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EAN : 9782849533475
160 pages
La Boîte à Bulles (30/10/2019)
4.37/5   60 notes
Résumé :
Comment imaginer que voici 150 ans, il a fallu toute la détermination de Pierre de Nolhac pour sortir de l'oubli le château de Versailles ?
Comme toute sa famille, Henri mène une vie de château… Et pas dans n’importe lequel !
Au château de Versailles où son père travaille. Mais grandir dans un palais ne rend pas la vie forcément plus belle, surtout lorsque votre père a décidé de dédier la sienne à cet édifice.
En 1887, Pierre de Nolhac est nomm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Un Auvergnat, Pierre de Nolhac, a sauvé le château de Versailles ! Par son acharnement, ses compétences et une volonté admirable, cet homme a redonné vie au château. C'est grâce à lui que, depuis plus de cent ans, nous pouvons admirer ce que Louis-Philippe avait transformé en musée de l'histoire de France…

Maïté Labat et Jean-Baptiste Véber pour le scénario, Stéphane Lemardelé pour le storyboard et Alexis Vitrebert aussi pour le storyboard mais surtout pour le dessin, sont les auteurs d'une belle réussite, un superbe album lauréat du Prix BD attribué par Lecteurs.com et édité par La Boîte à Bulles et le Château de Versailles que je remercie.
Les auteurs ont eu l'idée de faire raconter l'histoire par Henri, un des fils de Pierre et Alix de Nolhac. Par un dimanche de mai 1935, Henri rend visite à son père, fatigué, qui dirige le musée Jacquemart-André, à Paris et rédige ses souvenirs du fameux château.
L'histoire est découpée en trois grandes parties : L'arrivée à Versailles, de 1887 à 1892 ; La redécouverte de Versailles, de 1892 à 1900 et Versailles à la mode, de 1900 à 1936.
Avec du rythme, des rebondissements, beaucoup de tension, l'histoire de Pierre de Nolhac, dans cet immense château qui lui capte toute son énergie, m'a captivé et beaucoup appris sur ce qui fut la véritable mise en valeur de ce joyau de l'architecture.
Henri intervient souvent pour rappeler aussi ce que fut leur vie de famille, les naissances des de ses frères et soeurs qui grandissent dans ce cadre somptueux. Hélas, ce cadre les dévore aussi. le malaise va grandissant entre Pierre et Alix qui lui reproche d'avoir toujours mieux à faire et de la laisser seule avec ses enfants.
Pourtant, grâce à toute l'énergie qu'il déploie, Pierre de Nolhac qui se révèle assez psycho-rigide vis-à-vis de ses enfants prenant de l'âge, réussit à renverser les barrières dressées par ceux qui veulent que rien ne bouge.
Devenu Conservateur du château, fin 1892, il a les mains libres pour remettre au grand jour les oeuvres oubliées, éliminer les copies, résister aux architectes pour les empêcher de dénaturer les lieux qui serviront de cadre à la signature de la paix, le 28 juin 1919.
L'épreuve de la Première guerre mondiale était surmontée. le Grand Canal avait été camouflé et les verrières peintes pour ne pas attirer les avions ennemis alors que beaucoup de chefs-d'oeuvre avaient été embarqués dans le Midi et d'autres cachés dans les caves.
Le château de mon père, Versailles ressuscité m'a passionné grâce à toutes les informations que cet album contient mais mon regard a aussi été captivé par la qualité de ses dessins et leur mise en page. le choix du noir et blanc m'a un peu déçu, moi qui adore la couleur, mais je reconnais que ce choix a été judicieux car cela donne force et expressivité au dessin. Les images, les nuances de gris, la remarquable grandeur des bâtiments ou des salles est impressionnante. L'image montrant Pierre seul dans la Galerie des Glaces est prodigieuse !

Enfin, un dossier complète l'album et j'ai été très ému de découvrir toutes ces photos parfaitement légendées. Reflets d'une époque pas si lointaine et d'une famille, elles témoignent de l'importance et de l'intérêt de ce bel album dont le titre lance un clin d'oeil complice à Marcel Pagnol.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Vers la fin du XIXe siècle le château de Versailles n'est plus que l'ombre de lui-même. Les visiteurs se font rares. L'endroit n'attire plus. La révolution a vidé le château de tout ce qui faisait la magnificence du lieu, où désormais seules sont exposées les collections d'un banal musée de l'histoire de France créé par Louis-Philippe. Pourtant même si la république délaisse ce qui représente la monarchie et l'Ancien régime, un homme va se passionner pour le château et lui consacrer toute sa vie. Cet homme, Pierre de Nolhac, nommé conservateur en 1887 s'y installe avec femme et enfants. C'est Henri, un de ses fils qui raconte la vie de la famille. Henri qui décrit les moments heureux de cette enfance très particulière et le travail acharné de son père. Mais déplore aussi que cette énergie consacrée à redonner au lieu son lustre d'antan se soit faite au détriment de la vie familiale.

Avec le Château de mon père, clin d'oeil évident à Pagnol, Maïté Labat et Jean-Baptiste Véber ont réalisé un portrait passionnant de l'homme qui a contribué à faire de Versailles ce qu'il est aujourd'hui — le dessin d'Alexis Vitrebert en lavis noir et blanc illustrant parfaitement la majesté des lieux et le retour sur un passé récent, où la Versaillaise que je suis a même fait des découvertes étonnantes.

Merci à Babelio et aux Editions La Boîte à Bulles.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Quel coup de coeur pour ce roman graphique ! L'objet en lui-même est déjà superbe, c'est un plaisir de l'avoir en main : un grand album, relié de toile, dont la couverture illustre parfaitement le titre. le château de Versailles, représenté de 3/4 aurait pu monopoliser cette 1ère de couverture ; or c'est une famille, de dos, aux enfants gambadant joyeusement, qui se détache nettement sur ce décor majestueux. Une famille dont le pivot central est le père, quasi au centre de ce lavis en noir et blanc.
"Le Château de mon père" est un hommage autant au domaine de Versailles, qu'à la figure paternelle que fut son conservateur en cette fin de XIXème siècle.

J'ai A-DO-RÉ visiter en noir et blanc ce château abandonné, comme endormi, oublié de tous, sous sa poussière monarchique, en des temps alors républicains.

Car le Château de Versailles ne fut pas toujours un joyau: après sa gloire au siècle du Roi-Soleil, fut un temps où le domaine traina sa mélancolie dans les vestiges silencieux d'un passé révolu. Versailles et son passé monarchique sont quelque peu encombrants dans le contexte d'une troisième république, souffrant de scandales (boulangisme, scandale des décorations, démission du Président Grévy...) générant une instabilité chronique. L'époque est trouble et l'on préfère se projeter vers la vision moderne d'une Tour Eiffel plutôt que de se retourner vers un passé que l'on préférerait enfoui.

Maïté Labat et ses accolytes livrent un roman graphique aussi beau que pertinent, dans l'angle de narration choisi. Raconter le château et sa quasi résurrection à travers le prisme d'un homme, (son conservateur, Pierre de Nolhac), mais aussi de sa vie intime familiale, et des évènements sociétaux et historiques, que l'homme, tout autant que le château, vont traverser.

Les auteurs traduisent pleinement cette incursion dans une autre époque. Ils savent attraper et figer ces petits moments, ce temps suspendu: le charme désuet d'une arrivée en fiacre, à Versailles, en octobre 1887... Il y a 134 ans. Ce n'est pourtant pas si éloigné de nous. Or, comme cette imagerie appartient à un autre monde ! Les hommes tout en barbe austère, les dames aux longues robes, encore bien corsetées; la voiture à cheval et les malles...

Le graphisme en noir et blanc, adouci de dégradés de gris, se prête délicieusement à la découverte de ces lieux, qu'un certain abandon a plongé dans une atmosphère surannée. Versailles n'est ici pas exposé dans une version dorée clinquante, mais au contraire, constitue une porte sur le passé. Y pénétrer, c'est pratiquer ce geste presque iconique de retirer les draps recouvrant un mobilier condamné au silence et à la poussière.
C'est le premier geste que fit Alix de Nolhac, accompagnant son époux, Pierre de Nolhac, lorsque ce dernier devient "attaché de conservation au Palais de Versailles" et s'y installe avec toute sa famille.

Ses déambulations dans un Versailles désert, notamment dans la Galerie des Glaces, sont un régal pour nos yeux. Que j'aimerais avoir ce privilège de flâner dans ce château où seuls mes pas résonneraient!
À son arrivée, Versailles est un lieu oublié, au point qu'il le qualifie de "Bel endormi", jolie référence au château de la "Belle au Bois dormant".

L'entrevue avec son supérieur, M. Gosselin, est savoureuse : alors que Pierre de Nolhac lui avoue que Versailles "n'était qu'un second choix" (puisqu'il visait en réalité un poste d'attaché à la Bibliothèque Nationale), cet homme d'un autre temps lui confie que les greniers du château regorgent de trésors, mais qu'en tant que conservateur, sa mission est de "n'en point ébruiter l'existence" !
L'ironie de cette fonction est aussi désopilante que révoltante quand on perçoit toute la valeur culturelle et historique d'un tel lieu, survivance d'une Histoire traversée par les révolutions et les guerres !

Quelle vision terriblement passéiste et désuète que de considérer incompatible le témoignage d'un passé monarchique avec le choix d'une société qui se veut moderne et républicaine (quoique finalement très conservatrice et inégalitaire, puisqu'il est bon de rappeler que le droit de vote des femmes n'est pas au programme,... contrairement au bagne colonial, qui lui, n'est supprimé qu'en 1945, quand celui des enfants ne fermera ses portes qu'en 1977!!! Juste un petit encart historique pour bien reposer le contexte !)

Les réflexions de M.Gosselin, ce conservateur hors d'âge, (comme un bon vieux Cognac oublié au fond d'une cave!), donne le ton à l'arrivée de Pierre de Nolhac: "Vous pouvez lire et même écrire des livres sur Versailles si ça vous chante, mais laissons en paix ce musée qui n'intéresse plus personne en ces temps républicains" (P.15)

Versailles est alors un appendice parisien oublié et trop éloigné, que la République peine toujours à assumer. N'étant clairement pas encouragé à valoriser ce "géant endormi", Pierre de Nolhac en revisite au moins l'histoire , en partant des personnages qui y sont emblématiquement liés: il publie ainsi un livre sur Marie-Antoinette.

C'est une véritable histoire de séduction et d'amour que le lien entre de Nolhac et Versailles. Il l'approche, l'admire, l'aime respectueusement, mais amoureux platonique, n'ose y imprimer sa marque.
Puis, défiant une opposition conformiste et butée, armé de son courage et d'une motivation sans borne, animé par une vision de ce que doit représenter Versailles, Pierre de Nolhac inlassablement en ressuscite l'esprit. Il y accueille des hôtes étrangers prestigieux comme le Tsar Nicolas II, organise des évènements destiné au public, glane dans d'autres fonds que ceux de Versailles (notamment au Louvre) des toiles de maîtres, n'hésite pas à ouvrir grand les portes aux mécènes, bref, il redonne vie à ce lieu jusqu'alors gardé sous cloche.

Mais au fur et à mesure qu'il s'absorbe dans Versailles (et que Versailles l'engloutit), il finit par délaisser sa vie de famille, laissant, derrière ses absences, une traînée d'amertume...
Si les auteurs retracent bien le cheminement de cette renaissance de Versailles et l'implication personnelle constante de Pierre de Nolhac, ils n'oublient pas de glisser, à l'orée de cette quasi relation passionnelle, les oscillations de la vie familiale faite de bonheurs, mais aussi des chagrins de la perte de deux enfants, du sentiment de délaissement d'une famille et des désillusions d'une épouse.

Il y a une forme de simplicité dans le graphisme, qui met très en valeur les contrastes de gris, noir et blanc. Les visages sont la plupart du temps stylisés de façon épurée, presque schématique, ce qui n'en donne que plus de force aux quelques portraits plus détaillés.

Confier la narration à la voix d'Henri de Nolhac, un des fils de Pierre de Nolhac (notre conservateur passionné), est un choix judicieux, qui confère à l'histoire son aspect intimiste et souvent touchant. Henri nous raconte son père, son dévouement qui confine à la dévotion pour Versailles, l'émulation permanente et l'investissement de toute son énergie dans un projet de réhabilitation du château. Henri témoigne, avec tout le respect d'un fils, des conceptions finalement très modernes et dynamiques de ce père lorsqu'il s'agit de revaloriser Versailles, pendant que parallèlement, il ouvre les portes de l'intime et dévoile un papa aux positions paradoxalement très conservatrices, qui finiront d'abîmer cette famille...

Si j'ai aimé cet éclairage des lieux par un enracinement familial, j'ai aussi beaucoup apprécié de traverser les évènements historiques dont Versailles fut témoin, mais aussi acteur. Car il reste un symbole: Versailles, lieu d'une Histoire de France qui veut se montrer glorieuse, couronnée par un Roi Soleil. Mais aussi lieu des plus vives contestations révolutionnaires, puis d'une humiliation cuisante: l'outrage de la signature du Traité préliminaire de paix de février 1871, par Bismarck, au sortir de la guerre, qui proclame l'empire allemand dans la Galerie des Glaces ! L'affront à une France vaincue par les Prussiens et dont nous savons qu'il constituera un profond ressentiment, socle des conflits à venir.
Vingt ans plus tard exactement, la visite imposée de l'impératrice, (mère du kaiser Guillaume II), le 19 février 1891, montre à quel point le lieu est emblématique historiquement et politiquement, puisque Pierre de Nolhac fit tout son possible pour ne pas s'afficher "aux côtés de l'ennemi" en pleine Galerie des Glaces!
Le roman graphique nous fait traverser la guerre de 14-18 et le chagrin qu'elle sème, jusqu'au 28 juin 1919, où Pierre de Nolhac fut aussi témoin de la signature du traité de paix.

On sent tout au long de ce roman graphique le solide travail de recherche, historique et familial, et le dossier en fin d'ouvrage est un régal. Regroupant documents photographiques, journalistiques, épistolaires, archives, dessins et peintures, ce dossier permet de prendre la mesure du travail conséquent des auteurs, et des sources dont ils se sont inspirés (notamment "La résurrection de Versailles", les mémoires de Pierre de Nolhac).

C'est toute une tranche d'histoire que nous dévoilent les auteurs et, lier ainsi un lieu qui reprend vie à la trajectoire d'un homme, plein de paradoxes et traversant les évènements de son temps, m'a beaucoup touchée. Si de Nolhac a redonné vie à Versailles, les quatre auteurs ont, eux, conféré une couleur particulière à l'histoire de Monsieur Pierre de Nolhac : une teinte de nostalgie empreinte d'affection

Une lecture qui me fut inspirée par Lucilou, qui, par sa chronique enthousiaste de décembre dernier, m'a aiguillée direction Versailles!
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Le château de mon père, cela pourrait être un titre de Pagnol ! Mais il s'agit ici de Versailles. Un Versailles encore inconnu, difficile à imaginer, n'est-ce pas ? du moins, ce n'était encore qu'un simple musée. C'est grâce à Pierre de Nolhac, nommé attaché au château en 1887 puis, très vite, conservateur, que nous pouvons visiter à présent ce magnifique lieu, symbole du pouvoir et du prestige. En effet, Pierre de Nolhac voulait redonner toute sa splendeur à l'édifice. Petit à petit, il va faire restaurer les salles, changer les collections, effacer les traces de la Révolution… au détriment de sa vie familiale.

Je ne connaissais pas cette partie de l'Histoire de Versailles. Il est vrai qu'on a l'habitude de se représenter le château avec ses beaux jardins, ses fontaines… un décor somptueux digne d'un film. Grâce à ce superbe album, j'ai pu en apprendre beaucoup sur cet événement méconnu.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Bien peu nombreux sont les monuments qui sauraient évincer le château de Versailles dans mon coeur et à cet égard, je suis un peu comme Pierre de Nolhac: la première fois que j'ai eu l'occasion de visiter Paris et ses alentours, je n'ai pas manqué de déclarer à mes parents que le plus beau dans la capitale, c'était Versailles. On pardonnera à mon jeune âge l'approximation géographique de mon assertion... Il n'empêche que ce jour-là, Versailles avait fait son entrée dans mon coeur et mon imaginaire pour ne plus en ressortir. Bien sûr, les années ont passé et avec elles, d'autres châteaux, d'autres découvertes et la naissance de mon amour fou pour la ville Lumière, mais j'ai gardé bien au chaud sa place à Versailles que je ne me lasse pas de visiter et de revisiter. A chaque fois, je me délecte de son histoire, de sa richesse... Je n'y peux rien: c'est de la faute à Alexandre Dumas et à Lady Oscar tout ça!
Forcément et à défaut de pouvoir m'y rendre autant de fois que rêvé, je dévore Versailles: films, musique (non, pas la série, elle est une abomination!), romans ou ouvrages documentaires... et je suis difficile.
Lorsque "Le Château de mon père" est sorti, j'ai été à la fois très attirée par ce bel ouvrage se proposant de mettre à l'honneur Pierre de Nolhac et le Versailles méconnu de la IIIème République et on ne peut plus méfiante: le livre aussi beau soit-il est l'objet d'une co-édition, la Boîte à Bulles partageant la vedette avec la "franchise" Château de Versailles. Il y a donc fort à parier que "Le Château de mon père" soit une commande... et qui dit commande ne dit pas toujours qualité... Manifestement, ce roman graphique a été conçu plus dans le but d'alourdir les rayonnages des boutiques de souvenirs que par vocation littéraire...
Néanmoins, comme j'aime vivre dangereusement, j'ai quand même suggéré avec plus ou moins de subtilité à mon Père-Noël de glisser l'ouvrage dans sa hotte. Heureusement, l'homme en rouge maîtrise et comprend divinement mes accès de finesse.
Et bien, et bien... Quelle bonne surprise que ce "Château de mon père" qui fait certes le récit de la résurrection de Versailles entre 1887 et 1930 mais qui en creux nous offre aussi l'histoire de la famille de Pierre de Nohlac à travers le regard de son fils Henri, comme le laisse d'ailleurs supposer son titre, clin d'oeil et hommage évident à l'oeuvre de Marcel Pagnol.

Nous sommes donc en 1887 et à cette époque, le château de Versailles tombe en décrépitude, un peu comme le château de la Belle au Bois Dormant. Il s'endort, se recroqueville sur lui-même, laissé à l'abandon par les visiteurs qu'il n'attire plus, par l'Etat, qui a bien autre chose à faire. La Révolution, jeune centenaire, l'a vidée de tout ce qui faisait sa somptuosité et il ne reste dans cet immense palais que les collections banales du musée de l'Histoire de France qu'a créé Louis Philippe. Pas de quoi tomber en pâmoison.
Pour la République, à quoi bon prendre soin de ce fleuron de l'Ancien Régime après tout?
Un homme pourtant, futur conservateur éclairé et visionnaire, va se passionner pour le chef d'oeuvre de Louis XIV et y consacrer sa vie, son énergie et rendre au domaine sa splendeur d'antan, au détriment de sa vie de famille.
Cet homme, c'est Pierre de Nolhac qui prend ses quartiers à Versailles avec les siens cet automne-là et c'est son fils Henri qui, depuis 1935, où il visite son père malade et âgé, nous raconte l'épopée des Nolhac à Versailles.
Au fil de la lecture qui suit la chronologie des évènements avec quelques bonds en 1935, on prend la mesure du travail et de la volonté de Pierre pour que le château devienne le joyau patrimonial qu'il est aujourd'hui encore, on le suit dans ces projets, on le voit évoluer dans ce cadre gigantesque et sublime, on le voit devenir enfin ce conservateur émérite qui n'aura de cesse de résister aux architectes prêts à dénaturer les lieux, de chasser et pourfendre les copies, de révéler au grand jour les oeuvres oubliées, de restaurer tout ce qui peut l'être.
On est aussi témoin de la force écrasante de ce cadre grandiose qui finit par l'engloutir tout entier, jusqu'à lui faire négliger les siens, on devine la solitude son épouse et la révolte de ses enfants pour qui le château se mût progressivement en un ennemi qui leur vole l'homme qu'ils aiment, ou qu'ils voudraient continuer d'aimer, malgré une certaine dureté.
J'ai beaucoup aimé la manière dont ces deux aspects s'entremêlent dans le récit, nous donnant à voir une histoire forte, passionnante et sous tension, sans aucun manichéisme. Si le récit rend hommage au travail et à la passion de Pierre de Nolhac, il n'omet pas sa part d'ombre ou les souffrances des siens et pose la question -d'une certaine manière- de la vocation et de sa place dans la vie d'un homme. C'est tout aussi passionnant que la résurrection du château de Versailles, mélange de labeur et de passion, de foi et de luttes administratives!
"Le Château de mon Père" ajoute encore une dimension à ce lieu magique, loin de Louis XIV, de la Pompadour ou de Marie-Antoinette, il fait la part belle aux artisans de l'ombre qui en ont aussi été les rois, pour nous permettre de nous repaître encore de sa beauté.
Le scénario est à cet égard virtuose car infiniment intelligent, quant aux graphismes, noir et blanc, mélancoliques, ils sont tout simplement magnifiques!












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critiques presse (3)
Bedeo
30 avril 2020
Le château de mon père est une reconstruction magistrale du Versailles de la IIIe République, qui réhabilite le travail de Pierre de Nolhac, conservateur clairvoyant et passionné. Bien servi par un abondant travail de documentation, l’album passionnera les amateurs d’histoire et de patrimoine.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BDGest
03 janvier 2020
Coédité par le Château de Versailles, Le Château de mon père est probablement une commande. Peu importe, cet album est bien plus qu’un souvenir vendu aux visiteurs.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
27 décembre 2019
Un conservateur passionné redonne vie au Château de Versailles, en 1887. Récit classique prenant au graphisme particulièrement séduisant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
C’est donc ici que la reine jouait à la bergère.
- Et qu’elle échappait à l’étiquette de la Cour. C’était une personne surprenante, beaucoup plus moderne qu’on ne veut bien le dire.
- Vous m’étonnez ! Une reine qui laissait les financiers affamer le peuple… Publiez un livre à sa gloire, l’année où l’on célèbre les 100 ans de la Révolution française, et vous risquez de connaître le même sort qu’elle ! (page 25)
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Vers 22 heures, dans le salon d’Hercule, l’égérie du Tout-Paris, Sarah Bernhardt, entama sa représentation de la « Nymphe du Bois de Versailles », une création du célèbre poète Sully Prudhomme. Il y avait fort longtemps qu’un tel faste n’avait plus animé le château de mon père. L’organisation de cette visite devait faire école et servir de modèle à toutes celles qui suivirent. (page 62)
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Février 1893. L’objectif que poursuivait mon père [Pierre de Nolhac, conservateur du château de Versailles] était simple : corriger les « erreurs » de Louis-Philippe qui avait fait transformer le château en un musée de l’histoire de France, en remisant notamment les chefs-d’œuvre de l’Ancien régime dans les attiques.
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Mon père était indubitablement un homme dur. Un Auvergnat sans concession, marqué par son éducation et son époque. Mais je crois qu’il n’en était pas moins un homme inquiet pour ses deux fils, son gendre et ses équipes, qui tous partaient à la guerre. (page 124)
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Février 1893. L’objectif que poursuivait mon père était simple ! Corriger les « erreurs » de Louis-Philippe qui avait fait transformer le château en un musée de l’histoire de France, en remisant notamment les chefs-d’œuvre de l’ancien régime dans les Attiques. (page 47)
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