JOSEPH : Il est encore venu un huissier ce matin... et les huissiers, c'est comme les vers... quand ça commence à se mettre quelque part...
Acte I, Scène 7.
DANIEL : Un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance ; il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate...
Acte IV, Scène 8.
LE COMMANDANT : C'est plus fort que moi !... L'amour à cinquante ans... voyez-vous... c'est comme un rhumatisme, rien ne le guérit.
Acte II, Scène 8.
ARMAND : Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d'une société de paquebots ?
DANIEL : [...] C'est bien simple ; je me suis demandé un petit congé, et je n'ai pas hésité à me l'accorder...
Acte II, Scène 1.
MONSIEUR PERRICHON : Tout à coup, j’entends derrière moi comme un éboulement ; je me retourne ; Monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond dont la vue seule fait frissonner. […] Alors, n’écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m’élance…
MADAME PERRICHON et HENRIETTE : Ciel !
PERRICHON : Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré… Il s’y cramponne. Je tire… il tire… nous tirons, et, après une lutte insensée, je l’arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous !…
DANIEL : Monsieur Perrichon, vous venez de rendre un fils à sa mère…
PERRICHON (majestueusement) : C’est vrai !
DANIEL : Un frère à sa sœur !
PERRICHON : Et un homme à la société.
DANIEL : Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service.
PERRICHON : C’est vrai !
DANIEL : Il n’y a que le cœur… entendez-vous, le cœur !
[...]
PERRICHON (ému) : Daniel, mon ami, mon enfant !… votre main. (Il lui prend la main.) Je vous dois les plus douces émotions de ma vie… Sans moi, vous ne seriez qu’une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimas… Vous me devez tout, tout ! (Avec noblesse.) Je ne l’oublierai jamais !
Acte II, Scène 10.
MADAME PERRICHON : Vous aimez beaucoup la Suisse ?
ARMAND : Il faut bien aller quelque part.
MADAME PERRICHON : Oh ! moi, je ne voudrais pas habiter ce pays-là... il y a trop de précipices et de montagnes... Ma famille est de la Beauce...
ARMAND : Ah ! je comprends.
Acte II, Scène 9.
PERRICHON : Eh ! monsieur, vous n’êtes pas chargé de corriger mes… prétendues fautes d’orthographe ! De quoi vous mêlez-vous ?
LE COMMANDANT : Pardon !… Pour moi, la langue française est une compatriote aimée… une dame de bonne maison, élégante, mais un peu cruelle… vous le savez mieux que personne.
Acte III, Scène 9.
DANIEL : Moi, je me cache... je me masque ! Quand je pénètre dans la misère de mon semblable, c'est avec des chaussons et sans lumière... comme dans une poudrière !
Acte IV, Scène 8
PERRICHON : En passant à Genève, j’ai acheté trois montres… une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière… et une pour toi, à répétition.
MAJORIN (à part.) : Il me met après ses domestiques ! (Haut.) Enfin ?
PERRICHON : Avant d’arriver à la douane française, je les avais fourrées dans ma cravate…
MAJORIN : Pourquoi ?
PERRICHON : Tiens ! je n’avais pas envie de payer les droits. On me demande : « Avez-vous quelque chose à déclarer ? » Je réponds non ; je fais un mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne : dig dig dig !
MAJORIN : Eh bien ?
PERRICHON : Eh bien, j’ai été pincé… on a tout saisi…
Acte III, Scène 5.
MADAME PERRICHON : Pingley ?… c’est mon cousin ! Vous le connaissez ?…
ARMAND : Beaucoup. (À part.) Je ne l’ai jamais vu !
MADAME PERRICHON : Quel homme charmant !
ARMAND : Ah ! oui !
MADAME PERRICHON : C’est un bien grand malheur qu’il ait son infirmité !
ARMAND : Certainement… c’est un bien grand malheur !
MADAME PERRICHON : Sourd à quarante-sept ans !
ARMAND (À part.) : Tiens ! il est sourd, notre correspondant ? C’est donc pour ça qu’il ne répond jamais à nos lettres.
Acte II, Scène 9.