérielle.
Le musée de Cluny est riche d'une collection byzantine illustrant l'importance de la place artistique de Constantinople dans le monde médiéval. Plusieurs des oeuvres majeures ont figuré au sein du premier parcours du musée, puisque avant la création de celui-ci, en 1844, Alexandre Du Sommerard les possédait dans sa collection de l'hôtel de Cluny.