Louise Labé (1524-1566) est la grande poétesse française de la Renaissance. Elle fait partie de ce que l'on a appelé "l'école lyonnaise" qui comprend notamment
Maurice Scève, un des poètes majeurs de cette époque, auteur de la fameuse "
Délie".
L'oeuvre de la Belle Cordière (surnommée ainsi à cause du métier de son époux) se résume à trois titres: le
Débat de Folie et d'Amour, Trois Élégies et, avant tout, une suite de 24
sonnets dont il est ici question.
Sonnets écrits en décasyllabes (à l'exception d'un seul en hendécasyllabes) qui ont pour thème unique: l'amour (celui, d'après les critiques, qu'elle aurait éprouvé pour le poète
Olivier de Magny). L'amour, donc, avec ses joies et ses ivresses où désirs physiques et spirituels s'entremêlent étroitement, mais aussi avec ses peines et ses souffrances lorsque la passion n'est plus partagée, lorsque ne reste plus de lui qu'un sentiment de solitude et d'abandon: n'est-il pas alors comparé à un "poison", à un "feu", à des "flèches" cruelles?
On retrouve, certes, là des métaphores inspirées par les poètes de la Pléiade (
Du Bellay et
Ronsard pour citer les plus célèbres) et, bien sûr, par
Pétrarque dont l'influence a été prépondérante dans toute l'Europe; mais - et c'est là son génie -
Louise Labé parvient à donner un sang neuf à cette thématique traditionnelle: ce qui n'était souvent que simple littérature devient, chez elle, réalité vécue, témoignage charnel: sa voix de femme ose dire librement les délices et les supplices d'Eros, dans une langue ô combien raffinée!
Assurément, une oeuvre qui mériterait d'être mieux connue...