Roxanne aime tellement la ville que l’idée d’aller s’installer à la campagne ne lui a jamais effleuré l’esprit. En réalité, il n’y a pas plus citadine qu’elle. Lorsque ses amies s’extasient après un week-end d’amoureux à la campagne, elle ne peut s’empêcher de soupirer un bon coup. Tous les hommes qui ont essayé de l’entraîner hors des murs de la ville sous prétexte que c’est romantique se sont fait rabrouer avant d’avoir fini leur phrase. C’est seulement lorsqu’elle entend les sirènes des autos de police, des camions de pom-piers et des ambulances que Roxanne se sent vivante. Pour elle, une nuit sans bruit est garante d’une nuit d’insomnie.
Roxanne a la réputation d’être une travailleuse acharnée qui condamne la nonchalance sous toutes ses formes. Elle ne demande à personne de se tuer au travail, seulement de fournir leur maximum le temps qu’ils sont au bureau. Si la plupart des employés ont fini par le comprendre, il demeure encore quelques têtes brûlées qu’elle s’efforce de convaincre
par la manière forte, devant tout le monde s’il le faut. Reste à voir qui pliera le premier et elle se connaît assez pour savoir que ce ne sera pas elle. Dans le cas où ils refuseraient de se conformer à ses règles, eh bien elle leur montrera la sortie.
Complimenter ne figure pas en haut de la liste des qualités de Roxanne. En réalité, depuis qu’il travaille pour elle, c’est le seul compliment que Joel se mérite occasionnellement et il surgit immanquablement au moment où il vient lui offrir la bouée de sauvetage après séisme. Il faut la voir prendre sa tasse à deux mains et respirer, pendant de longues secondes avant de boire sa première gorgée, l’odeur unique et réconfortante qui s’en dégage. Si c’était la seule représentation qu’il avait d’elle, Joel croirait être en présence d’un ange.
Il a très vite saisi qu’il valait mieux ramer dans le même sens qu’elle s’il souhaitait rester. Âgée d’à peine trente ans, Roxanne sait ce qu’elle veut et n’hésite pas à prendre les moyens nécessaires pour arriver à ses fins.
Elle aurait tellement aimé que les choses se passent autrement pour une fois alors qu’au lieu de ça, ils avaient encore réussi à faire de l’ombre à son nouveau bonheur.