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3,49

sur 225 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le protagoniste de ce très court roman est pompiste dans une station service de la banlieue parisienne.
Il passe son temps à regarder en boucle des films, il se fait l'observateur des gens qui passent furtivement dans sa station, le temps de faire le plein d'essence, de boire un café ou d'acheter du soda allégé et des chips grasses et outrageusement salées.
Il organise régulièrement des expos photos en douce de son patron, il joue aux dames avec un ami ou tente de séduire une mystérieuse femme japonaise.
Il a la « nonchalance d'un zombie mélancolique », comme il le dit lui-même et ses réflexions sur les gens, la vie, la société de consommation, la ville, l'amour, le cinéma et bien d'autres choses encore sont un régal à lire, tantôt drôles, tantôt philosophiques, tantôt absurdes ou incompréhensibles, tantôt profondes, cyniques ou hilarantes, mais souvent justes.
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« Je suis au sommet de la pyramide de la mobilité en quelque sorte : le rouage essentiel de la mondialisation. (Sans moi, la mondialisation n'est rien.) » (p. 7) Beauvoire est pompiste dans une station-service de la région parisienne. En courtes phrases, il raconte son quotidien. « Rares sont les clients qui me voient ou me parlent. Je suis transparent pour la plupart des gens. Certains se demandent sans doute pourquoi j'existe encore, pourquoi je n'ai pas été remplacé par un automate. Des fois, je me le demande aussi. » (p. 6 & 7) Les automobiles qui s'arrêtent le temps d'un plein, d'un café, d'un sandwiche ou d'une miction. Les habitués qui viennent partager une partie de dames ou un verre. Beauvoire est un observateur essentiellement passif, mais qui parfois, de bon gré ou à contrecoeur, se retrouve acteur. Sans savoir pour qui ni dans quel but, il fait passer des messages. Il ose aussi aborder la sublime cliente japonaise qui passe une fois par semaine. Il se rebelle contre son patron en organisant des expositions sauvages sur les murs de la station. Quant au temps qui coule, poisseux comme l'essence, le pompiste le trompe en lisant, en regardant des films ou en pensant à Jean Baudrillard, philosophe qui semble donner à toute chose un sens plus profond, pour peu qu'on accepte de renoncer aux évidences. Avec la lueur vacillante des néons et des enseignes pour seules étoiles, Beauvoire rêve à plus grand, plus loin, mais pour quitter sa station-service, il faudrait un éclat, un coup de tonnerre qui peut-être jamais ne viendra.

Non-lieu par excellence, la station-service est un espace étrange : on ne s'y arrête que pour mieux repartir, regonflé, rempli, reposé. Ce lieu de passage où l'on ne laisse rien porte un nom trompeur. Une station, c'est là où l'on s'arrête, mais la finalité de la station-service n'est pas l'arrêt, c'est le renouvellement du mouvement. de fait, produire des chroniques sur l'impermanence, c'est paradoxal, c'est un pari pris sur l'éphémère. C'est vouloir écrire la répétition là où rien ne revient ni ne perdure. C'est parfaitement vain. Et donc totalement sublime. À l'image du premier roman d'Alexandre Labruffe.
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Une lecture de laquelle on sort avec le sourire.
On plonge dans la tête d'un narrateur pompiste qui préfère ses rêveries/réflexions philosophiques au réel qui l'ennui. C'est drôle, cocasse et grotesque mais plus profond que ça en a l'air. Je me suis éclaté à lire ce court roman.
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travaillant dans une station service, où il s'ennuie souvent, l'auteur observe ses clients, les faits dans sa station, le monde, les relations sentimentales de ses proches, ses propres lâchetés, et tient une sorte de journal. Parfois une phrase, parfois deux pages. Certains faits restent mystérieux ( pourquoi des clients se passent des romans avec des phrases soulignées), d'autres évoluent ( par exemple sa relation avec une cliente asiatique dont il tombe amoureux). Mais son regard reste lucide, plein d'humour et il y a quelque chose de poétique dans la manière dont il relie le lieu à ses états d'âme. Il se moque des autres mais surtout de lui-même. On se dit avec cette lecture que la station-service est effectivement un lieu représentatif de notre époque
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Raconter la vie d'une station-service de l'intérieur. Pour un premier roman, le pari était osé, et Alexandre Labruffe l'a relevé dans Chroniques d'une station-service paru en mai 2019 aux éditions Verticales. Lettres it be vous livre sa critique !

# La bande-annonce

# L'avis de Lettres it be

Primo-romancier né en 1974, Alexandre Labruffe n'en est pas moins un homme d'expériences. Ayant travaillé en usine puis dans les Alliances françaises de Chine puis de Corée du Sud, Alexandre Labruffe travaille aujourd'hui sur plusieurs projets artistiques et cinématographiques. le voilà qui s'essaie à l'écriture avec un premier roman ambitieux qui emporte son lecteur tout droit… dans une station-service.

C'est un pompiste qui vous parle. Ses aventures commencent avec la venue d'un premier client, puis d'un autre. Et encore un autre. Sans arrêt. Pourtant, c'est dans le quotidien le plus plat aux premières apparences que l'on trouve les étincelles de vie les plus brillantes. Et Alexandre Labruffe de nous le rappeler à travers les songes et péripéties amicales et amoureuses de son héros en bleu de travail.

« Je me sens utile maintenant, c'est vrai. J'en connais un bout sur la révolution du sandwich industriel. »

C'est un peu la tarte à la crème quand un auteur brille par sa morosité, sa plume déprimée et un tel récit du quotidien. Mais Alexandre Labruffe enfile sans trop de problèmes le maillot de l'équipe de ces auteurs que l'on pourrait désormais nommer les « comme Houellebecq ». Pourtant, en osant le pari du récit de la station-service, le primo-romancier apporte sa patte, sa touche et son inventivité dans un roman qui s'assume seul et sort de bien des étiquettes qu'on pourrait lui accoler.

À la façon d'un Debout-payé de Gauz ou d'autres romans du genre, Alexandre Labruffe propose avec Chroniques d'une station-service d'entrer directement dans le quotidien d'un pompiste, un Monsieur Tout-le-monde qui oeuvre chaque jour dans l'un de ces métiers que l'on ne voit pas, ou plus. le choix d'une construction parcellaire est séduisant pour donner à ce livre un rythme particulier, le rythme de la vie et des songes. En somme, sur près de 140 pages, Chroniques d'une station-service est un premier roman satisfaisant, qui a de quoi lire. Jolie découverte.

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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"1
Dans le brouillard, comme un phare, à peine visible : le néon HORIZON bleu déglingué du hangar qui clignote devant moi."

Le décor est planté d'emblée, une station-service en banlieue parisienne, isolée dans les moutons de brume, dans la solitude d'une nuit qu'on dirait américaine. Sous le signe d'Amérique de Jean Baudrillard et de Wim Wenders.

Face à une société contemporaine hors-sol, le narrateur de Chroniques d'une station-service, pompiste nonchalant, offre une forme de résistance à l'hyperréalité. Volontairement immobile dans ce lieu dédié à la mobilité, individu complexe mais invisible pour la plupart des clients, il regarde des films d'auteurs ou bien Mad Max en boucle, joue aux dames et débusque la poésie du lieu, à contrecourant des clients qu'il regarde passer, à rebours de l'univers complètement pourri de marchandise obscène, de vanité technologique et d'indifférence dont il est le spectateur.

Situé dans les marges périurbaines, dans un lieu en déréliction emblématique de la fragilisation du monde et de l'appauvrissement de l'expérience, «coincé entre un périphérique, un hôtel CAMPANILE et un HLM promis à la démolition», voisin des zones blanches de Philippe Vasset, Chroniques d'une station-service est un récit mélancoliquement joyeux, paru en août 2019 aux éditions Verticales, composé de fragments numérotés et finement articulés qui parlent avec sel, humour et poésie de la consommation et du saccage du monde.

Le fragment 35 nous apprend que Beauvoire, le narrateur, a toujours aimé les notes de bas de page. Les marges peuvent devenir le centre du monde, le lieu des possibles où réhabiliter l'aventure et les fantasmes. le devenir incertain de la station-service et de son employé agit comme une porte ouverte sur le potentiel de fiction qui existe dans ce type de lieux, familiers à Éric Chauvier.

Maniant la poésie et l'ironie, Alexandre Labruffe tente d'épuiser ce lieu des marges en le plaçant au centre du monde ; contemplatif merveilleux, son pompiste déphasé rêve d'une mutation dans une station-service du Texas, sommet de la civilisation, et rapporte ce qui rythme ses journées – les discussions de comptoir des adolescentes, des cadres déprimants, les messages codés que s'échangent les clients, les apparitions attendues d'une divine cliente japonaise d'une beauté irréelle.

Sous l'égide de Roland Barthes, définissant l'utilisation du romanesque comme «un mode de notation, d'investissement, d'intérêt au réel quotidien, aux personnes, à tout ce qui se passe dans la vie», Alexandre Labruffe compose, avec les observations d'un pompiste qui, depuis sa capsule dans la station-service, semble être un alien en ce bas monde, un éloge savoureux, très cinématographique, de l'envers et de l'imagination.

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de la librairie Charybde :
https://charybde2.wordpress.com/2020/04/13/note-de-lecture-chroniques-dune-station-service-alexandre-labruffe/
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Qui n'a jamais eu une petite pensées pour ces jeunes ou moins jeunes employés à casquette qui tiennent la boutique de nos stations d'autoroute préférées, qui encaissent à longueurs de journées les pleins et les plaintes d'automobilistes français ou étrangers souvent fatigués et surtout pressés d'arriver sur leur lieu de vacances.
Alexandre Labruffe a choisi de se mettre dans la peau d'un homme pompiste, travaillant dans une station-service de la banlieue parisienne qui s'invente (ou pas) des aventures plus ou moins extraordinaires pour tromper l'ennui de la banalité contemporaine, celle qui consiste à voir par passer jour et nuit une population très diversifiée venue acheter une canette, des chewing-gums, des sandwiches, des magazines…

Alors, pour que le temps passe un peu plus vite, notre pompiste, fan absolu de Mad Max, cultive sa cinéphilie en regardant des films sur son écran, ou en jouant aux dames avec un copain. Mais c'est aussi un redoutable observateur de ses contemporains et du monde en général, ne perdant jamais une occasion pour faire un trait d'esprit avec un brin de nostalgie mal placée « parfois je regrette l'époque dorée du super et je me dis que le sans-plomb est à l'essence ce que le préservait est au sexe, l'aspartame au sucre : un pis-aller, le symbole de nos sociétés castrées, d'un avenir sans microbes ».

Un pompiste pas comme les autres, plein de lucidité, de spiritualité et de causticité qui laisse aussi parler ses émotions et ses fantasmes comme avec ces mystérieuses personnes venant déposer à sa caisse des livres contenant des messages codés destinés à être récupérés par d'autres ; ou encore avec cette femme asiatique très belle, au fort pouvoir érotique, débarquant un jour dans la station-service et dont notre homme tombera vite amoureux, l'entraînant dans une relation à la fois burlesque et étrange.

Chroniques d'une station-service est un premier roman composé de chapitres souvent très cours où les phrases ressemblent parfois à des aphorismes ou à des citations d'Audiard « Quand quelqu'un prononce le mot sérieusement, il faut commencer à douter de tout ce qu'il dit. ».
Un roman étonnant, burlesque très original tant la forme autant que dans le fond, délicieusement absurde, porté par un personnage, drôle et linaire auquel on s'attache très vite. Avec son écriture alerte, donnant vie à de courtes séquences, l'auteur trouve le bon rythme pour évoquer la vie de cette station-service imaginaire, dans un livre qui se lira d'une traite ou presque.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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J'ai découvert Alexandre Labruffe lors d'un entretien radiophonique au sujet de la sortie de son roman "un Hiver à Wuhan"où il a été rappelé la qualité de son premier ouvrage "Chroniques d'une station service".
Dans ce premier roman, il est question d'un pompiste Beauvoire (nom évocateur) officiant en périphérie de la région parisienne. Cette station au milieu de nulle part, semble à la fois hors du temps et au "carrefour du monde". L'auteur nous plonge dans les réflexions du narrateur philosophe au regard acéré, nous fait suivre un ballet quotidien de personnages variés, ordinaires ou loufoques, cotoyer des histoires d'amour ou de trafics. L'écriture est dépouillée, caustique, avec des chapitres courts qui rythme la vie de cette station. On ne s'ennuie pas en lisant ces chroniques, et l'on portera peut-être un autre regard sur les pompistes à l'avenir !
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Amoureux des histoires sans histoires, ce livre est pour vous.
Il ne propose pas une aventure, une épopée ou même une intrigue romanesque. Il se contente de rendre compte, avec humour et finesse, de la vie dans une banale station-service et celle de son banal employé. Proche du flux de la conscience, nous entrons dans le quotidien de la pensée de ce pompiste qui entre contemplation cynique et rêverie absurde, nous propose sa vision du monde de l'autre côté du compteur d'où il est.
Pleine de références littéraires et de réflexions sur la société, cette lecture n'est pas pour autant futile. A chaque page elle propose d'évoquer un souvenir, une émotion ou une réflexion sur l'art, l'amour, la société, la politique ou n'importe que autre sujet à vrai dire...
Un roman court et drôle qui se lit avec facilité, allez-y sans trop hésiter.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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« L'homme ivre me paie son plein et sa bière, en marmonnant je ne sais quoi. Je l'observe partir. Via les écrans de vidéosurveillance : sa démarche de flamant rose claudicant. Chuintement des portes automatiques. Il zigzague jusqu'à sa voiture, qui se trouve à la pompe n°5.

Le chiffre 5, en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À l'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste. »

Alexandre Labruffe a exercé le métier de pompiste dans une station service en région parisienne pendant plusieurs mois. Dans ce récit, il livre comme dans un journal de bord sous la forme de courtes entrées ses observations et ses pensées.

Véritable lieu de passage, sa station service le fait osciller entre des clients qui ne le voient même pas et des rencontres improbables, déroutantes. Cela ira de clients mystérieux venant déposer au nom de quelqu'un un livre avec des pages cornées et des mots surlignés à une rencontre amoureuse étonnante. Sans oublier bien sûr les habitués, équivalents de piliers de comptoir refaisant le monde à coup d'affirmations péremptoires.

C'est aussi le théâtre de ses observations, de ses pensées, de ses rêveries voire de ses délires. Les films de série B qu'il projette sur la télé de la station viennent parfois rejoindre la réalité et la rendre encore plus confuse. Y-a-t-il vraiment du mouvement dans la maison abandonnée d'en face ? L'échange de livres dans sa station l'impliquerait-il dans un trafic qui le dépasse ?

Alexandre Labruffe signe là un récit original et inventif, plein d'imagination mais aussi véritable miroir du quotidien où l'ennui laisse place à la rêverie.
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