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EAN : 9782764438893
184 pages
Les Éditions Québec Amérique (01/10/2019)
3.76/5   47 notes
Résumé :
Partir — peu importe la destination.

Fuir — échapper au pire, même si c'est aller vers le médiocre.

Voilà qui semble être l'incessant parcours d'Emmy.

Autant son passé est léger en informations, autant il pèse lourd sur le présent de cette femme archi-discrète qui ne se plaint jamais de rien. Qui ne réclame jamais rien.

Et pourtant, personne ne sait mieux qu'elle prendre soin des délaissés et des esseulés d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Devant l'abus et le mépris, certaines se révoltent et crient leur colère, d'autres fuient et s'enferment dans le mutisme.

C'est ce qui arrive à Emmy, l'héroïne de ce roman. Elle ne ressent aucune colère, elle refuse juste le contact, elle n'arrive pas à accepter de se lier aux autres. Elle se concentre sur ses tâches, nettoie avec beaucoup de zèle et traite les personnes avec efficacité. Elle travaille dans une résidence pour personnes âgées en perte d'autonomie où une femme apprécie la délicatesse de ses soins et en arrive à nouer une forme d'amitié qui va changer sa vie.

L'autrice, Marie Laberge, c'est une écriture magnifique qui distille les émotions difficiles : celles d'une orpheline abusée aussi bien que celles d'une personne en fin de vie.

Un roman touchant, de problèmes humains et d'espoir. (Seule la fin qui m'a moins plu m'empêche de lui donner les 5 étoiles.)
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Cette histoire se promène entre le passé d'Emmy, préposée dans une maison de retraités qui tisse un lien discret avec une femme dont elle prend soin, et son présent qui, selon l'héroïne, est vide. Prendre soin de Jacky va changer la vie d'Emmy beaucoup plus qu'elle ne devait s'y attendre...

Au fil des pages, les citations de Jacky bercent le récit tout autant que les souvenirs d'Emmy. Certaines sont poignantes et ont retenu mon attention. Selon moi, elles donnent le ton à ce roman. Malgré qu'elles pourraient sonner comme des clichés, elles m'ont fait apprécier ma lecture.

L'autre point fort de ce roman est que le titre est merveilleusement choisi. Traverser la nuit fait d'abord référence au fait qu'Emmy aide Jacky à traverser ses mauvaises nuits mais ça va aussi beaucoup plus loin. En effet, la vie d'Emmy peut se comparer à une nuit sans fin qu'elle doit traverser.
La citation suivante le démontre très bien: '' Je suis tout près. En haut. Je suis là. Dites-vous bien que vous n'êtes pas seule.'' La porte est refermée avec ka même douceur que ces mots ont été prononcés.
Trop de douceur, cette chose insensée à laquelle Emmy a renoncé après la mort de Mimine. A-t-elle fait tout ce chemin pour affronter la seule terreur de sa vie? Las douceur qui, ensuite, nous manque à jamais? Cette drogue dure après laquelle on se languit en gémissant comme une bête, cette chaleur tout entière réfugiée dans les bras de quelqu'un d'autre. ( p. 76-77)

Tant de cruauté s'est déversée sur ce personnage tout au long de sa vie qu'elle a peur d'accepter de vivre un peu de douceur. le récit est lourd mais heureusement, il se termine sur une note d'espoir.





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Chère lectrice, Cher lecteur,

Permettez-moi de partager avec vous mes impressions sur Traverser la nuit de Marie Laberge. Puisque le premier ministre du Québec, M. François Legault, avait recommandé ce livre, je me suis dit que ce bouquin devait être bon. le premier ministre québécois est un grand lecteur. Alors, je n'ai pas hésité à l'acheter car j'aime beaucoup aussi la plume de Marie Laberge. Pour connaître mon admiration pour Marie Laberge, n'hésitez pas à cliquer sur Madame lit et Marie Laberge.

Que raconte cette histoire?

Emmy, une femme ayant été abandonnée à la naissance dans un pensionnat pour autochtone, même si elle est blanche, par une mère alcoolique, a subi des traumatismes durant son enfance. En tant qu'adulte, elle devient préposée aux bénéficiaires dans une maison pour personnes âgées. Elle est secrète, silencieuse. Durant son travail, une vieille dame, Jacky, s'attache à elle. Entre les deux femmes, une relation va se tisser. Puis, Emmy pour ses 50 ans décide de tout quitter pour traverser sa nuit.

Ce que j'en pense

Avec tout ce qui se passe en ce moment dans les centres pour personnes âgées avec le coronavirus, j'ai lu ce roman avec d'autres yeux. J'ai été très touchée par la relation entre Emmy et Jacky. Sans Jacky et ses mots, je suis certaine qu'Emmy n'aurait pas amorcé sa traversée de la nuit. Et grâce à Emmy, Jacky peut à son tour traverser la nuit. Je trouve le titre très beau, poétique. Chaque être humain, tôt ou tard, doit affronter sa nuit intérieure. Parfois, pour l'accompagner, il y a des morts, il y a des vivants, il y a des souvenirs, il y a la vie, il y a la mort, il y a la fuite. le néant existentiel s'infiltre, le vide s'avère connu. Comme le mentionne Emmy à Jacky :

«Elle a mis son manteau, elle est prête à partir, mais rien ne vient : ni destination, ni envie. Même le premier café du jour, celui qui confirme les bontés de la vie, ne lui dit rien. Elle s'assoit, dos à la fenêtre. Savoir qui on est et n'en éprouver que du dégoût, s'arranger avec le vide, Jacky, c'est possible et souhaitable? Pour qui? Pour faire quoi? Si vous aviez su qui j'étais, vous auriez changé le nom de la personne à avertir en cas d'urgence. Il n'y a personne qui appelle le vide à la rescousse, même les cas désespérés.» (p. 67-68)

Emmy s'occupe très bien des personnes âgées du centre. Elle nettoie, elle change les draps, elle cherche à meubler le vide de son existence en étant remplie de compassion pour ces abandonnés de la vie, ces esseulés, ces vieux qu'on néglige par peur peut-être de la mort.

J'ai apprécié cette traversée de la nuit. Emmy est en marche, elle tente de nouer une relation avant tout avec elle, avec la vie, avec les vivants.

Si vous aimez les livres de Marie Laberge, vous allez apprécier cette histoire. Je suis contente que Marie Laberge ait mis la profession de préposée aux bénéficiaires en lumière par le biais de son personnage principal. Il faut absolument reconnaître l'apport de cette catégorie de travailleurs de la santé au sein de nos sociétés. À cet égard, Emmy s'avère un beau personnage. Elle parle à notre coeur… Comme le soulève Jacky :

« Laissez vos morts derrière, Emmy. Arrêtez de vous en préoccuper. Ils s'arrangent très bien». (143)

Qu'en pensez-vous? Avez-vous déjà lu des romans de Marie Laberge?

Bien à vous,

Madame lit
https://madamelit.ca/2020/12/20/madame-lit-traverser-la-nuit-de-marie-laberge/
Lien : https://madamelit.ca/2020/12..
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Encore une fois, la magie a opéré avec ce roman de Marie Laberge !
J'ai débuté ma lecture avec un sentiment partagé : autant j'avais adoré mes précédentes expériences de lecture de l'oeuvre de Marie Laberge, autant ce roman me semblait très sombre et me faisait donc un peu peur…

L'écriture est comme toujours magnifique, à la fois poétique, concise. La langue est belle et les mots sont choisis avec soin. Là où nombre d'auteurs Québécois ont tendance à vouloir utiliser de l'argot Québécois dans leurs dialogues, Marie Laberge met un soin particulier à l'ensemble du livre.

Alors oui, le thème est très dur, très sombre mais en même temps, il dégage une grande force et une belle lumière.
Le destin de la jeune Emmy est tragique, horrible, inhumain mais il est raconté avec beaucoup d'humilité et de retenue. Chaque épreuve vécue dans son enfance représente un fardeau de plus en plus lourd à porter. Elle ne sait pas comment être heureuse, on ne lui a jamais appris. Elle ne sait pas non plus aimer ni être aimée. Cela aussi elle doit l'apprendre.
La carapace qu'Emmy s'est forgée pendant toutes ces années va petit à petit se fissurer au fur et à mesure des belles rencontres qu'elle va faire. D'abord Jacky puis Raymonde.

C'est un livre qui raconte les horreurs que certains humains ont pu commettre, sans concession mais avec beaucoup de grâce et de pudeur. C'est surtout un livre porteur d'espoir, qui démontre la force et le courage de cette jeune femme qui a été détruite au plus profond d'elle-même.
C'est enfin un livre qui raconte un pan honteux de l'histoire Canadienne, pour ne pas oublier : celui des pensionnats autochtones.
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Emmy nous rend, tous et toutes, forts. Elle a vécu les pires horreurs des pensionnats catholiques pour les autochtones et ne demande pas grand chose : elle ne veut rien devoir à personne. La fuite et le mutisme sont ses armes, ne faire confiance à personne et travailler d'arrache pied ses garanties pour avoir la paix. Mais elle rencontre Jacky lorsqu'elle est préposée aux bénéficiaires et Jacky sait tout, devine tout et Emmy ne peut pas fuir : alors elle note dans son calpin tous les commentaires de sa vieille amie et s'y réfère pour guider sa vie. Autant d'adage et de formulations choc qui nous sont aussi adressés et ne peuvent pas nous laisser indifférents.
Encore un de ces romans comme La petite et le vieux ou encore Monsieur Ibrahim et les fleur du Coran qui nous offrent un dialogue plein de sagesses entre un personnage nettement plus ancien que le protagoniste. Jacky jacasse beaucoup mais ne brasse pas de l'air : tout ce qu'elle dit sont des essentiels de la vie.
Deux thèmes de société majeurs : l'état pitoyable des résidences pour aînés pris entre la bureaucratie et le manque criant de personnel ; la maltraitance et la déshumanisation des enfants autochtones dans les pensionnats conçu pour les "civiliser".
Deux thèmes psychologiques : que faire de son passer (l'affronter ou l'oublier), la difficulté de se laisser aimer.
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critiques presse (2)
LaPresse
04 octobre 2019
À travers l’histoire d’Emmy, ce sont tous ces « désertés » de la société à qui Laberge donne une voix : les orphelins autochtones, les enfants victimes de sévices, les personnes âgées abandonnées dans des résidences froides et impersonnelles, incarnées par le personnage pivot de Jackie.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
30 septembre 2019
Dans Traverser la nuit, un roman court, percutant, où les émotions sont à fleur de peau, la talentueuse Marie Laberge dépeint la vulnérabilité d’une femme très âgée, malade, mais combative, et la lente renaissance de celle qui en prend soin.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Parce qu’elle est quelqu’un. Et qu’il est temps de cesser de se traiter en déchet.

Naître rien ne veut pas dire ne rien devenir, n’être rien.

(Québec Amérique, p.173)
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«Elle a mis son manteau, elle est prête à partir, mais rien ne vient : ni destination, ni envie. Même le premier café du jour, celui qui confirme les bontés de la vie, ne lui dit rien. Elle s’assoit, dos à la fenêtre. Savoir qui on est et n’en éprouver que du dégoût, s’arranger avec le vide, Jacky, c’est possible et souhaitable? Pour qui? Pour faire quoi? Si vous aviez su qui j’étais, vous auriez changé le nom de la personne à avertir en cas d’urgence. Il n’y a personne qui appelle le vide à la rescousse, même les cas désespérés.» (p. 67-68)
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Vous ne voulez pas que j’existe à vos yeux? C’est ça? Je suis âgée, esseulée, malade, mais encore vivante, Emmy. Alors, traitez-moi comme un être humain complet et faites-moi la grâce de m’accorder que mon esprit est toujours là.

(Québec Amérique, p.38)
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Si on savait le poids réel du passé, on s'obstinerait pas tant à le traîner. C'est épuisant et inutile.
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« Laissez vos morts derrière, Emmy. Arrêtez de vous en préoccuper. Ils s’arrangent très bien». (143)
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Après "Bienvenue au club", le CNL en partenariat avec Public Sénat, met en avant les conseils des lecteurs en leur donnant la parole dans l'émission #LivresetVous. Une nouvelle chronique à ne pas manquer tous les vendredi à 17h30.
Quand l'histoire d'une famille rejoint l'Histoire Guillaume Erner reçoit Jacques Attali. Cette semaine, Justine, étudiante et membre du club de lecture de l'université d'Orléans, répond au thème de l'émission en convoquant « Antigone » de Jean Anouilh, et « le Goût du Bonheur » de Marie Laberge.
Une émission présentée par Guillaume Erner, en partenariat avec France Culture.
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