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EAN : 9782915083736
412 pages
Rouge profond (21/10/2014)
4.92/5   6 notes
Résumé :
"Les redneck movies représentent tout un pan du cinéma d'exploitation américain, qui connut son heure de gloire entre les années 1960 et 1980 - et qui se poursuit aujourd'hui de façon plus diffuse, dans le cinéma de Rob Zombie par exemple. Le genre gagnera ses lettres de noblesse au début des années 1970 avec Délivrance (1971) de John Boorman ou Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper, et envahira outre-Atlantique le cinéma et même les écrans de télévision,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Des citadins en villégiature ou tombés en panne de voiture atterrissent au milieu de nulle part, dans un état du Sud. Rapidement, ils trouvent que les locaux ont de drôles de physiques, et de drôles de moeurs. Dans certains cas, ils vous tirent dessus, dans d'autres, ils vous violent. Dans le pire des scénarios, ils vous chassent… et ils vous mangent.
Bienvenue chez les Redneck, ces pauvres que l'Amérique ne veut pas voir.
Ruraux blancs de Géorgie, de Louisiane, de l'Arkansas, déclassés par la guerre de Sécession, taxés d'alcooliques, d'ignares et de dégénérés, ils sont devenus au fil des décennies le cauchemar d'un Nord « propre et civilisé, » qui les contemple et rit jaune au cinéma , un cinéma d'exploitation nommé hicksploitation, mais aussi un cinéma de qualité dont Délivrance de John Boorman serait le symbole.

Redneck movies : Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain de Maxime Lachaud est un ouvrage très complet et richement illustré qui nous offre un voyage en toute sécurité dans ce Sud décrié qui nous a pourtant donné des chefs d'oeuvre signés Cormac McCarthy, Erskine Caldwell, Faulkner, Capote… de l'imaginaire enchanteur du Southern Gothic à un nouveau territoire de l'horreur, l'auteur décortique le glissement vers un univers sauvage, en marge, dans lequel les individus ne mettent aucune limite à leurs instincts les plus vils, des dégénérés consanguins de Massacre à la tronçonneuse aux cannibales de Carnage avec Lee Marvin, des chasseurs sodomites de Délivrance aux Cajuns rancuniers de l'excellent Sans Retour de Walter Hill. Les femmes redneck ne sont pas en reste, nymphomanes décérébrées, matrones vulgaires… La sexualité débridée, tordue, incestueuse est aussi caractéristique de la hicksploitation, dont les scènes de viols dans la boue sont des incontournables. La pornographie s'empare aussi du territoire, avec pour cadre des granges ou des mobil-homes délabrés.

Autres facettes de cette ruralité dangereuse où le citadin égaré lutte pour sa survie, la comédie sur les campagnards sympathiques qui font les 400 coups au volant de leurs bolides, ambiance Shérif, fais moi peur, ou Les Bootleggers, interprété par le sex-symbol redneck à moustache Burt Reynolds, a fait les beaux jours du cinéma américain, comme les films d'horreur ancrés dans les marécages hantés par le Bigfoot, les sangsues géantes, et les Swamp Things gluantes. le plus étonnant c'est que ce genre typiquement américain s'exporte à l'étranger comme au Royaume-Uni avec Les Chiens de paille de Peckinpah, ou plus étrangement en France . On imagine mal des Parisiens perdus dans les Gorges de la Voueize, se faire traquer pour finir dans le fondu creusois et dégustés par les locaux, mais on a quand même eu La Traque de Charles Leroy et Canicule de Boisset.

Bref, si vous aimez la littérature du Deep South, le banjo, les slashers ruraux avec des haches et des chemises à carreaux, n'hésitez pas à lire Redneck movies : Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain
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C'est exactement ça, la "Bible du genre". C'est sacrément drôle, nauséeux et rondement mené. Deux fois que je m'y replonge, toujours ce sentiment poisseux et excitant d'apprendre plus sur un genre assez méprisé par beaucoup.
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C'est juste la Bible du genre...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Par son héritage culturel et historique unique, le Sud apparait comme une partie bien distincte du continent américain, avec ses propres croyances, ses coutumes, sa littérature, sa musique, son architecture, ses symboles, sa cuisine, ses superstitions, son folklore, ses vagues d’immigration mais aussi son isolement, sa culpabilité et son passé raciste. Même si le Sud a connu durant le XXè siècle, une grande transformation et industrialisation, la plupart de ses états comptent parmi les plus pauvres du continent, en particulier dans les campagnes. Beaucoup s’accordent aussi à dire qu’il n’y a pas un seul Sud mais qu’il y a divers Suds. Le Texas n’a rien à voir avec la Géorgie ou le Mississippi avec la Floride pour ne citer que deux exemples, tout comme l’îlois et le cajun sont des dialectes usités dans certains coins uniquement, sans parler des différentes langues utilisées par les Amérindiens et les créoles de Louisiane. Le Sud, en tant qu’entité, relève plus d’un espace imaginaire que d’une réalité géographique. Il est une métaphore à l’image de l’expression « to go down south » (mot pour mot, « descendre dans le sud ») qui connote la détérioration d’un état, d’une relation ou d’un corps.
Le Sud est un espace maudit, dégénéré que les auteurs ont tellement mis en avant, hanté par les spectres du passé, l’innocence perdue, la guerre de Sécession, les lynchages et la « hantise de la foi » comme diraient Flannery O’Connor et Walker Percy(…) Espace poétique situé au cœur des ténèbres , le Sud représente un territoire de danger, de menace, où personne n’est à l’abri de la folie. Lieu privilégié de la difformité et du grotesque, on ne compte plus le nombre d’artistes qui ont mis l’accent sur les foires aux monstres itinérantes traversant le Sud ou sur les mutilations liées à l’univers des campagnes: Tod Browning, Carson McCullers, Eudora Welty, Clarence John Laughlin, Harry Crews, David Lynch, Joe R. Lansdale , etc.
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 "In the swamp, I live, in the swamp, I’ll die »
Harold Daniels, Poor White Trash

Il existe une variante du cinéma redneck, dans laquelle les pèquenauds ne font plus figures de menace et de danger. Au même titre que les citadins, ils se retrouvent face à un adversaire plus bestial encore, tout juste humanoide. Ces créatures proviennent généralement des marais et elles décident de reprendre leur territoire, ce qui leur revient de droit, et d’exterminer les intrus. Ces êtres grouillent sous les eaux ou se cachent dans la végétation sauvage. Pour le reste, le décor est le même que celui des autres films. Quelques paysans vivent isolés au bord des marécages infestés d’alligators et de serpents. Ils boivent du moonshine, portent des salopettes et des chemises à carreaux. Dans la lignée des films d’horreur écologique, la cible privilégiée de ces créatures du marais- vrais animaux ou monstres liés aux superstitions- reste les riches capitalistes qui polluent et ceux qu’elles considèrent comme des intrus. Autres incarnations du refoulé, ces choses incontrôlables ont une valeur symbolique au même titre que les bouseux utilisés dans ce cinéma. Elles reviennent à la surface er règlent leur compte à eux qui ne respectent pas leur tranquillité. Elles appartiennent aussi aux légendes locales. Ainsi, quand The Legend of Bobby Creek (Charles B. Pierce, 1972) a été diffusé, son pseudo documentaire a terrifié nombre de spectateurs persuadés que tout était vrai. Le mythe de Bigfoot n’ était pas un délire fantaisiste pour les habitants qui allaient voir ce genre de film dans le drive-in local. Ces oeuvres, qu’on peut faire remonter à L’Attaque des sangsues géantes, sont donc rangées à tort dans le domaine du fantastique: elles sont aussi réalistes que les paysages de boue , de mousse et de sables mouvants qui défilent à l’écran.
A lui tout seul, on peut dire que The Legend of Bobby Creek a lancé la mode des films portant sur la créature de Bigfoot ou Sasquatch, à mi-chemin entre le gorille, l’ours et l’humain (…), l’oeuvre de Charles B. Pierce reste le film du genre le plus convaincant.
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"- Un vrai bar de culs -terreux?
- Non, de Chinois!
- Ah les mecs, j'ai jamais été dans un bar de culs-terreux, ça doit être formidable!
- Ouais, ils bouffent des Yankees."
Robert C.Hugues, Hunter's Blood

(Citation ouvrant le chapitre "Festins cannibales")


Dans Massacre à la tronçonneuse, déjà, le cannibalisme avait valeur de métaphore. Le capitalisme sauvage ayant dévoré les anciennes industries sudistes, les chômeurs engendrés par le système se nourrissent des jeunes citadins de la classe moyenne, agents de ce capitalisme qui les a réduits à la vilénie. La hicksploitation a toujours cherché à mettre le spectateur face aux pulsions humaines les plus refoulées et interdites, et le cannibalisme ne fait que se rajouter à la liste des perversités déversées par ce cinéma sur la figure du plouc consanguin. Bien sûr, l'influence de véritables actes extrêmes commis par des tueurs en série sur le sol américain a joué un rôle, quand on sait l'intérêt qu'ont porté certains cinéastes à ces histoires criminelles; (...)
La thématique carnivore a donné au genre quelques-uns de ses longs métrages les plus marquants, à commencer par Carnage (Michael Ritchie, 1972), souvent programmé dans les cinémathèques dès qu'il est question de films américains en rase campagne.
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Se souvient-on que Coca-Cola est originaire du Sud? Et les poulets frits du Colonel-Sanders ne sont-ils pas des incontournables pour qui pose le pied dans l'un de ces Etats? Existe-t-il un autre endroit au monde où les gens puissent avaler ces boissons énergisantes écoeurantes que sont les Dr Pepper et Mountain Dew? Comment peut-on fantasmer sur un mets aussi peu ragoûtant que les Sloppy Joes? Aux Etats-Unis, il existe un grand nombre de magasins où tout est à un dollar, vous y trouverez des friandises telles que les Hostess Twinkies, les Tootsie Roll Pops ou les Gummy Bears, et si vous avez besoin d'outils, vous irez dans une chaine de supermarchés Kroger et vous prendrez ceux sur lesquels il est marqué Snap Tight Tools. Côté animation, vous aurez l'embarras du choix dans les bars country ou spécialisés dans le rock sudiste. Avec une hospitalité purement sudiste, on pourra même vous offrir des bonbons aux cacahuètes et vous faire goûter de l'alcool de maïs. Vous vous arrêterez dans l'une de ces roadhouses (cf Roadhouse 1989, de Rowdy Herrington) qu'on appelle aussi honky-tonks (cf Honkytonk Man, 1982, de Clint Eastwood), ces tavernes des bords de route où l'on peut danser, jouer et boire. Une chose à savoir, elles sont réservées aux Blancs. Pour les Noirs, on appelle cela les jukes ou juke-joints.
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