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3,63

sur 109 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
(Attention, spoil intégral sur cette critique.)

« Son visage, rasé de près, dénotait un souci de rigueur et une volonté sans faille. »

Vous y êtes ? Vous avez bien lu ?

Amis babeliotes masculins, cette phrase extraite du chapitre 5, page 71, signifie que, si vous n'êtes pas impeccablement rasé, vous êtes un homme dénué de volonté.

Relisez-la encore une fois, histoire de bien vous pénétrer de cette vérité puissante et implacable.

Oui, je raille. C'est mal mais, honnêtement, je ris pour ne pas pleurer. Car la lecture de ce livre a été l'une des plus pénibles de ma vie. Et, avec cette phrase choisie parmi une multitude d'autres du même acabit, j'espère vous montrer pourquoi. Lieux communs, platitudes et facilités, voilà ce que j'ai retirés de ce roman.

Tout commence avec Adèle, qui tombe amoureuse de son pasteur, un bien gentil jeune homme qui répond à son inclination. le problème, c'est que la malheureuse vit dans une famille de paysans dont le fils aîné va la violer à plusieurs reprises. Elle tombe enceinte, s'enfuit et va finir par abandonner l'enfant dans une institution religieuse. On laisse à cet instant Adèle pour suivre le parcours de son fils « supposé ». En réalité, il y a quiproquo dès le début, car, le lendemain de l'arrivée de l'enfant, dénommé Raphaël, un autre garçon est confié aux religieuses. Celui-là va être appelé Vincent et est apparemment l'un des héros d'un autre roman de Christian Laborie, Les Rochefort, que l'auteur suggère plusieurs fois au lecteur de lire (dans mon cas, ça ne risque pas d'arriver un jour).

Aussitôt après l'abandon des deux bébés, un couple de paysans se présente pour adopter un enfant. Normalement, le premier arrivé dans l'établissement doit être proposé. Raphaël, donc. Sauf que les religieuses se trompent. Vous l'aurez vu venir de loin. Autant pour l'originalité de l'histoire ! Ce qui ne serait pas si grave si le coup déjà très utilisé dans la littérature de l'échange d'enfants était bien traité, ce qui n'est pas le cas ici.

Nous voilà embarqué, à partir de cette méprise, dans quatre-cent pages de flagellations. le malheureux Vincent (qu'on croit être Raphaël, vous suivez ?) va en effet se retrouver sous la domination d'une parodie de Thénardier psychologiquement peu crédibles et il va en voir des vertes et des pas mûres durant toute sa vie, jusqu'à mourir à vingt ans dans les tranchées de la Grande Guerre. Un vrai pathos. Et c'est là qu'est l'injustice : ben oui, ce n'est pas lui qui aurait dû vivre ça ! C'est le vrai Raphaël, qui pendant ce temps-là se la coule douce chez de braves paysans aisés ! Comme si la maltraitance dont Vincent est cruellement victime avait été plus acceptable si elle avait concerné Raphaël.

Évidemment, le vrai Vincent et le vrai Raphaël vont se rencontrer pendant la Grande Guerre et devenir d'excellents amis (comme par hasard, parce que, sinon, ça n'aurait pas été drôle). Entretemps, le vrai Vincent a retrouvé la trace de celle qu'il croit être sa mère, Adèle. Celle-ci, en le voyant venir vers elle, s'étonne qu'il ne lui ressemble pas, ni à elle, ni à son violeur, ni même au pasteur dont elle était amoureuse, et dont on apprend, comme ça, sans préavis, qu'elle s'était donnée à lui une fois, durant la même période où elle se faisait violer. L'information vient d'un coup, comme si l'auteur s'était dit brusquement, à ce stade de l'écriture, que l'incertitude sur la paternité de l'enfant était aussi un ressort dramatique puissant. Et puis, pourquoi se contenter d'un échange d'enfants ? Allons-y, rajoutons-en ! À défaut de qualité narrative, mettons-en la quantité, ça plaira bien au lecteur, de toute façon.

Bref, le malheureux vrai Vincent meurt à la guerre, à peu près au deux tiers du roman. On ne le reverra plus, non plus qu'Adèle, d'ailleurs. L'auteur choisit en effet à ce stade de changer complètement de point de vue et on se retrouve dans la famille Rochefort. Ce n'est pas qu'on ne comprenne pas de quoi il retourne ; non. Mais c'est très grossièrement qu'on est invité à lire le roman retraçant la saga de cette famille et même ceux à venir (« C'était le début d'une autre histoire qui devait bientôt secouer la famille Rochefort. »).

Là, dans cette dernière partie du livre, les cartes sont abattues. Même si le lecteur a depuis longtemps compris le pourquoi du comment concernant l'échange des enfants, l'auteur rajoute un ultime mystère : Raphaël est-il bien mort, ou est-ce ce mystérieux homme masqué venu faire chanter les Rochefort ? N'en jetez plus, la coupe est pleine !

Voilà pour le scénario… Mais je pourrais m'étendre aussi sur la psychologie outrancière des personnages, qui relève plus du cliché que de l'observation de l'âme humaine. Ou sur les dialogues, dans lesquelles une ouvrière sortie de la campagne, certes alphabétisée, mais quand même ! sort : « Qui que vous soyez, monsieur, votre rang ne vous autorise pas à m'avilir de cette manière. » Ou qui servent à replacer le contexte historique de l'époque et se transforment ainsi en extraits de livre d'histoire.

Ce roman est vraiment loin, très loin d'avoir la finesse de certains romans dits « de terroir », comme ceux de Christian Signol, par exemple. Pour moi, ça a été une farce, du début à la fin.

Pour ceux qui ont réussi à lire ce pavé, merci infiniment de votre patience. Et si mon ton virulent a paru méchant, j'en suis désolée. Je suis d'une gentillesse proche de la bêtise dans la vie. Mais pour moi, la littérature, ça ne rigole pas.
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Est-ce la trame de l'intrigue qui se tisse dans le milieu d'entreprises textiles ? mais le roman m'a donné le sentiment de lire une histoire trop cousue de fils blancs ! Je n'ai pas envie comme certains de me lancer dans une diatribe à l'encontre de ce roman, car il a son public et c'est tant mieux si certains y trouvent du plaisir.
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