AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
La Fontaine : Oeuvres complètes - ... tome 1 sur 2
EAN : 9782070112029
1539 pages
Gallimard (12/04/1991)
4.41/5   28 notes
Résumé :

Ce volume contient les oeuvres suivantes : Fables - Contes et nouvelles : Fables choisies mises en vers - Contes et nouvelles en vers. Édition de Jean-Pierre Collinet.

Que lire après Oeuvres complètes, tome 1 : Fables, contes et nouvellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le Lièvre et la tortue
Livre sixième
Jean de la Fontaine (1621-1695). On aurait tort de dénigrer le Grand Siècle qui contribue à la valeur de la France dans le monde entier.

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point :
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. Sitôt ! êtes-vous sage ?
Repartit l'animal léger :
Ma commère, il faut vous purger
Avec quatre grains d'ellébore.
-Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait ; et de tout deux
On mit près du but les enjeux.
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Notre lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
J'entends de ceux qu'il fait lorsque, prêt d'être atteint,
Il s'éloigne des chiens, les renvoit aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Avant, dis-je, du temps de reste pour brouter.
Pour dormir et pour écouter
D'où vient le vent, il laisse la tortue
Aller à son train de sénateur.
Elle part, elle s'évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y a de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose ;
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit
Que d'autre touchait presque au bout de la clairière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
de quoi vous sert votre vitesse ?
Moi l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?


Elle se hâte avec lenteur : oxymore devenu légendaire

Aller à un train de sénateur : là aussi Jean de la Fontaine popularise cette expression de vieux sage dans la Rome antique qui ne pouvait qu'aller lentement.

Le lièvre est indéniablement connu pour sa vitesse. Quand un lièvre détale, on entend la puissance de ses grandes pattes arrière, mécanique étourdissante se mettre au service de sa fuite qui en fait un de nos animaux familiers les plus rapides.

La tortue peut nous surprendre de ses chemins parcourus avec une lenteur extrême absolument désarmante qu'il vaut mieux la laisser seule faire ses affaires et quand on y revient , eh ben elle a trompé notre vigilance ..

Quant aux 9 mots : Rien ne sert de courir, il faut partir à point, il faudrait en faire l'exégèse, mais à priori on doit cette expression encore une fois à Jean de la Fontaine. Bel exemple de concentration attribuée à la tortue valorisée aussi par son contraire le lièvre chez lequel l'auteur voit de la distraction et un potentiel de vitesse extrême réduit presque à une banale absurdité naturelle.

Voilà bien une fable magnifique qui s'adresse aux jeunes et aux vieux semblant inscrite dans nos esprits pour l'éternité.




Commenter  J’apprécie          154
Jean de la Fontaine, grand poète de la cour de Louis XIV, est un artiste. Quelle idée sublime de comparer les acteurs de ses poésies en animal.
N'oublions pas que ses oeuvres sont une transposition de la vie de ces contemporains.
La Fontaine excerce un oeil acerbe sur le monde qui l'entoure. Surtout envers les gens qu'ils exécrent.

Dommage qu'il ne soit pas un contemporain. Rien n'a changé depuis le XVIIème siècle. Comme quoi certaines oeuvres sont inaltérables.

Toutes ces fables ne sont pas uniquement des leçons de vie mais elles ont toutes une morale propre qui doivent nous faire réfléchir.

Les fables de la Fontaine resteront toujours un chef d'oeuvre de la littérature française.
Commenter  J’apprécie          190
C'est toujours difficile de faire une critique sur un auteur si (re)connu que Jean de la Fontaine. On connaît tous certaines de ses oeuvres, mais il y en a tellement d'autres si méconnus. Je conseille d'aller au-delà de ses "classiques", de lire ses autres (et nombreux) poèmes. J'ai fait de belles découvertes et je vais essayer de les partager en postant certains de ses textes.
Commenter  J’apprécie          150
La littérature française portée à son point culminant dans ce que l'esprit du grand siècle a produit de plus éblouissant en poésie. Comment dire le moins pour signifier le plus? Fabuleux!
Commenter  J’apprécie          10
« Les délicats sont malheureux ;
Rien ne saurait les satisfaire. » (livre II, fable 1)
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le premier qui vit un chameau
S'enfuit à cet objet nouveau ;
Le second approcha ; le troisième osa faire
Un licou pour le dromadaire.
L'accoutumance ainsi nous rend tout familier :
Ce qui nous paraissait terrible et singulier
S'apprivoise avec notre vue
Quand ce vient à la continue.
Et puisque nous voici tombés sur ce sujet,
On avait mis des gens au guet,
Qui voyant sur les eaux de loin certain objet,
Ne purent s'empêcher de dire
Que c'était un puissant navire.
Quelques moments après, l'objet devint brûlot,
Et puis nacelle, et puis ballot,
Enfin bâtons flottants sur l'onde.
J'en sais beaucoup de par le monde
À qui ceci conviendrait bien :
De loin, c'est quelque chose, et de près, ce n'est rien.

FABLES, Livre quatrième, X : LE CHAMEAU ET LES BÂTONS FLOTTANTS.
Commenter  J’apprécie          630
Le Loup et le Chien

Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
« Il ne tiendra qu’à vous beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d’assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. »
Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. »
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
« Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
- Mais encor ? – Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.
Commenter  J’apprécie          130
Le Berger et son troupeau

Quoi ? toujours il me manquera
Quelqu’un de ce peuple imbécile !
Toujours le Loup m’en gobera !
J’aurai beau les compter : ils étaient plus de mille,
Et m’ont laissé ravir notre pauvre Robin ;
Robin mouton qui par la ville
Me suivait pour un peu de pain,
Et qui m’aurait suivi jusques au bout du monde.
Hélas ! de ma musette il entendait le son !
Il me sentait venir de cent pas à la ronde.
Ah le pauvre Robin mouton !
Quand Guillot eut fini cette oraison funèbre
Et rendu de Robin la mémoire célèbre.
Il harangua tout le troupeau,
Les chefs, la multitude, et jusqu’au moindre agneau,
Les conjurant de tenir ferme :
Cela seul suffirait pour écarter les Loups.
Foi de peuple d’honneur, ils lui promirent tous
De ne bouger non plus qu’un terme.
Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton
Qui nous a pris Robin mouton.
Chacun en répond sur sa tête.
Guillot les crut, et leur fit fête.
Cependant, devant qu’il fût nuit,
Il arriva nouvel encombre,
Un Loup parut ; tout le troupeau s’enfuit :
Ce n’était pas un Loup, ce n’en était que l’ombre.
Haranguez de méchants soldats,
Ils promettront de faire rage ;
Mais au moindre danger adieu tout leur courage :
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.
Commenter  J’apprécie          70
L'amour et la folie

Tout est mystère dans l'Amour, 
Ses flèches, son Carquois, son Flambeau, son Enfance. 
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour 
Que d'épuiser cette Science. 
Je ne prétends donc point tout expliquer ici. 
Mon but est seulement de dire, à ma manière, 
Comment l'Aveugle que voici 
(C'est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ; 
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien ; 
J'en fais juge un Amant, et ne décide rien. 
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble. 
Celui-ci n'était pas encor privé des yeux. 
Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble 
Là-dessus le Conseil des Dieux. 
L'autre n'eut pas la patience ; 
Elle lui donne un coup si furieux, 
Qu'il en perd la clarté des Cieux. 
Vénus en demande vengeance. 
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris : 
Les Dieux en furent étourdis, 
Et Jupiter, et Némésis, 
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande. 
Elle représenta l'énormité du cas. 
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas : 
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande. 
Le dommage devait être aussi réparé. 
Quand on eut bien considéré 
L'intérêt du Public, celui de la Partie, 
Le résultat enfin de la suprême Cour 
Fut de condamner la Folie 
A servir de guide à l'Amour.
Commenter  J’apprécie          70
Socrate un jour faisant bâtir,
Chacun censurait son ouvrage.
L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d'un tel personnage ;
L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis
Que les appartements en étaient trop petits.
Quelle maison pour lui ! L'on y tournait à peine
Plût au Ciel que de vrais amis,
Telle qu'elle est, dit-il, elle pût être pleine !
Le bon Socrate avait raison
De trouver pour ceux-là trop grande sa maison.
Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose.
Rien n'est plus commun que ce nom ;
Rien n'est plus rare que la chose
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Jean de La Fontaine (107) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean de La Fontaine
Jean de LA FONTAINE – Le poète enchanteur (FUOP, 2008) Un conférence de Patrick Dandrey, prononcée le 8 janvier 2008, au Forum Universitaire de l'Ouest Parisien.
autres livres classés : fablesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (95) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Fables de La Fontaine

A quel siècle a vécu Jean de La Fontaine ?

16ème siècle
17ème siècle
18ème siècle
19ème siècle

10 questions
372 lecteurs ont répondu
Thème : Jean de La FontaineCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..