Des citadins en villégiature ou tombés en panne de voiture atterrissent au milieu de nulle part, dans un état du Sud. Rapidement, ils trouvent que les locaux ont de drôles de physiques, et de drôles de moeurs. Dans certains cas, ils vous tirent dessus, dans d'autres, ils vous violent. Dans le pire des scénarios, ils vous chassent… et ils vous mangent.
Bienvenue chez les Redneck, ces pauvres que l'Amérique ne veut pas voir.
Ruraux blancs de Géorgie, de Louisiane, de l'Arkansas, déclassés par la guerre de Sécession, taxés d'alcooliques, d'ignares et de dégénérés, ils sont devenus au fil des décennies le cauchemar d'un Nord « propre et civilisé, » qui les contemple et rit jaune au cinéma , un cinéma d'exploitation nommé hicksploitation, mais aussi un cinéma de qualité dont Délivrance de
John Boorman serait le symbole.
Redneck movies : Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain de
Maxime Lachaud est un ouvrage très complet et richement illustré qui nous offre un voyage en toute sécurité dans ce Sud décrié qui nous a pourtant donné des chefs d'oeuvre signés
Cormac McCarthy,
Erskine Caldwell,
Faulkner, Capote… de l'imaginaire enchanteur du Southern Gothic à un nouveau territoire de l'horreur, l'auteur décortique le glissement vers un univers sauvage, en marge, dans lequel les individus ne mettent aucune limite à leurs instincts les plus vils, des dégénérés consanguins de Massacre à la tronçonneuse aux cannibales de Carnage avec Lee Marvin, des chasseurs sodomites de Délivrance aux Cajuns rancuniers de l'excellent Sans Retour de
Walter Hill. Les femmes redneck ne sont pas en reste, nymphomanes décérébrées, matrones vulgaires… La sexualité débridée, tordue, incestueuse est aussi caractéristique de la hicksploitation, dont les scènes de viols dans la boue sont des incontournables. La pornographie s'empare aussi du territoire, avec pour cadre des granges ou des mobil-homes délabrés.
Autres facettes de cette ruralité dangereuse où le citadin égaré lutte pour sa survie, la comédie sur les campagnards sympathiques qui font les 400 coups au volant de leurs bolides, ambiance Shérif, fais moi peur, ou Les Bootleggers, interprété par le sex-symbol redneck à moustache Burt Reynolds, a fait les beaux jours du cinéma américain, comme les films d'horreur ancrés dans les marécages hantés par le Bigfoot, les sangsues géantes, et les Swamp Things gluantes. le plus étonnant c'est que ce genre typiquement américain s'exporte à l'étranger comme au Royaume-Uni avec Les Chiens de paille de Peckinpah, ou plus étrangement en France . On imagine mal des Parisiens perdus dans les Gorges de la Voueize, se faire traquer pour finir dans le fondu creusois et dégustés par les locaux, mais on a quand même eu La Traque de
Charles Leroy et Canicule de Boisset.
Bref, si vous aimez la littérature du Deep South, le banjo, les slashers ruraux avec des haches et des chemises à carreaux, n'hésitez pas à lire
Redneck movies : Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain