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Critique de Onesimos


J'ai acheté et lu ce livre après avoir lu quelques interviews de l'auteur. J'ai été séduit par son approche, par sa critique de ce qu'il appelle le freudporn, enfin dans l'espoir de trouver une réflexion philosophique de qualité sur la sexualité.

D'un point de vue formel, c'est un livre de philo bien troussé, efficace d'un point de vue rhétorique, avec quelques petites références de-ci de-là. Rien à dire, ça fait le job. C'est plutôt le fond qui pêche.

Le début du livre s'est avéré conforme à mes attentes, mais bien vite, j'ai eu comme l'impression que quelque chose clochait. En fait, plus on avance dans le livre, plus on s'aperçoit que la posture de l'auteur n'est qu'une façade, qui masque une vision de la sexualité malheureusement terriblement conforme avec ce qu'il entend critiquer, et à mille lieues de ses discours d'introduction sur la beauté de la sexualité, sur la nécessité de la déconnecter de la performance, etc.

La fin du livre, surtout, est accablante : AL entend par exemple déconnecter la sexualité de l'impératif de l'orgasme. Les deux chapitres qu'il consacre à la question montrent cependant qu'il entend par là l'orgasme de la femme. Pour lui, en revanche, il n'est pas question de se priver du sien. le livre, qui suit en quelque sorte le déroulé d'une relation, monte en fait en crescendo vers le chapitre 28, puis s'achève sur le repos. Montée, apex, retombée : c'est précisément le déroulement standard qu'il reproche au freudporn.

Pour le reste, la vision de la sexualité proposée est terriblement pauvre, machiste, et même trash par moments. Là aussi, du freudporn à l'état pur. Petit florilège : on ne parle pas pendant l'amour. Pas besoin de kama-sutra, on peut se limiter à la triade pénétration-fellation-sodomie. Madame n'est pas obligée d'avoir un orgasme, elle peut simuler si elle veut, ce n'est pas philosophiquement défendu apparemment. En revanche elle peut pleurer à la fin. Enfin, AL, incapable de s'extraire de la notion de domination dans l'amour, concède qu'on peut alterner le rôle dominant. Grand féminisme ! J'aurais plutôt eu tendance à remettre en question cette notion de domination mais bon. L'ensemble se revendique comme un point de vue, celui de l'auteur, donc un homme hétérosexuel. Moi aussi, ça tombe bien, mais cela n'interdit pas, me semble-t-il, de prendre en compte le point de vue de l'autre, et de proposer autre chose que la soupe viriliste ambiente.

Je schématise à grands traits les séquences qui m'ont gêné (en fait toute l'armature du livre, la posture générale). Pour le reste il y a d'assez bons passages, mais l'ensemble est cantonné à une défense et illustration de la sexualité ordinaire selon les standards d'aujourd'hui, c'est-à-dire le freudporn.

AL plaide pour refaire de la sexualité un moment esthétique, comme une ballade en forêt dit-il. Soit, mais le reste ne suit pas. J'invite ceux qui auraient des doutes à lire le chapitre 28, juste pour voir la tonalité d'une ballade en forêt selon AL...
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