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Critique de Pavlik


Etienne de la Boétie écrivit ce texte entre 16 et 18 ans...Grand ami de Montaigne, il eut une vie courte (mort à 32 ans) et bien remplie.

Ce texte nous révèle deux choses, selon moi, de son auteur : il avait une grande érudition, il n'était donc pas de basse extraction, et il était "indigné", sans doute, mais prudent, l'ensemble des références avancées dans son "Discours de la Servitude Volontaire" remontant à l'antiquité. Bref, pas de mesquinerie excessive, je sais bien qu'il faut dissocier l'oeuvre de son auteur...mais quand même, celle-ci ne l'a pas empêché d'être autorisé par le roi à devenir magistrat avant l'âge légal.
Historiquement, ce texte préfigure un peu ce que seront les réflexions de philosophes ultérieurs (Locke, Rousseau), s'emparant de la chose politique. Il ne faut donc pas lui retirer, malgré sa brièveté, son caractère "avant-gardiste" et audacieux, en un sens.

La Boétie analyse les rapports entre tyrannie (du pouvoir politique) et soumission du peuple et avance l'idée que, si la tyrannie peut être imposée par la force elle ne perdure que par la "complicité tacite" du peuple, qui s'y soumet, en quelque sorte, volontairement. Comment ? Par la force de l'habitude et par l'emploi de techniques "vieilles comme le monde" (du pain et des jeux). Et comme dirait Napoléon "le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude".
Ceci est bien malheureux pour La Boétie car, pour lui, la liberté et l'égalité sont des "droits naturels". Alors, oui, c'est facile car j'ai le recul historique, mais moi, cette notion de droit naturel, ça me chiffonne et j'en viens à me demander, dans ce cas là, pourquoi en est-on arrivé à PROCLAMER la déclaration universelle des droits de l'homme ? C'est-à-dire, pourquoi passer par le droit positif si c'est si naturel que ça ? Et donc pourquoi a-t-il fallu tout ce temps à l'humanité pour se rendre compte de cette chose si incomprehensible et inadmissible qu'est la "servitude volontaire"?

Je suis désolé mais la réponse "la force de l'habitude" a du mal à me satisfaire...Si encore on m'avançait la force de l'ignorance, là pourquoi pas...Ah oui et puis le "on ne regrette pas ce que l'on a jamais connu"...Mouais...là aussi, j'ai du mal à souscrire. Par contre j'entends très bien le "par intérêt"...Oui, parce que, voyez-vous, le pain et les jeux ça ne marche qu'avec le bas peuple, l'élite il lui en faut plus, il lui faut de la thune et des privilèges...auquel cas elle ne dédaigne pas de faire fonction de clique au tyran, allant même jusqu'à servir de paratonnerre en cas de foudre populaire.

"le Discours de la Servitude Volontaire" est, finalement, malgré la maturité que l'on prête à son auteur, empreint d'une certaine inexpérience des rapports humains, de la nature humaine, même s'il repère parfaitement les mécanismes de perpétuation du pouvoir. On ne peut, néanmoins, lui reprocher d'omettre des outils (inconnus alors) dans sa réflexion, telle que la psychologie, ou la sociologie...Son importance, d'un point de vue historique, est certaine...c'est sans doute une graine parmi d'autres.
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