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sur 192 notes
Eugène Labiche est un bon gros bourgeois, qui n'a jamais véritablement eu besoin de sa plume pour vivre, ce qui lui permit de s'amuser à écrire. Peut-être sans le savoir, il est à l'origine d'un mouvement et d'un renouveau de la comédie, dite comédie bourgeoise ou vaudeville.

Actif avant le milieu du XIXème siècle, il connaît ses principaux succès au début de la seconde moitié de ce siècle et représente la forme primitive d'un théâtre qui connaîtra son apogée avec Georges Feydeau et qui s'éteindra peu ou prou avec Sacha Guitry. Aux côtés de Feydeau, on peut aussi mentionner Georges Courteline, mais avec un côté plus mordant qui dérive un peu par rapport à la comédie bourgeoise bon enfant qu'initie Labiche.

Le Voyage de Monsieur Perrichon est chronologiquement le deuxième gros succès de l'auteur après le Chapeau de Paille D'Italie, neuf ans plus tôt. C'est une comédie en quatre actes, dont la valeur m'apparaît assez inégale.

On commence par un premier acte mou, convenu et gentillet, sans grand intérêt, puis, doucement mais sûrement, le second acte devient plaisant et drôle, très distrayant. le troisième acte tient lui aussi toutes ses promesses avant que le quatrième nous replonge dans la mollesse plan-plan du début et nous laisse un goût mitigé.

Vous avez compris que s'il n'y avait eu que les actes II et III, j'aurais apporté tout mon suffrage à cette comédie, vaudeville typique, où l'on sent que Feydeau puisera beaucoup de son style et de son inspiration théâtrale.

Nous suivons donc un certain M. Perrichon, bourgeois ayant bâtit une rondelette fortune en tant que carrossier. Avec sa grosse épouse et sa charmante fille Henriette, il s'apprête à partir en voyage à l'étranger en Suisse et en Savoie (n'oublions pas que la Savoie n'est devenue définitivement française qu'en 1860, date de la sortie de la pièce, les vacances dans les Alpes étant alors un sujet brûlant d'actualité).

Cependant, dès la gare parisienne, deux larrons, Armand et Daniel, bourgeois héritiers de bonne famille ont lorgné la petite Henriette et se sont, l'un comme l'autre, promis d'enlever la main de la petite bourgeoise.

Ce faisant, c'est un savant concours de séduction où il faut autant plaire à la promise qu'à sa mère et, surtout, qu'à son père, le veule, hypocrite et orgueilleux petit grand Monsieur Perrichon.

Eugène Labiche de se prive pas pour étriller la bourgeoisie, sur son manque de courage, son inculture, sa fatuité et encore bien d'autres qualités de ce genre. Mais c'est toujours très bon enfant, très paternaliste, très bien pensant. Bref, l'archétype de " la comédie à papa ".

Une forme qui connaîtra son heure de gloire un siècle plus tard au cinéma avec Fernandel et qui de nos jours encore sévit au cinéma périodiquement. Ce n'est pas désagréable, ça se mange sans pain, il y a parfois quelques traits bien sentis, mais ça ne s'envole jamais trop, trop haut. Ceci n'est d'ailleurs pas bien grave, c'est du divertissement et c'est une comédie sans prétention.

Personnellement, j'aime mieux un bon Feydeau, je trouve ça plus fin, plus subtil, mieux écrit par moments, plus délicieusement ambigu et gaillard mais ceci n'engage que moi et ne perdez jamais de vue que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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J'ai passé d'excellents moments bien rafraichissants avec cette pièce d'Eugène Labiche, la première de l'auteur que je lis.

C'est du vaudeville, c'est donc fait pour rire de personnages au caractère tranché et un peu caricaturaux, et on a un champion du monde en la personne de ce monsieur Perrichon. Un bourgeois du second Empire, un carrossier comme dit avec mépris son « ami » Majorin, qui emmène pour la première fois sa famille en vacances à la montagne, en Suisse, voir la mer de Glace. Il est si agité ; il se débat avec des employés de la gare de Lyon peu amènes qui portent déjà toute la réputation de l'accueil à la française (« ce n'est pas ouvert ! », « ça ne me regarde pas, voyez l'affiche ! »). Il est si fier et vaniteux qu'on entrevoit les plumes de paon dépasser sous sa redingote. Et incidemment, il ne supporte de devoir porter le fardeau de la reconnaissance alors qu'il lévite littéralement lorsque ceux qui ont de la reconnaissance pour lui le portent aux nues.

C'est l'expérience que vont faire Daniel et Armand, deux jeunes hommes engagés dans un concours honorable pour les beaux yeux d'Henriette, la fille de Perrichon. Armand suit les élans de son coeur généreux et sauver plusieurs fois la mise à monsieur Perrichon. Ce dernier en éprouve un vague ressentiment et supporte de moins ce jeune homme « qui a un air qui semble crier au voisinage : j'ai sauvé Perrichon » (ainsi le voit-il et il est bien le seul). Comme le dit Daniel : « l'ingratitude est une variété de l'orgueil ». Daniel, donc, a compris le personnage et est plus tactique : il s'arrange pour être redevable envers Perrichon et ne cesse de le remercier à genoux. Perrichon ne se sent plus de plaisir. Bref, pour avoir la fille, il faut plaire au père.

La pièce est aussi un vrai témoignage de la France des années 1860 : les débuts des voyages touristiques, le capitalisme populaire en progression, le rattachement de la Savoie et du comté de Nice à la France, la division de Paris en arrondissements.

Après avoir terminé, j'ai trouvé sur Internet une version jouée en 1997 avec un superbe Jean-Pierre Darras en Perrichon et mis en scène par Jean-Luc Moreau. J'ai trouvé que certains traits d'humour passaient moins bien car ils sont trop associés à l'époque. La lecture permet de se reporter aux notes pour mieux les apprécier.
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Monsieur Perrichon, commerçant devenu rentier, emmène sa femme et sa fille Henriette en vacances dans les Alpes. Amand Desroches et Daniel Savary les suivent dans leur périple, ayant chacun pour objectif d'obtenir la main d'Henriette. S'ensuivra un accident dont Perrichon sera sauvé par Armand ; en conséquence de quoi il lui en voudra terriblement de lui avoir sauvé la vie. Tandis que Daniel, retenant la leçon, fera semblant d'être lui-même victime d'un accident et sauvé par Perrichon, qui lui vouera une amitié sans faille : c'est que ce beau geste lui permet d'aborder des airs de héros, ce qu'il apprécie particulièrement. En sus, Perrichon trouvera moyen d'insulter, via le livre d'or de l'hôtel, un commandant qui viendra lui réclamer justice à Paris, une fois les vacances terminées, sous la forme d'un duel. Chacun, autour de Perrichon (et Perrichon le premier), se livre alors à des petites manigances pour éviter le duel qu'il est certain de perdre. Or Armand, trouvant moyen d'annuler officiellement le duel, va s'attirer encore davantage les foudres de Perrichon, qui souhaitait éluder ceci en toute discrétion et ne pas passer pour un lâche. Pendant ce temps, Daniel s'est montré une fois encore plus rusé que son comparse et se trouve sur le point d'obtenir la main d'Henriette (alors qu'elle préfère Armand). Sauf que Perrichon n'est pas toujours aussi bête qu'il en a l'air...

La pièce est bien construite, elle monte petit à petit en puissance, l'argument est simple, et la caricature de Perrichon fonctionne bien. Labiche et Martin se concentrent essentiellement sur le caractère de Perrichon, sur son ingratitude envers Armand qui ne cesse de s'étoffer. Il ne cesse de s'inventer tous les prétextes possibles pour s'assurer qu'Armand cherche à le diminuer et à faire le malin en lui rappelant qu'il lui a sauvé la vie, ses récriminations se révélant un leitmotiv comique qui marche. C'est la vanité de Perrichon qui est en cause, car, moins il supporte qu'on lui rappelle les services d'Armand, plus il est heureux que Daniel se comporte comme son obligé à vie : ce leitmotiv-là, symétrique au premier, fonctionne peut-être moins bien.

On ne peut véritablement parler ici de critique sociale ; certes, Perrichon est un bourgeois, certes, il affiche fièrement ses fautes d'orthographe sur le livre d'or de l'hôtel, certes, il se prend très au sérieux depuis qu'il est rentier, mais enfin, la vanité et la sottise ne sont pas le lot des rentiers seuls ; on est davantage dans la comédie de caractères. Encore que ce soit le caractère de Perrichon qui domine indubitablement la pièce, les autres personnages faisant plutôt pâle figure. "Le voyage de Monsieur Perrichon" s'avère donc une comédie qui fait sourire, mais qui manque de fantaisie et un peu de rythme, malgré une fin bien trouvée et bien amenée. Une comédie qui est donc un des classiques de Labiche, mais sans doute pas la plus drôle, ni la plus incisive.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Une pièce qui relate les diverses péripéties d'un "bourgeois" fraîchement retraité parti en voyage par le train en famille.
L'homme est ridicule et vaniteux et il doit départager deux prétendants de sa fille, le premier qui l'a sauvé, et le second à qui il a porté secours. Il se trouve par ailleurs provoqué en duel par un militaire ombrageux et menacé des tribunaux par un douanier qu'il a insulté...
Nous découvrons un personnage qui n'est guère séduisant et qui se montre peu reconnaissant vis à vis des personnes qui lui rendent service. La bêtise craque sous le vernis de l'homme respectable et riche.
Divertissant.
A noter aussi que la documentation thématique qui complète cette comédie : "Voyage en bourgeoisie sous le second Empire" et "Le bourgeois ce mal-aimé" est fort instructive.
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Le 10 septembre 1860, Eugène Labiche donnait au théâtre du Gymnase à Paris la première de sa pièce la plus représentative de la bourgeoisie du Second Empire : Le Voyage de Monsieur Perrichon, une comédie en quatre actes avec, dans le rôle de Monsieur Perrichon, un célèbre comédien de l'époque : Geoffroy (1813-1883).
"La pièce connut un accueil triomphal et valut à Labiche le surnom de « roi du Vaudeville ». le succès de cette pièce ne se démentira jamais. Elle entra ainsi au répertoire de la Comédie française en 1906. »

Dans le cadre du challenge 19ème siècle, je viens de découvrir cette petite oeuvre du théâtre comique français en quatre actes qui date de 1860. C'est aussi la première pièce connue qui soit consacrée au tourisme, aux chemins de fer et à la montagne.
La famille Berrichon se rend à Chamonix. le père est un bourgeois, sa fille est courtisée par deux rivaux amicaux. C'est une classique comédie amoureuse qui a pour toile de fond les voyages, les aventures à la gare et le tourisme en montagne.
Comédie de moeurs, aux situations cocasses et absurdes, elle met en évidence la peinture psychologique de Mr Perrichon : il se prend d'affection pour celui qui lui rend service et de haine pour celui qui lui sauve la vie : d'où la maxime en fin de pièce « Un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance ».
Je peux dire que je viens de passer un charmant moment en leur compagnie et que la leçon sera bien apprise par Monsieur Perrichon, qui sait reconnaître ses torts.
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Aussi difficile pour moi de lire une pièce de théâtre que de lire une BD .
Je ne sais pas pourquoi, formation spéciale de mon cerveau sans doute.
Il aura fallu honorer un challenge pour que je me lance dans la lecture de cette pièce
Fat, vaniteux, Monsieur Perrichon symbolise le commerçant bourgeois bouffi d'orgueil, plutôt ridicule..
Plus je lisais, plus ça me disait quelque chose. Effectivement, j'ai vu un téléfilm tiré de cette pièce.
Les deux sont complémentaires, bien que le livre offre une vision plus réaliste des moeurs et progrès du XIXème siècle.
C'est un honorable vaudeville qui a du avoir son succès à l'époque.

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Jouée pour la première fois en 1860, c'est une comédie tout à fait amusante mais avec une morale comme les fables de la Fontaine, bien qu'ici elle ne soit pas dite expressément : Pour plaire mieux vaut être l'obligé que le bienfaiteur.
Et une seconde en toutes lettres : Il faut parler bas lorsqu'on parle près d'une porte.

Monsieur Perrichon est un bourgeois assez sot et fat. Son commerce vendu, il part en voyage avec son épouse et sa fille Henriette, jeune fille à marier qui a fait la connaissance à un bal de deux jeunes hommes de belle situation, Armand et Daniel. Les deux jeunes gens se connaissent et se retrouvent à la gare où chacun à l'intention de suivre Henriette en feignant le hasard. Ils décident de tenter l'un et l'autre leur chance loyalement.
Chacun a sa méthode et les nombreux revirements de monsieur Perrichon mettent l'un puis l'autre à même de demander la main de sa fille.

Vite lue mais peut-être pas vite oubliée.
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Pour être au coeur du texte rien ne vaut la lecture d'une pièce de théâtre avant de la voir jouer (ou après si l'on préfère) pour apprécier les répliques surtout quand elles sont drôles. Avec Eugène Labiche on est rarement déçu. Et puis, une comédie alerte comme "Le Voyage de Monsieur Perrichon" ne peut faire que du bien.
C'est l'histoire d'un bourgeois qui va marier sa fille après un séjour rocambolesque à la montagne.
Monsieur Perrichon est un carrossier aisé, sympathique mais fort naïf et que l'argent rend présomptueux. Il a décidé de prendre des vacances à la montagne, en Suisse, et prend le train pour la première fois gare de Lyon à Paris avec sa femme et sa fille, la séduisante Henriette. Ils vont croiser ses deux prétendants, Armand et Daniel, qui ont compris que pour obtenir sa main, il valait mieux entreprendre de conquérir le coeur de ce père vaniteux plutôt que celui de la jeune femme.
Rivaux complices et amis, ils vont s'affronter dans une lutte comique. Et si Armand a la chance, lors d'une excursion, de sauver Monsieur Perrichon d'une chute mortelle, Daniel fait mieux en parvenant à se faire sauver par le bourgeois qui en tire une fierté démesurée.
Evidemment, la morale sera quelque peu soumise aux circonstances et l'amour l'emportera face à la vanité.

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Pièce de théâtre dans laquelle deux jeunes hommes, Armand Desroches et Daniel Savary font la cour à la même jeune fille, Henriette, une fille de bonne famille mais pour pouvoir se voir accorder sa main, il faut que l'autorisation vienne du père de cette dernière. Aussi, Armand et Daniel vont-ils tout faire pour s'attirer les grâces du beau-père en lui rendant moult services mais Daniel, qui a compris que le meilleur moyen de s'attirer la reconnaissance de ce dernier est de flatter son ego. Cependant, il apprendra à ses dépends qu'il ne faut pas crier victoire trop tôt et qu'une langue bien pendue peut parfois se retourner contre soi.
Pièce qu'il ne faut pas se contenter de lire mais qu'il faut également voir jouer sur scène car alors, tout le comique de celle-ci nous saute aux yeux. Je l'ai vu jouer sur scène il y a quelques années déjà et ce n'est que maintenant que je me décide à la lire, chose que je ne regrette pas car je trouve que les deux sont vraiment complémentaires. Pour conclure, je dirais qu'il n'en reste pas moins que c'est là une pièce très agréable à lire et qui permet au lecteur de passer un très bon moment !
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Pièce de théâtre désuète un humour très lourd, l'intrigue est cousue de fils blanc. Les personnages sont antipathiques. A éviter si vous n'êtes pas passionné de théâtre et encore, vous risquez d'être déçu
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