Une adolescence du siècle. Jacques Rivière et la nrf

Jacques Rivière a une personnalité à mon goût peu attachante, et les dilemmes qui l'ont poursuivi toutes sa vie : croire ou ne pas croire en dieu ; en amour, consommer ou ne pas consommer, me paraissent d'un autre âge et pas si essentiels.
Ce livre vaut essentiellement pour la galaxie des génies qui gravitent autour de JR et par la relation détaillée de la création de la NRF, puis de sa re création en 1919.
De ce qu'a été la NRF d'abord, puis le comptoir d'édition de la NRF, ce qu'ils ont représenté dans le domaine des arts et de la littérature, la référence que la maison Gallimard continue d'être, particulièrement sa collection Blanche.
Certes JR a joué un rôle important, voire déterminant dans cette histoire ; mais l'esprit de la NRF : liberté vis à vis des différents courants idéologiques, (ce qui ne signifie pas neutralité), curiosité envers les nouveaux talents, ouverture aux autres arts, ouverture aux autres cultures, même à celle de l'ennemi d'hier, animaient aussi les autres compères de la revue, à commencer par André Gide, son père fondateur.
On regrettera que la question des relations morale/littérature ne soit pas plus approfondie, et que le livre, qui aurait pu se terminer sur cette grande question-là, se termine sur la question de la foi de Jacques Rivière.
Mais c'est aussi peut-être dû à ce que ce beau livre de Jean Lacouture commence lui aussi à dater.

Jacques Rivière (né le 15 juillet 1886 à Bordeaux - mort le 14 février 1925 à Paris) était un homme de lettres français, directeur de la Nouvelle Revue française de 1919 jusqu'à sa mort, et ami d'Alain-Fournier, avec qui il échangea une abondante correspondance avant de devenir son beau-frère. Collaborateur à L'Occident, il devient secrétaire de rédaction de la Nouvelle Revue française (NRF) en 1911. Il entreprend alors la rédaction de critiques littéraires, qu'il rassemble et publie sous le titre d'Études, où il révèle un excellent sens de la psychologie. À partir de 1912, il seconde Jacques Copeau à la direction de la revue. La parution de la revue ayant été interrompue pendant la guerre c'est sous la direction de Jacques Rivière qu'elle reparaît le 1er juin 1919. Il y déploie de remarquables qualités en publiant Marcel Proust, François Mauriac, Paul Valéry, Saint-John Perse, Jean Giraudoux, Jules Romains, Louis Aragon. On a souvent dit que Jacques Rivière avait négligé sa propre carrière d'écrivain, au bénéfice de l'oeuvre de ses amis. ISon abondante correspondance a été publiée.