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Jerome Lavoine (Autre)
EAN : 9782380353037
105 pages
Massot éditions (22/04/2021)
3.65/5   17 notes
Résumé :
2043. La transition énergétique a eu lieu : le monde s'est débarrassé du charbon et du pétrole. La planète est 100 % « green ». Mais à quel prix...

Sud de la Malaisie. Salem, chasseur expérimenté à la solde de l'une des plus grandes compagnies d'exploitation de métaux rares, est sur les traces des derniers gisements de prométhium, le plus convoité de tous les métaux.

Nord-Est de la Sibérie. Laszlo et Aude font une découverte qui pourrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous ne réglons pas le problème de l'impact de l'homme sur l'environnement avec les énergies renouvelables, nous le déplaçons seulement…

A toutes les personnes fières de leur voiture électrique, heureuses et confortées dans leur choix vis-à-vis de la planète, lisez cette BD. Et si vous n'êtes pas convaincus, ou si vous voulez aller plus loin, plongez dans « La guerre des métaux rares » de Guillaume Pitron.
Cette BD s'inspire librement de cet essai brillant. Elle constitue un bon préambule avant d'aller plus loin. En une centaine de pages et quelques dialogues percutants, elle parvient à bien mettre le doigt sur les défis qui sont les nôtres alors que nous amorçons un virage énergétique de grande ampleur dans le cadre de notre transition énergétique basée sur les énergies renouvelables. Ce récit permet de prendre ce virage sans optimisme béat et en étant conscient de ses enjeux, de ses limites et de ses dangers, dangers de plus en plus rendus publics par ailleurs.

Le récit est un récit d'anticipation légère puisque nous sommes en 2043. A force de volontarisme et de coopération internationale les Accords de Paris de 2015 sont intégralement appliqués, les pays ayant été acculés, au pied du mur, dans les années 2030. La planète est désormais 100% green. Plus une goutte de pétrole n'est utilisée, plus un seul gramme de charbon n'est brulé. Panneaux solaires, éoliennes et voitures électriques font partie du quotidien de tous.
Ce qui peut sembler être un doux rêve est en réalité un nouveau cauchemar. Car pour fonctionner, ces énergies renouvelables nécessitent énormément de métaux rares (et de terres rares) dont l'extraction nécessite beaucoup d'énergie ; actuellement, cette extraction des métaux rare indispensables à nos énergies renouvelables, aux batteries de nos voitures électriques, est fondée sur les énergies carbonées (la pollution est passée d'une pollution d'usage à une pollution de l'extraction). Nous imaginons que l'extraction d'une quantité autrement plus importante qu'aujourd'hui de métaux rares se fera dans ce cadre sans pétrole et sans charbon sur la base d'énergies renouvelables…les métaux rares et leur extraction sont bien la clé du nouveau paradigme énergétique. A moins de trouver un matériau de synthèse permettant de les remplacer…

L'ouvrage se focalise sur un métal rare, qui est plus exactement une terre rare, le prométhium. Peut-être est-il nécessaire d'expliquer la différence entre les métaux rares et les terres rares. Je reprends quelques lignes de mon retour sur l'essai « La guerre des métaux rares » : Les métaux abondants comme le fer, le cuivre, le zinc, l'aluminium, par exemple, coexistent avec une famille de métaux rares. Ces derniers sont donc associés aux métaux abondants, mélangés à eux dans l'écorce terrestre mais dans des proportions souvent infimes, d'où le terme de rareté utilisé. Ils représentent ainsi une toute petite production annuelle et sont de ce fait relativement onéreux.
Le must du must en matière de métaux rares sont les terres rares (les terres rares sont donc une famille de métaux rares). Elles ont en effet de stupéfiantes propriétés électromagnétiques, optiques, chimiques, catalytiques. le prométhium en fait partie. Émetteur de particules béta, il est très radioactif. Son nom vient de Prométhée, titan de la mythologie grecque qui a volé le feu sacré de l'Olympe pour le donner aux hommes. N'oublions pas cependant que Prométhée sera soumis au supplice de Zeux, condamné à rester enchaîné éternellement à un rocher tandis que chaque jour, un aigle viendra dévorer son foie…à méditer.

En suivant Salem, chasseur expérimenté à la solde de l'une des plus grandes compagnies d'exploitation de métaux rares, le récit met en valeur de façon très claire et pédagogique l'impact de cette extraction systématique et sauvage sur les populations locales, sur les paysages, sur la pollution qu'elle engendre alors que des millions de mines légales et illégales criblent la surface de la terre répandant d'énormes quantités de produits chimiques dans les sols. Nous le suivons du Sud de la Malaisie, en passant par l'Himalaya puis sur une île construite, sur les traces des derniers gisements de prométhium qui est la terre rare la plus convoitée. La problématique centrale est la finitude des ressources. Cette rareté est d'ailleurs sources de trafics, de corruption et de spéculation. Et d'extraction sauvage aussi bien dans les fonds marins que dans les chaines de montagne, polluant tout par la même occasion via la chimie que ces recherches nécessitent.

Autrement dit, nous avons les mêmes personnes à la tête de ce capitalisme « vert », les mêmes méthodes de management. Les mêmes logiques de profit. Un monde plus vert, certes, mais au prix de nouvelles pollutions, d'un capitalisme toujours avide de profit sur le dos des populations les plus fragiles et démunies et au prix de nouvelles problématiques.

"Il faut que tout change pour que rien ne change, c'est ce que disait Tancredi dans le Guépard de Visconti. le commissariat à l'énergie atomique est devenu le commissariat aux énergies alternatives, CEA, mêmes initiales. La BP, British Petroleum, est devenue la Beyond Petroleum".

L'espoir provient d'un couple de chercheur au Nord-Est de la Sibérie qui fait une découverte focalisée sur un matériau de synthèse qui pourrait remplacer les métaux rares et donc tout changer…découverte que nous imaginons gênante pour ces grandes puissance du capitalisme vert.

Le dessin est en noir et blanc, agréable, clair tout en étant de facture assez classique, ce qui permet de placer le message avant le graphisme qui sert l'histoire avec fidélité mais sans grande valeur esthétique j'ai trouvé.

En conclusion, Prométhium est une BD pédagogique et très claire sur les enjeux de la transition énergétique que nous commençons à amorcer. Elle permet de bien cerner ses enjeux et ses limites. Notons que le nucléaire n'est pas appréhendé sauf très rapidement, par le biais d'un personnage féminin, habitante d'un petit village de l'Himalaya, qui explique la dépendance au prométhium de son peuple du fait du rejet du nucléaire, « le champignon atomique symbolisant trop l'apocalypse ». Part belle est faite à la recherche et l'innovation, seule voie de salut pour trouver une façon de se passer d'un matériau dont l'extraction non seulement engendre de nombreux problèmes mais n'est pas illimitée.

Merci à Babélio et aux éditions Massot pour l'envoi de ce livre en masse critique. J'ai été ravie de le gagner car j'étais curieuse de voir comment l'auteure, Séverine de la Croix, allait mener son récit d'anticipation sur la base de l'essai de Guillaume Pitron qui m'a beaucoup marquée. C'est une jolie réussite !
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2043, la révolution verte tant attendue et si nécessaire a enfin eu lieu. Les différentes puissances mondiales respectent maintenant toutes les accords sur le climat et l'humanité s'est définitivement débarassée des énergies polluantes, pétrole et gaz. Cette bande dessinée serait donc une utopie plutôt qu'une dystopie ? Et bien non, car nous y découvrons les coulisses de ces énergies vertes, la nécessaire extraction du prométhium, métal rare nécessaire avec tant d'autres à la production des batteries et autres composants électroniques devenus omniprésents. En suivant les traces de Salem, chercheur de prométhium pour une grande compagnie d'extraction, nous verrons que rien n'a vraiment changé…

En choisissant cet album lors de la dernière Masse Critique, je n'avais pas vu qu'il était en fait inspiré de l'essai La guerre des métaux rares de Guillaume Pitron, essai qui m'avait l'air très intéressant et que je souhaitais découvrir. J'ai donc eu la bonne surprise en le recevant d'apprendre qu'il ne s'agissait pas d'un simple récit d'anticipation mais que cette histoire (romancée et imaginaire malgré tout) était basée sur des recherches et des données très solides qui sont d'ailleurs très bien résumées à la fin de la BD. Et c'est peu dire que ce qu'imaginent les auteurs fait froid dans le dos… Pendant que les pays riches se réjouissent d'une économie totalement décarbonée, on réalise en suivant les traces de Salem à quel point cette révolution verte s'est faite au prix d'une énorme pollution, à travers des mines extrêmement nocives pour l'environnement, rendant leurs environs cauchemardesques pour les êtres humains. Pire que tout, les réserves de prométhéium sont maintenant quasiment épuisées et les grandes compagnies se livrent une guerre sans merci pour mettre la main sur le moindre gramme restant au mépris de tout droit humain et de toute règle. le scenario est habilement construit car on entre dans le récit par l'action avec Salem en visite dans une mine en Malaisie, sans vraiment comprendre ce qui se passe à part le côté apocalyptique des environs de la mine et on découvre petit à petit ce qui nous a amenés là.

J'ai trouvé que le dessin s'accordait également très bien au propos : très noir, avec des traits appuyés et beaucoup de vues aaériennes ou pleines pages donnant la mesure de l'immensité de l'exploitation minière et de ses ravages sur l'environnement. Les personnages sont campés en quelques coups de crayon mais restent très lisibles et le tout sert très bien le récit et la montée de la tension tout comme l'étonnement du lecteur cherchant à comprendre l'environnement dans lequel il est plongé. Avec cette entrée en matière je me demandais où les auteurs allaient nous mener mais j'ai finalement trouvé le récit bien construit avec une fin ouverte qui fait attendre avec impatience les prochains épisodes.

Une belle réussite que ce Prométhium : tout d'abord un bel objet graphique mais aussi une BD intéressante qui donnent de belles pistes de réflexion sur ce vers quoi pourrait tendre la lutte contre le réchauffement climatique si on fait certains choix techniques et de société. le propos est clair, avec suffisamment d'explications pour ne pas perdre le néophyte tout en étant assez précis pour ceux qui connaissent déjà un peu le sujet, le tout sans jamais ennuyer. Bonne pioche car j'ai refermé cet album en ayant à la fois envie de découvrir rapidement la suite et de lire l'essai dont il s'inspire. Une réussite à découvrir, c'est une oeuvre vrament originale et qui en plus donnen de belles pistes de réflexion !
Un grand merci à Babelio et à sa Masse critique pour m'avoir permis de découvrir cet album et merci également aux éditions Massot pour leur confiance.
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Merci tout d'abord aux Editions Massot et à Babelio pour l'envoi de ce livre, reçu dans le cadre de la Masse Critique Graphique d'avril 2023.

J'avais lu le très bon essai La Guerre des métaux rares de Guillaume Pitron, dont cette BD (ou roman graphique ?) est directement inspirée, et même plus qu'inspirée, puisqu'elle en reprend les principaux arguments, les illustre par le dessin et la fiction.

C'est une BD essentiellement didactique donc, ce qui fait sa force, car il s'agit ici bien de vulgariser un sujet que d'aucuns pourraient trouver aride, d'en clarifier des enjeux, en somme d'exposer la face cachée de la transition énergétique (je ne reviendrais pas dans cette critique sur le détail de ces arguments, certains l'ont déjà fait, et je ne peux que vous encourager à vous renseigner sur le sujet et à lire l'essai de Guillaume Pitron !)

C'est aussi, d'une certaine façon, sa faiblesse, car le récit se résume à une longue exposition, sans véritable tension narrative, si bien que l'on a l'impression de lire plutôt le premier tome d'une série où l'intrigue est à venir qu'un 'one-shot'.

Reste que Prométhium accomplit sa mission de vulgarisation, grâce à une galerie de personnages convaincants, un dessin noir et blanc à la fois précis et légèrement inquiétant de par son absence de nuances (il rappelle par moments les traits du mémorable Gen d'Hiroshima), et un ensemble de tableaux qui nous font voir un panorama des enjeux présents et futurs autour des métaux rares.

Mission périlleuse mais réussie, et je recommanderais volontiers Prométhium autour de moi. D'autant plus à ceux qui ne pourront lire la Guerre des métaux rares.
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Flippant, c'est l'idée qui ressort de ma lecture de ce livre. Flippant et lucide, réaliste.

J'avais beaucoup aimé le livre de Guillaume Pitron. Là, c'est une projection dans 20 ans de ce que la guerre des métaux rares actuelle pourrait donner. Ca reste subjectif, une hypothèse parmi d'autres, mais j'y ai trouvé une résonance à ce que je connais et j'imagine, même un peu optimiste dans le sens où la société arriverait à conserver ce mode de vie malgré les bouleversements climatiques.

Une illustration implacable des désordres du monde, une prise de conscience, une envie de lire le livre pour savoir à quoi ressemble cette guerre et quel rôle joue la Chine, une histoire de science fiction, chacun y trouvera ce qu'il veut.

Petit bémol pour les dessins, j'ai trouvé les visages des personnages bizarres, sans savoir si c'est un parti pris artistique ou lié à la difficulté de les dessiner.
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Nous faisons un bon dans le temps où la société a pris en compte les alertes du GIEC. C'est fini d'utiliser le pétrole. La révolution verte est passée par là. Dorénavant, on mise sur la technologie avec les matériaux rares. On sait environ quelle quantité il en existe sur la planète. Les estimations restent approximatives. On en trouve toujours dans des zones naturelles très particulières. La valeur monétaire à plus d'importance que la protection des autochtones et de l'environnement. Il faut beaucoup détruire pour a une infime charge. Au vue de la valeur de ces biens, les acheteurs sont prêts à tout pour l'avoir quitte à tuer. Contre un bon salaire, on trouve toujours des gens pour réaliser les tâches ingrates. Et parfois, certains trouvent une éthique et abandonnent. Une dystopie pas si innocente car cette quête aux matériaux rares se fait déjà. Les nouvelles technologies dépendent de plus en plus. Bien que l'on sache les méthodes de récolte avec son flot de malades, de morts, de pollution de l'air, de l'eau, du sol... il ne se passe pas grand chose. Une fiction qui sonne vrai, peut-être trop. Cela confirme la volonté de lire l'essai "La guerre des métaux rares" de Guillaume Pitron. le sujet reste peu abordé en littérature et encore moins dans le monde du 9e art. le graphisme permet plus de vraisemblance et le jeu des couleurs plus de nuance.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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critiques presse (1)
BoDoi
16 septembre 2021
Cette bande dessinée invite le lecteur à questionner son rapport à la nature mais également à évaluer les coûts et les conséquences d’une transition pensée et réalisée par ceux qui ont mené le monde à sa perte. Ainsi, une question reste en suspens : sommes-nous prêts à faire tous les sacrifices nécessaires pour la survie de l’Humanité ?
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- On est dans le collimateur des malaisiens. Ils nous rendent responsables de tous les cancers et naissances avec malformations qui se développent dans la région.
- Quel est le rapport ?
- Les mineurs meurent et on essuie grève sur grève.
- Si les locaux nous trainent en justice, on sera foutus et vous pourrez dire adieu à vos métaux rares.
- Vous croyez qu'ils vont le faire ?
- Vos cités sont peut-être vertes en Occident, mais ici, c'est noir et ça pue.
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Les mayas n'ont pas voulu utiliser la roue car elle ressemblait au soleil. Cela aurait été une profanation à leurs yeux. Ainsi, pour des raisons idéologiques et religieuses, ils n'ont pas saisi un progrès technologique qui les aurait probablement empêchés de disparaître.
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Regardez la réalité en face : nous sommes ravagés par les dégâts écologiques générés par les énergies vertes.
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En fait, nous ne réglons pas le problème de l'impact de l'homme sur l'environnement, nous le déplaçons.
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Vos cités sont peut-être vertes en Occident, mais ici, c'est noir et ça pue.
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