Semblables à des scénettes en rime sur les moeurs de la société,
Jean de la Fontaine narre les tribulations de la bourgeoisie à l'époque du règne de Louis XIV. Fantaisistes, les Fables mettent en scène des animaux anthropomorphes dotés de personnalités remarquables. Parodies de contes voire caricatures, ses allégories sont regroupées en trois volumes et démontrent un incroyable imaginaire, conférant au propos un brin d'humour et de dérision sur l'absolutisme en place. Récits succincts au discours éloquent, elles recèlent indubitablement une morale, adressée à la nature humaine, jugée vaniteuse et faible. La brièveté de la narration sert au divertissement du lecteur, qui est invité à déceler le jugement, tantôt implicite, tantôt explicite. Effectivement, dès sa première parution en 1668, le recueil a pour destination l'éducation de la noblesse, notamment celle du prince, le Dauphin de France, à qui l'auteur dédie son ouvrage. Bien qu'il prenne exemple sur l'oeuvre d'Ésope – auteur grec du VIe siècle av. J-C considéré comme le précurseur de cette forme littéraire –
La Fontaine s'en détache néanmoins. En outre, il s'inspire également de récits orientaux en vogue, pour agrémenter son récit. Avec désinvolture et frivolité, cette comédie versifiée révèle une certaine volonté de badiner avec le lecteur, par un jeu dans la formulation des mots, dont l'intention est foncièrement de plaire. Un tantinet sarcastique, l'expression symbolique est de ce fait libérée de toute censure. Audacieusement suggéré, le pouvoir de ces métaphores est intemporel. L'oeuvre
De La Fontaine fait partie du patrimoine littéraire français, que les enfants récitent allègrement ; sa popularité est toujours aussi persistante. La mémoire des fables est ainsi préservée, traversant indéniablement les siècles, de génération en génération.