Avant toute chose, laissez-moi vous dire que
Benjamin Lacombe et les éditions Albin Michel sont fous. Offrir ainsi une fresque de 10 mètres de long en guise d'album, c'est de la folie. Vous rendez vous compte? 10 mètres! Je n'ai pas de pièce assez grande chez moi pour pouvoir déplier la fresque dans son intégralité, si bien que j'ai du louer une salle des fêtes pour pouvoir lire
Madame Butterfly!
J'exagère.
Je vous rassure tout de suite, il n'est nul besoin de louer une salle des fêtes pour pouvoir lire un tel ouvrage. Il peut se lire dans un fauteuil, au lit ou ailleurs, sans pour autant qu'il nous encombre. Tout est bien réfléchi afin de ne pas effrayer les lecteurs et lectrices que nous sommes. Mais, si l'envie vous prend de vouloir admirer la fresque dans son intégralité, alors vaut mieux trouver un endroit suffisamment grand.
Tous les amoureux et toutes les amoureuses de la culture japonaise se doivent de connaître
Madame Butterfly, qui a connu un bon nombre d'adaptations. Retenons simplement celle de
Giacomo Puccini, de 1904. L'opéra, quoique n'ayant pas été reconnu comme admirable lors de sa création (c'est-à-dire la première fois qu'il a été joué en public), n'en est pas moins un classique qu'il faut connaître. Même si vous n'aimez pas l'opéra, je vous conseille d'écouter quelques fragments de cette oeuvre. Personnellement, bien qu'adorant la musique classique, je reste assez réfractaire à l'opéra, bien que j'aime le Freischütz de Weber entre autres pièces!
Benjamin Lacombe aime l'opéra, et il a eu l'idée d'adapter l'un de ceux de Puccini. L'argument en est simple: une histoire d'amour impossible entre un lieutenant de la Navy, Pinkerton, et une jeune geisha de 15 ans, Cio-Cio San. Pinkerton participe à une tradition colonialiste lorsqu'il arrive au Japon: épouser une femme. Il tombe sur
Madame Butterfly qui, en sa qualité de geisha, ne peut se marier: elle est une femme de désir, et si elle se marie elle jettera le déshonneur sur sa famille, comme l'en menace son oncle, un bonze selon Pinkerton. Pourtant, la jeune fille tombe éperdument amoureuse du lieutenant américain. Ce dernier doit repartir en Amérique et se marie avec Kate, une féministe dont il est tombé amoureux au premier regard. Il a pourtant promis à Butterfly qu'il reviendrait la voir le plus tôt possible. Promesse trahie. Lorsqu'il revient au Japon, c'est avec sa femme, Kate. Butterfly, toujours amoureuse comme au premier jour, se sent trahie, rejetée et pour laver le déshonneur qui souille sa famille, se suicide.
On ne peut pas vraiment dire que
Madame Butterfly soit l'opéra le plus joyeux jamais écrit dans toute l'Histoire de la musique. Ces opéras assez funestes, dramatiques sinon tragiques sont légions, et il faut croire que nous, pauvres mortels, aimons nous extasier sur le malheur d'autrui. Ca doit nous rendre plus vivants. C'est horrible ce que je dis, du coup je vais m'arrêter là. Toujours est-il que l'adaptation que fait
Benjamin Lacombe est belle, merveilleusement servie par les illustrations. Ces dernières captivent le lecteur que je suis par la beauté qu'elles contiennent, que ce soit les paysages ou même Butterfly. Il y a une sorte de douce mélancolie qui semble émaner de ces tableaux, quelque chose d'assez surréaliste dans le choix des couleurs, des mises en scène, des physiques des personnages. Cela dit, la dernière illustration est réellement macabre. L'histoire en elle-même est découpée de la même façon que l'opéra, c'est-à-dire trois actes précédés d'un prologue. le choix de
Benjamin Lacombe pour cette histoire est bien trouvé: l'intrigue est pleine de symboles, symboles qui apparaissent dans les illustrations. Il y aurait des milliers de choses à dire sur cette seule histoire, mais ce serait dépasser largement le cadre du travail de l'auteur.
C'est un premier contact avec
Benjamin Lacombe. Je suis fasciné par son travail, aussi vais-je me procurer très rapidement quelques autres albums!
Lien :
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