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EAN : 9782846264884
150 pages
Au Diable Vauvert (07/02/2013)
3.38/5   8 notes
Résumé :

Treize ans après le Plaidoyer pour les justes, Aïssa Lacheb revient enfin sur cette période de sa vie pour raconter ces histoires, ces destins croisés dans la dureté de la prison.

Treize années, c'est le temps qu'il lui aura fallu pour pouvoir raconter ce qu'il y a derrière les murs, et nous livrer son expérience de la réclusion et de la détention.

C'est le quotidien de ces hommes, leurs histoires, leurs crimes et leurs sentimen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans ce témoignage, l'auteur - désormais infirmier et écrivain - évoque les dix années qu'il a passées en prison.

Pas d'effets de manche, de grands discours indignés, de hargne, de sensationnalisme, même si les faits sont décrits abruptement.
Le ton est sobre, les exemples et anecdotes sont suffisamment éloquents.
Quelques constats sur les conditions de vie dans un établissement pénitentiaire : la loi du plus fort qui y règne, la violence verbale et physique entre détenus, les trafics, les clans, la complicité muette des matons lors de règlements de comptes entre prisonniers. Mais aussi la pénibilité du travail de ces surveillants, pris entre le marteau et l'enclume.
Aïssa Lacheb donne également quelques exemples des crimes de ses codétenus. L'occasion de prouver que n'importe qui peut basculer, quels que soient ses origines, ses principes, son milieu, ses revenus… de quoi faire réfléchir et rendre le lecteur modeste.
L'auteur parle peu de lui, hormis de son amour pour les lettres qui l'a aidé à supporter sa captivité, à mûrir et ainsi à être reconnu comme un "sage" et respecté de tous.

Un texte sobre, pertinent, émouvant, passionnant. Mais aussi plein d'humour subtil.

Cette découverte m'a donné envie de lire ‘Plaidoyer pour les justes' du même auteur.
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L'auteur raconte ici des épisodes de sa vie en prison quelques années plus tôt. On perçoit bien le trouble que Aïssa Lacheb éprouve vis-à-vis de certains de ses codétenus, eu égard à leurs actes criminels passés et aux raisons de leur condamnation. Il évite généralement de les juger ouvertement, laissant le soin au lecteur d'en penser ce qu'il voudra, même si une compréhension semble impossible. le sort des surveillants, tel qu'il le présente, n'apparaît guère plus enviable.

Ces histoires tragiques sont relatées brillamment et sobrement, et même avec un certain humour. Elles interpellent surtout sur la finalité de l'incarcération : si sa fonction première est punitive, alors elle semble remplir son rôle. Par contre, si elle vise à préparer une réinsertion mieux réussie dans la société, c'est le plus souvent raté... sauf pour l'auteur, en l'occurrence.

Ce n'est qu'en fin d'ouvrage que l'écrivain qu'est devenu Lacheb explique les raisons de sa présence en ces lieux, à un moment où le lecteur ne s'en préoccupe plus beaucoup.

Un ouvrage que je recommande vivement à tous, dès 14-15 ans.
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Aïssa Lacheb a passé 18 ans de sa vie en prison, condamné après plusieurs braquages. En 2001, alors qu'il est toujours incarcéré, il se lance dans l'écriture et raconte son expérience dans « Plaidoyer pour les justes ». Il revient aujourd'hui avec un nouveau livre composé de fragments, de souvenirs de prison, jetés pêle-mêle, sans souci de la chronologie ou du lieu car, après tout, une prison reste une prison et l'on y perd bien souvent toute notion de temps.

A travers ces scénettes, l'auteur fait appel à sa mémoire pour raconter la violence du quotidien, les règles tacites mais indispensables à la survie entre les prisonniers. Il dit la solitude, l'isolement et la lecture comme seule lumière, comme échappatoire à une vie sans couleurs. Un texte qui se lit vite, sans déplaisir mais qui, du fait des fragments, reste trop en surface à mon goût, et c'est dommage, car le vécu est là et il n'y a rien de tel pour rendre un témoignage captivant…
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[En prison] les gars nazillons qui se revendiquaient du FN n'en menaient pas large. C'était bien beau de casser de l'Arabe et du Black le soir dans la rue à trois contre un, il fallait se montrer aussi "vaillant" une fois en prison. Ce qui était loin d'être le cas. Ces nazes au crâne rasé se laissaient vite repousser les cheveux, n'allaient aux douches qu'accompagnés de matons, ne sortaient pas de leurs cellules sinon rapidement. Faut dire, il y en avait de l'Arabe et du Black à casser là-dedans mais c'était plus la même chanson. Ils se ratatinaient, ces abrutis finis, ils mettaient un pansement pour planquer leur croix celtique tatouée sur le bras, cette croix qu'ils usurpaient au fier, noble et tolérant peuple celte. Cette croix qu'ils accolaient à la croix gammée sur les tombes des cimetières musulmans et juifs qu'ils saccageaient, ces nécrophages. Leur vie était réellement en danger ; certains Blacks et Beurs voulaient les tuer. Ils n'attendaient qu'une occasion de les choper dans un coin, souvent les escaliers au moment de la cohue pour descendre aux promenades, et les égorger au rasoir, tels des moutons, comme des cochons. Ils étaient doublement punis, en quelque sorte : une fois par la société, qui condamnaient leurs actes - souvent des agressions contre des étrangers ou des non-de-souche plus faibles qu'eux croisés la nuit dans une rue déserte - et les emprisonnait, et une seconde fois par les détenus, qui les obligeaient à se terrer dans la taule et à survivre peureusement tels des maudits rats.
(p. 51-52)
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C'est en prison qu'on voit la personne telle qu'elle est réellement. Plus d'artifices ici, plus d'oripeaux, plus de masques. La promiscuité subie finit par faire passer toute velléité de comédie sociale et c'est l'âme à poil qu'on entre dans sa cellule et qu'on en sort quotidiennement. Ainsi j'ai vu des soi-disant durs et costauds, tatoués et tout le bling-bling, s'effondrer en chiffes molles, et des malingres sans posture à grosses lunettes de myope cerclées d'écaille terroriser jusqu'à la direction. (p. 43)
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[un ancien notaire incarcéré pour le meurtre de sa femme]
- (...) je n'ai plus de cabinet, plus rien, même les gosses se sont barrés, à cause de cette salope.
Faut dire, il l'avait canée alors qu'elle rentrait au petit matin de chez son amant. Il l'attendait derrière la porte. Pan et pan et pan à terre, trois coups de feu, ce qui lui valut assassinat et non homicide volontaire, malgré ses dénégations.
- Elle croyait que j'étais pas là, cette salope...
- N'empêche, cher maître, z'avez tout foutu en l'air pour une salope, comme vous dites.
- M'en fous, m'en fous ! Je la tuerais encore, cette salope, je la tuerais !
- Mais tu l'aimais ou quoi?
- Non, je l'aimais pas. Mais j'aime pas qu'on me fasse cocu, c'est tout.
(p. 49)
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[prison]
J'y pense parfois à ces tordus, ces sous-merdes, qui se prennent pour des justiciers en prison, qui harcèlent le "pointeur" [= pédophile], comme ils disent. Même dans le trou, quand on est soi-même écrasé, il faut trouver quelqu'un à écraser, ça doit bien donner l'impression qu'on n'est pas le dernier, qu'il y a un plus pourri que soi, un qu'on est en droit d'achever puisqu'on serait moins pourri, etc.
(p. 13)
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(...) si l'on me parle de la prison (où j'ai été enfermé toutes ces années) je dirai que j'ai tout oublié sauf que c'est un lieu de perdition. (p. 151)
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