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Critique de Musa_aka_Cthulie


Sujet intéressant et hors-série plutôt réussi. Pour une fois, l'entretien avec un commissaire d'exposition ne donne pas seulement l'impression de servir de communiqué de presse, mais explique assez bien les enjeux de l'exposition et en précise clairement certains aspects.

Le dossier en lui-même ne suit pas exactement les grandes lignes de l'expo, mais choisit d'aborder le sujet selon les lieux de prostitution - la rue, les maisons closes, les music-halls, les appartements des courtisanes - au tournant du XIXème-XXème siècles, mettant ainsi en avant ce qui différencie profondément les types de prostitution et les prostituées, et donc leur position dans la société et le regard qu'on portait sur elles. Par conséquent, ce numéro de L'Objet d'art relève autant de l'histoire que de l'histoire de l'art, ce qui suit la logique de l'exposition. Mais il me semble tout de même que c'est finalement l'approche historique qui se taille la part du lion.

L'intérêt, c'est qu'on en profite pour découvrir les études commises sur le sujet, et notamment l'ouvrage d'Alain Corbin, Les filles de noce ; c'est d'ailleurs une véritable invitation à le lire. le défaut, c'est que, faute d'une présentation chronologique du sujet, on est un peu frustré quant à la question du regard des peintres sur la prostitution, sur l'évolution de ce regard. Néanmoins, on comprend bien ce qui fait la différence des points de vue De Toulouse-Lautrec et de Degas, par exemple. On découvre aussi une facette teintée de réalisme de l'oeuvre de Félicien Rops qui est d'habitude peu mise en avant, voire carrément occultée.

La révélation de l'exposition, largement explicitée ici, c'est évidemment le décryptage des tableaux qui seraient sinon incompréhensibles pour un public du XXIème siècle : tous ces infimes détails qui font que, dans la vie ou sur la toile, on reconnaissait fin XIXème une prostituée - de métier ou occasionnelle. On est aussi frappé par le regard malsain des hommes qui transparaît dans certaines oeuvres. À tel point que je me suis demandé si ce qu'on redécouvre aujourd'hui, via l'exposition du musée d'Orsay, comme des scènes de prostitution ou d'invitation à la prostitution, en sont réellement. Les commissaires d'exposition n'ont-ils pas trop extrapolé à partir de ces détails - un regard appuyé, un jupon légèrement relevé -, réalisant l'amalgame entre ce qui relève de la prostitution, même occasionnelle, et ce qui relève du machisme, de la misogynie, du peu de considération qu'on accordait aux femmes à une époque bien connue pour le mépris qu'on leur vouait. Je crois que L'Objet d'art aurait pu se pencher sur la question.

Pour terminer, je relève que la revue a opéré quelques changements très positifs dans la mise en page. Pour exemple, on ne trouve pratiquement plus de reproductions scindées en deux pages - et les deux seules concernées par cette pratique apparaissent en page de titre, ce qui n'est pas gênant. Merci à L'Objet d'art d'avoir prêté l'oreille à ses lecteurs !
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