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Critique de Biblioroz


Avant ma petite bafouille, je remercie chaleureusement Babelio, les éditions Phébus et Alain Labbé pour ce magnifique récit que j'ai dégusté comme on savoure la première fraise de l'année !

Un récit apprécié dès les premières pages, peut-être parce qu'il s'attache à ce joli petit fruit rouge ? Ou bien parce qu'il s'ancre en Bretagne ? Mais surtout parce qu'Alain Labbé conte son quotidien avec dynamisme, humour, sincérité et objectivité. L'homme se livre avec ses défaites, ses faiblesses, ses remises en question, parfois ses colères et aussi ses joies simples, ses émerveillements, ses choix bien pensés et son attachement au traditionnel.

Cap sur la presqu'île de Plougastel où Alain, depuis quinze ans, vit de et pour la fraise.
En Décembre, le bateau fraise est à quai et ce mois ouvre alors sur l'incontournable rendez-vous à la banque où les comptes sont rouge cramoisi, comme certaines fraises arrivées à maturité. Alors pourquoi s'obstiner avec ce fruit ? Surtout lorsqu'on a derrière soi un passé de navigateur.
Il nous parle de son abandon de la voile avec les déconvenues de sa dernière navigation et surtout du glissement de cette activité vers un côté sportif médiatisé et sponsorisé qui enterre définitivement ses rêves d'aventures.
Maintenant, son travail, avec sa dose d'incertitude, se cache dans ses tunnels bâchés où la vie renaît chaque printemps. Avec un amour attendrissant, il veille jalousement ses nouveaux petits plants de fraises. Il observe le passage de la faune sur le plastique et se satisfait des plants qui prennent force, puis des fleurs qui éclosent et dardent leur blancheur. Avec son humour bien dosé, il nous fait vivre le ballet des bourdons qui n'en font parfois qu'à leur tête.
S'ensuivent les difficultés à embaucher des cueilleurs, les genoux ankylosés, les marchés et leur éventail bigarré d'acheteurs et d'acheteuses, ou pas…
Pas simple de composer avec la nature.

Toutes les apparentes similitudes que l'auteur constate entre la mer et la terre ajoutent une touche d'exotisme et une vision sagace de la vie qui donnent de la profondeur au récit. Se fondent alors dans un même lieu, la mise à l'eau d'un trimaran et les barquettes de fraises à vendre sur le marché, la peur des bourrasques de vent en mer mais aussi à terre pour que les bâches ne s'envolent pas, les longues cueillettes collectives à l'image d'un équipage sur un bateau.

Même ancré dans sa terre, l'auteur nous montre que l'aventure revêt plusieurs formes qu'il est sage d'entrevoir et d'analyser.
Les rapports humains, amicaux ou haineux, viennent compléter ce tableau pour nous offrir un bon bol de nature et de vie.

Allez vite à la rencontre d'Alain Labbé, de Florence un peu perdue, de l'Assassin, de Claire sur les marchés, du psychiatre également car la fraise peut-elle rendre fou celui qui décide de lui consacrer sa vie ?
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