AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LeScribouillard


Je come back dans la poésie du XVIe (siècle, pas arrondissement), avec encore un bouquin que j'aurais dû finir il y a six mois ; vous commencez à savoir que j'aime pas vraiment trop ça. Pourtant, avec Louise Labé, c'est l'ardance et la fouguositude des Grands Rhétoriqueurs qui s'en va pour laisser place aux années 1650 : nettement moins de cabrioles littéraires, d'ornements et de fioritures, ici on va droit au but plutôt que de laisser passer la forme avant le fond (les jeunes, de nos jours, même pas foutus de nous pondre une figure de style...). Si on est pas encore ici sur du romantisme anglo-saxon nageant dans l'expérience du sublime et n'hésitant pas à jouer sur un certain aspect nébuleux, on se rapproche de cette poésie sentimentale que j'aime, se voulant naturelle, ancrée dans les sens et leur beauté, avec les douleurs et les plaisirs de leur subjectivité. Labé nous parle sans détour de ce qu'elle ressent, angoisse, douleur, solitude, amour serein voire flamboyant ; reconnaissons-lui déjà ça, à une époque où on disait que les femmes ça savait même pas écrire la poésie correctement (ce qui me rappelle d'ailleurs un gag de Gotlib...). On pense à la pauvre Pernette du Guillet, qui s'est faite à la même époque taxer de tchoin par tous les bien-pensants de salon comme de comptoir...
Du reste, Labé n'hésite pas non plus à se lancer dans la philosophie quand ça lui chante, et imagine un récit mythologique dans lequel elle fait dialoguer Amour et Folie, l'un étant alors traditionnellement associé à l'homme et l'autre à la femme. Forcément, on se dit qu'il faut préférer l'Amour, mais l'autrice fait raisonner la Folie (!), et parvient à nous faire découvrir que les choses ne sont pas si simples que ça...
Du reste, ces "Oeuvres complètes" ont le mérite d'être à la fois courtes et exhaustives, nous dressant le portrait d'une femme fragile mais vaillante, sans cesse en recherche de beauté et luttant contre la douleur qui pourtant lui conférera sa part d'immortalité. Pour un peu, moi stéphanois chauvin, je finirais par apprécier la poésie lyonnaise...
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}